L’ascension fulgurante de l’international algérien, Riyad Mahrez, a été couronnée dimanche du trophée de meilleur joueur de la Premier League anglaise de football, une distinction que personne n’imaginait il y a de cela moins d’une année, lorsque le joueur luttait avec son équipe Leicester City pour le maintien parmi l’élite une saison seulement après leur accession dans la cour des grands.
C’est une histoire presque trop belle pour être vraie, estiment les observateurs, celle d’un garçon de 25 ans qui, en une saison, a prouvé qu’il avait l’étoffe des grands. Au point d’être sacré meilleur joueur de l’année en Premier League comme l’ont été avant lui Cristiano Ronaldo (2007/2008), Steven Gerrard (2006) ou encore Eric Cantona (1994).
Mahrez est aussi le premier joueur africain à s’offrir ce trophée, réussissant là où plusieurs stars du continent noir avaient échoué, à l’image des Ivoiriens Didier Drogba et Yaya Touré.
L’ailier algérien est aussi le deuxième joueur non européen à s’adjuger cette distinction après l’Uruguayen, Luis Suarez (actuellement au FC Barcelone), qui avait remporté le même trophée lors de la saison 2013-2014 sous les couleurs de Liverpool.
Quelques heures avant de se rendre à Londres à bord de l’hélicoptère personnel du propriétaire des »Foxes », Mahrez a mené son équipe vers un nouveau succès qui le rapproche davantage d’un titre de champion historique. Leicester a étrillé Swansea (4-0), un festival auquel a participé l’Algérien avec un but, le 17e dans son escarcelle cette saison (il compte également 11 offrandes).
Parcours semé d’embûches
Le joueur originaire de Sarcelles, en région parisienne, a pourtant connu un parcours semé d’embûches. Quand certains joueurs de sa génération ont eu la chance de côtoyer les plus grands clubs d’Europe dès leur plus jeune âge, le milieu offensif a été contraint de faire ses gammes dans les divisions inférieures en raison d’un physique jugé « trop frêle » malgré une technique hors du commun et un toucher de balle soyeux.
Cantonné à la CFA de Quimper en 2009, Mahrez continuera de ronger son frein avant de découvrir le monde des pros en 2011, sous le maillot du Havre.
Avec le HAC, les statistiques du joueur ne sont pas encore ébouriffantes (2 buts, 4 passes décisives en L2), mais elles lui permettent de taper dans l’oeil des formations anglaises et de poursuivre sa progression à Leicester, alors en seconde division, à l’hiver 2014.
Le choix peut étonner au vu de la dureté d’un tel championnat. Et les premières semaines confirment justement cette tendance. Mahrez est abonné au banc, débute très rarement les rencontres des « Foxes » avant, finalement, d’apporter sa contribution au titre de champion remporté par Leicester en fin de saison, ce qui lui vaudra d’être repéré par Vahid Halilhodzic, sélectionneur de l’Algérie (2011-2014), en mars 2014, trois mois avant la Coupe du monde au Brésil et une première sélection face à l’Arménie le 31 mai.
« J’ai commencé à regarder 2-3 matchs à cette époque et j’ai vu un joueur très bon techniquement, physiquement, malgré son petit gabarit, expliquait dernièrement l’actuel sélectionneur du Japon à »Metro news ». Au moment où j’ai dû faire la liste pour la Coupe du monde, il n’avait jamais été sélectionné. Pendant deux jours, j’ai regardé tous les matchs où il avait été titulaire et j’ai pris la décision de l’emmener au Brésil. J’avais pris contact avec lui, il était vraiment ravi ».
Et d’ajouter : « Beaucoup de personnes n’étaient pas du tout d’accord avec mon choix, j’ai supporté beaucoup d’insultes et de critiques. C’était une décision courageuse pour l’équipe car il jouait assez peu mais aujourd’hui je me rends compte que j’avais fait un bon choix. »
La tête sur les épaules
Et cette ascension de Mahrez, Halilhodzic l’attribue à l’aventure mondialiste du joueur. L’ancien coach du Paris SG (France) considère cette Coupe du monde de 2014 comme le véritable catalyseur de la carrière de son ancien joueur à la patte gauche de velours qu’il a appris à connaître avec plaisir au fur et à mesure de la compétition.
« Quand on joue la Coupe du monde, tout le monde parle de toi. Un bon match en Coupe du monde équivaut à 50 bons matchs dans un championnat. Je me souviens qu’il était arrivé au rassemblent dix jours avant tout le monde car le championnat d’Angleterre se terminait plus tôt.
J’ai découvert un gars sympathique qui aimait bien déconner, rigoler. A ce moment-là, j’ai beaucoup travaillé individuellement avec lui, c’était un personnage très enthousiaste », raconte « coach Vahid ».
Et même s’il a réussi à gravir rapidement les échelons, Mahrez ne s’enflamme guère. Il reste humble et reconnaissant.
Le joueur de Leicester a aussitôt dédié son prix à son équipe. « Tout le crédit est pour eux ainsi qu’à mon entraîneur et au staff. Sans eux, je ne recevrais pas ce prix et je n’aurais pas marqué. C’est ça l’esprit d’équipe et je veux leur dédier » cette distinction, a déclaré Mahrez après la réception de son trophée.