Le Front national ne recule devant rien pour récolter le maximum de voix lors des différentes élections.
Même s’ils attribuent à l’émigration tous les maux de la France, ses responsables ne se gênent pas pour aller recruter des électeurs, voire des militants, parmi les populations d’origine étrangère. «Nous sommes un parti réaliste et pragmatique», affirmait Marine Le Pen dans l’une de ses interventions à la télévision. Pour elle comme pour ses collègues, tous les moyens sont bons pour arriver au pouvoir.
Ainsi, l’actuelle présidente du FN ne s’est pas gênée pour mettre la photo d’une jeune beurette sur une affiche électorale de 2007 pour illustrer le thème de l’immigration. L’initiative n’a pas été du goût de l’aile catholique traditionaliste du parti qui l’a jugée «trop progressiste» et «susceptible de choquer une partie de l’électorat frontiste».
Mais qu’à cela ne tienne, la fille de Le Pen a continué à mettre en place sa stratégie de séduction de l’électorat d’origine étrangère. En septembre 2012, elle a ainsi nommé une Algérienne d’origine à la tête de son cabinet. Il s’agit de Charlotte Soula, née en 1969 en Algérie.
Mais pour arriver à ce poste, cette diplômée en histoire a dû se reconvertir au catholicisme en 2006 et se séparer de son prénom d’origine, Tamou en l’occurrence, pour celui de Charlotte. Plus récemment encore, Sofiane Ghoubali, un aide-soignant d’origine algérienne de 29 ans, a été investi pour conduire la liste du rassemblement Bleu Marine, une association des compagnons de route du FN, à Annonay, dans le département de l’Ardèche, à l’occasion des élections municipales qui auront lieu en mars 2014.
Ceux qui connaissent Annonay, un bastion de la gauche, ont tout de suite compris le manège : ayant la certitude de perdre cette joute, le parti frontiste a pensé à présenter un candidat d’origine maghrébine histoire de prouver qu’il ne cultive pas le racisme et la discrimination. Un objectif qu’il a toujours essayé d’atteindre à travers l’investiture de personnalités d’origine maghrébine.
En 1957 déjà, Jean-Marie Le Pen, alors à la tête du Front national des combattants, présentait, pour la première fois en France, un candidat de confession musulmane à la députation de Paris. Il s’agit d’Ahmed Djebour, né le 24 juillet 1931 à Ténès, dans l’actuelle wilaya de Chlef, et qui a été élu député de la circonscription d’Alger de l’Algérie française de 1958 à 1962, dans le groupe Unité de la République.
Sa fille Soraya l’imitera en 1986 en devenant la première femme musulmane élue au Conseil régional d’Ile-de-France sous l’étiquette FN. Tout cela finira par faire dire à Jean-Marie Le Pen qu’il est loin d’être raciste : «Les gens ont oublié que j’étais le premier homme politique français à présenter la candidature d’un Arabe à la députation à Paris en 1957 et à faire élire une musulmane en 1986 à la région Ile-de-France».