Les analystes estiment que la finance islamique devrait atteindre une valeur de 3000 milliards de dollars dans le courant de la prochaine décennie.
La Société islamique pour le développement du secteur privé (SID) estime que la finance islamique est en mesure de mobiliser les ressources financières permettant d’apporter au continent africain une croissance durable. En effet, alors que les déficits budgétaires ne cessent de croître, la région a besoin de 93 milliards de dollars pour financer son développement. L’Afrique subsaharienne compte 17% des personnes non bancarisées de la planète, le développement de la microfinance islamique pourrait offrir la possibilité d’encourager l’inclusion financière. Selon Azzedine Ghlamallah, fondateur et directeur du cabinet de conseil Saafi, avec l’usage de la finance islamique, les États africains souhaitent sortir de la spirale de la dette et opter pour une finance plus équitable leur assurant un développement durable. L’aide publique au développement fournie par les pays industriels du Nord aux 122 pays du Tiers-Monde s’est élevée à 88 milliards de dollars en 2012. Durant la même année, ces derniers ont transféré aux banques du Nord une somme supérieure au service de la dette. Selon la presse spécialisée, dont Econostrum, c’est dans le but d’éviter ces effets pervers et d’assurer un développement économique et social vertueux dans les 56 États membres de l’Organisation de la conférence islamique que la Banque islamique de développement (BID) joue un rôle moteur sur le continent africain. La BID souhaite consacrer au financement d’infrastructures 7 milliards de dollars dans les cinq prochaines années en Afrique, ce qui représente près d’un tiers de son budget. Cet engagement s’est matérialisé par la signature d’un accord avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) qui a identifié dans son plan stratégique 2014-2021 le développement de la finance islamique comme étant un axe prioritaire. Même le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, souligne que «la finance islamique est une opportunité pour les pays africains qui éprouvent des besoins de financement de leurs économies en marche vers l’émergence». Le 20 novembre dernier, la Côte d’Ivoire émettait son premier «sak» souverain. L’opération a porté sur la collecte de près de 230 millions d’euros (150 milliards de Fcfa), il s’agit d’une première tranche puisque la Côte d’Ivoire a l’intention de lever à nouveau la même somme par voie de «sukuk» d’ici à 2020. Après le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire; le Nigeria, le Niger et la Tunisie comptent en faire autant. A noter qu’en Tunisie, une nouvelle banque islamique est prête à voir le jour: El Wifack Leasing a obtenu un accord de la Banque centrale pour devenir une banque islamique à part entière, dotée d’un capital de 150 millions de dinars tunisiens, la Wifack Islamic Bank (WIB) deviendra après El Baraka et Zitouna la 3e banque islamique tunisienne. En Ouganda, le Parlement a approuvé le projet de réforme de ses institutions financières et donné son accord pour l’introduction des services bancaires islamiques, un Conseil consultatif de la Charia sera créé au sein de la Banque centrale. Toujours, selon la presse spécialisée, en Indonésie, première économie d’Asie du Sud-Est et pays musulman le plus peuplé au monde, le régulateur a pris des dispositions afin de développer le secteur financier islamique qui représente actuellement moins de 5% des actifs bancaires indonésiens. Lorsque l’on sait que ces actifs avoisinent 50% en Arabie saoudite et 25% en Malaisie, il est aisé d’entrevoir la réserve de croissance considérable du secteur financier indonésien. Parmi les dispositions retenues, on notera la fusion de quatre filiales islamiques de banques conventionnelles (fenêtres islamiques) appartenant à l’ État en vue de créer une seule banque publique islamique ayant une taille lui permettant d’être plus compétitive face à ses concurrentes conventionnelles.