Voilà sensiblement une vingtaine d’années que toute la société sans exception, ne cesse de critiquer notre bonne et vieille mère l’école. Pour raison, cette pauvre mère a reçu tous les noms qui n’augurent point de jours meilleurs. Pourquoi donc un tel acharnement sur cette mère qui a tant donné à tous ses enfants sans leur demander une quelconque restitution en désirant seulement passer par une simple reconnaissance.
Durant ces lustres et pendant que tous les ministres qui se sont succédé au ministère et qui ont tous plus ou moins affirmé apporter avec eux l’antidote qui guérira la maladie qui a contaminé notre vieille et gentille mère : l’école algérienne. Nous ne voyons venir aucun allègement de la maladie ni aucune diminution sûre de la fièvre qui ne cesse d’amplifier de jour en jour et d’année en année.
Toute la société, depuis les plus démunis jusqu’aux gens les plus connaisseurs, n’ont pas fini de lancer des anathèmes sur cette école qui est devenue la risée de tous les membres de la société, mais aucun n’a tenté de proposer le remède qu’il faut pour lui permet- tre de se remettre sur pied et pouvoir assurer les fonctions qui sont les siennes. Nous tentons ici d’apporter les médicaments qu’il faudra.
En effet, il nous semble que le mal est multiple et profond ; nous ne pouvons le ranger qu’au niveau de certaines catégories qui sont dans l’ensemble au nombre de quatre :
La formation des enseignants
Il est vrai que l’université nous livre des licenciés, mais ces derniers ont un savoir linguistique uniquement, qui ne peut être transmis ou communiqué d’une manière facile et intelligible, car il lui manque l’assaisonnement nécessaire à sa transmission : la pédagogie. Ce domaine, la pédagogie, n’est assuré au niveau de l’université que comme module, au cours de la dernière annéede formation. Il ne peut offrir à son possesseur les moyens dont il a besoin pour assurer au savoir linguistique une transmission adéquate.
Pendant très longtemps, les inspecteurs ont assuré, en parallèle, une formation didactique pratique pour faire la classe. Mais, de nos jours, ce travail d’appoint assuré par messieurs les inspecteurs semble ne plus porter ses fruits. Nous pensons qu’un long travail devrait être effectué en ce domaine par les institutions, qu’elles soient universitaires ou pédagogiques, pour permettre aux enseignants d’assurer du mieux qu’ils peuvent leur fonction de transmetteurs de savoir. Il nous semble que tous les enseignants sortant des universités doivent être soumis à une formation d’au moins une année de théorie et de pratique pour enfin être remis devant les élèves. Que cette formation soit assurée par des formateurs de haut niveau : ce n’est pas parce qu’on est chercheurs que nous pouvons être considérés comme formateurs de haut niveau car la pratique de tous les jours est souvent donnée par des gens qui sont beaucoup plus répétiteurs que chercheurs.
Pour que l’enseignant puisse participer d’une manière élogieuse, il doit tout d’abord remplir sa fonction d’enseignant en créant des séquences d’enseignement/apprentissage qui respectent l’appropriation des curricula que la société a mis à sa disposition et qu’il ne doit pas créer d’autres types de séquences qu’il aura pensé être les meilleures pour l’enfant.
En un mot, il ne doit pas initier des séquences qui ne prennent pas en charge le curriculum du ministère, car seule la société tout entière est responsable du devenir de l’Algérien. Toutefois, l’enseignant ne représente pas la société, il en est partie prenante. C’est un membre de cette société. Donc, il ne lui appartient pas de dicter des lois qui risquent de devenir des lois scélérates. Évitons de demander aux enseignants de se faire le porte-parole des parents ou des enfants. Seule une commission formée de spécialistes pourra proposer au gouvernement des curricula, ou programmes scolaires. C’est pourquoi, nous voulons qu’une formation assez solide soit donnée à ces enseignants.
Le curriculum ou le programme de formation
Les curricula ou les programmes ont toujours été fabriqués par des gens non spécialistes tels que les enseignants et les inspecteurs. Or les curricula devraient être pensés par des spécialistes tels que les sociologues, psychologues, anthropologues, linguistes de tous bords etc.. Les enseignants et les inspecteurs ne peuvent intervenir que dans un cadre de faisabilité : ils doivent certifier l’acceptabilité par les apprenants si ces curricula sont assimilables ou non.
Leur intervention est, certes, nécessaire mais pas toujours commode. Par contre, les spécialistes peuvent concevoir des programmes allant avec les âges et la perception de chaque enfant, ceci ne pouvant relever du travail de l’enseignant quoique étant présent vingt-quatre heures avec les enfants. En outre, le spécialiste, c’est quelqu’un qui saura juger de la recevabilité cérébrale des sciences selon l’âge de l’enfant.
Par contre, l’enseignant est, certes, spécialiste d’un domaine qui n’est autre que la pédagogie : le comment dire l’événement à l’enfant pour que celui-ci l’appréhende facilement. Nous savons qu’à l’heure actuelle, tout savoir doit passer par la reconnaissance de soi et de l’autre. Ceci devrait être contenu dans les savoirs à inculquer aux apprenants. Nos enfants doivent s’initier à la valeur de l’autre en tant qu’individu pour pouvoir vivre en adéquation dans sa société et avec le reste du monde, car il n’est pas dans cette société.
Ce sont les programmes qui doivent prendre en charge ce travail ô ombien long et harassant. Ce qui fait de son choix une spécialité qui ne peut être conçue que par des spécialistes cités plus haut et pourquoi pas par une structure mondiale puisque nous sommes au siècle de la mondialisation. Les enseignants quant à eux doivent être choisis en fonction de certains critères qui les poussent à rendre opératoires ces curricula. La société leur est redevable d’un respect quintessencié et honoré par les seuls critères du mérite et de la compétence.
Mais on leur demande de s’acquitter de leur besogne avec un maximum d’abnégation et de conscience. Comme il est souhaité que ces mêmes enseignants soient à la hauteur du partage de la culture collective sociale et qu’ils ne soient point égoïstes pour inculquer à ces apprenants une culture qu’ils jugent être celle qui leur conviendrait. Autrement dit, l’enseignant ne devrait être que celui qui exécute une tâche qui lui a été demandée par une société qui est la sienne.
Les enseignants ne devraient point remplacer les parents, encore moins le ministère de l’Education
Les parents doivent veiller à ce que font leurs enfants à l’école : qu’ils ne deviennent pas des jouets entre les mains de certains enseignants. Les parents doivent effectuer des visites régulières à l’école et s’entretenir avec les enseignants sur le travail effectué par l’enfant. Ils doivent aussi interroger leurs enfants à la maison et surtout regarder leurs écrits et pourquoi pas leurs oraux. Par une telle activité, les parents peuvent donc contribuer par leur présence, par leurs critiques et pourquoi pas par leur bénévolat.
Dans d’autres pays, les parents participent par le bénévolat : assurer un service de gardiennage pour les petits, assurer un bénévolat selon les possibilités de chaque parent : organiser une partie de football, une séquence de couture pour les filles etc..
Les parents doivent être mêlés aux activités là où ils sont connaisseurs, et en même temps ils ont un droit de regard sur l’école où ils sont partie prenante. Ainsi, l’école sera le point de mire de tous les partenaires : ministère de l’Education, parents d’élèves, enseignants etc. Ce n’est qu’alors que nous pourrons certifier que l’école est bien gardée, et personne ne pourra accuser l’autre, parce que nous serons tous responsables. Nous espérons alors que chacun de nous fera l’effort de mieux surveiller ce qui se passe à l’école.
C’est à partir de ce moment là que nous cesserons de nous accuser mutuellement et de lancer, en direction de notre vieille mère l’école des anathèmes qui ne la glorifient pas, et que cette dernière n’en portera que mieux. Les parents d’élèves seront pleinement associés à la gestion de l’école et finiront par ne plus l’attaquer comme ils l’ont fait de tout temps.
La refondation de l’école de la République
En supprimant la formation donnée par les ITE et comptant uniquement sur la formation modulaire que l’université, le ministère de l’Education a mis l’école algérienne en grande difficulté, notamment les jeunes enseignants fraîchement sortis de l’université et a hypothéqué le devenir scolaire de milliers d’élèves. Cet état de fait est inacceptable. Le métier d’enseignant ne peut être le seul métier qui s’exerce sans être appris. Il faudrait peut-être trouver une astuce pour que les universitaires embauchés et qui ne soient pas de l’Ecole normale supérieure puissent se former au domaine pédagogique dans cette même école, car l’apport fourni par l’inspection, quoique nécessaire, reste souvent insuffisant pour les nouveaux pour une bonne prise en main de la classe.
C’est avec la refondation de l’école de la République que tous les problèmes de notre sage école vont être solutionnés pour amener l’ensemble des partenaires à l’ovation et à son acceptation. Avec la refondation de l’école de la République, nous sommes certains que tous les partenaires s’entendront pour ajouter un plus à cette école et finiront par la protéger contre tous les maux qui ne cessent de la laminer de tous les côtés. C’est à la République de prendre en charge la formation des enseignants, la création de curricula convenables et durables pour qu’enfin, les parents puissent être pleinement associés. L’école retrouvera sa gloire et sa compétitivité avec le reste des autres écoles du monde.
L. K.