La protestation dans la Fonction publique est au rendez-vous et des travailleurs déclarent ne plus avoir confiance en la centrale syndicale, pensant même à créer des syndicats autonomes ou des collectifs de revendications.
A nouveau, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), partenaire du gouvernement dans le cadre de la tripartite, est confrontée aux mouvements de protestation dans des secteurs qu’il pensait maîtriser puisque c’est le seul syndicat existant dans ces domaines d’activités après que les secteurs de l’Education et la Santé aient échappé à son contrôle à cause de la montée des syndicats autonomes.
Dans ce cadre, le secteur des douanes est en ébullition depuis dimanche dernier. A ce titre, quinze cadres des douanes ont entamé une grève de la faim devant le siège de la maison du peuple à Alger pour dénoncer ce qu’ils ont qualifié «de dépassements, d’abus de pouvoir».
Il est à souligner qu’une partie de ces douaniers, sont des membres du Conseil de Coordination syndicale (CCS). Selon leurs dires «onze d’entre eux ont fait l’objet, le 10 novembre dernier, d’une décision de suspension de toute activité syndicale de la part du secrétaire général de la Fédération nationale des douanes (FND), mis en cause pour son implication dans plusieurs affaires. D’autre part, ces syndicalistes reviennent à un problème organisationnel au sein de ce syndicat affilié à l’UGTA après que
«onze membres de la commission exécutive du syndicat aient demandé la tenue d’une réunion autour du statut particulier et du régime indemnitaire des fonctionnaires promulgué mais la direction générale et le syndicat refusent d’autoriser cette réunion». Face à cette situation, le patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd ne s’est toujours pas prononcé, et pourtant, il a été destinataire depuis mars 2011 de «quatorze correspondances».
De leur côté, les corps communs et ouvriers professionnels du secteur de l’Education à Béjaïa, affiliés à l’Ugta, ont entamé, le 13 novembre, une grève d’une semaine. Ils reviennent à la charge et fustigent la FNTE et la Centrale syndicale et comptent poursuivre leur mouvement de protestation jusqu’à la satisfaction de leur plate-forme de revendications. Dans un contexte où la protestation dans la Fonction publique est au rendez-vous et des travailleurs déclarant ne plus avoir confiance en la centrale syndicale, pensent même à créer des syndicats autonomes, ou des collectifs. Sidi Saïd qui a échoué lors de la dernière tripartite, notamment pour le règlement du dossier des retraites, ne semble pas en avoir fini avec les échecs. Il est à noter que pour la question de l’augmentation de la pension des retraités, un groupe de travail a été installé depuis le mois dernier et doit trouver des ressources de financement sans toucher au budget de l’Etat, ce qui n’est pas facile.
Au niveau de Sonatrach, le patron de l’UGTA s’est précipité la semaine dernière pour installer le syndicat de cette entreprise qui n’est pas à l’abri de la protestation ; d’ailleurs, la grève déclenchée par les travailleurs de Hassi R’mel, il y a deux mois de cela, en témoigne. Dans une précédente réunion de coordination entre le secrétariat national de l’UGTA et les fédérations nationales, tenue à la Centrale syndicale, le SG de l’UGTA, Sidi Saïd est revenu longuement sur le secteur de la Fonction publique qui est en ébullition, en déclarant que l’Ugta «n’a jamais failli à sa responsabilité dans ce secteur». Par ailleurs, la direction actuelle de l’UGTA est confrontée à un mouvement de redressement mené par un groupe d’anciens cadres de la centrale syndicale. Selon les chiffres de Sidi Saïd, la représentativité de la centrale syndicale par des chif-fres est de 1 779 000 adhérents, et 1 740 000 en 2010. Un chiffre qui est probablement appelé à diminuer avec le fossé qui se creuse entre l’UGTA et les travailleurs.
Par Nacera Chenafi