Fin du suspense à Sonatrach, mais pas du feuilleton. Une nouvelle direction a été installée et Feghouli, l’intérimaire, n’a pas été reconduit dans le nouveau staff.
C’est probablement là un indice des changements qui pourraient intervenir dans le système Khelil au sein de la compagnie des hydrocarbures.
Un système, faut-il le relever, qui s’est retrouvé fortement ébranlé depuis l’arrestation du P-DG, Mohamed Meziane, qui était à proximité de la tête de la pyramide autour de laquelle gravitent toutes les responsabilités à la faveur d’une nouvelle réglementation, introduite en 2008, qui réorienta la décision dans le groupe pétrolier vers Khelil devenu président de son conseil d’administration.
Ainsi donc, tous les cadres ayant fait ou faisant l’objet d’une enquête judiciaire font partie de ce système pyramidal où l’on trouve Khelil au sommet.
Paradoxalement, aucune des candidatures potentielles à la succession de Mohamed Meziane n’a été retenue malgré les rumeurs persistantes.
Finalement, c’est le discret pour ne pas dire l’inconnu du grand public, Noureddine Cherouati qui hérite du poste ; une nomination qui pourrait signifier une remise en cause du système actuel et des changements en perspective. Cela d’autant plus que le nouveau P-DG n’est pas parmi les plus proches de Chakib Khelil.
Aura-t-il pour ainsi dire comme mission prioritaire, au-delà de calmer les secousses de la tempête qui secoue Sonatrach, la “dékhelilisation” du groupe pétrolier ?
Le ministre qui avait, en plus de son poids politique, sous sa main le contrôle de la compagnie, pourrait par conséquent perdre ses prérogatives et Sonatrach retourner dans l’ancien système et retomber sous la coupe du premier ministre.
Une éventualité qui va sans aucun doute affaiblir Chakib Khelil autant que les cadres qui font partie de sa pyramide, de son système aujourd’hui, pris dans la spirale des pratiques à l’origine des enquêtes des services de sécurité.
Cela en plus de l’image de Sonatrach écornée par ce scandale dont les effets se situent bien au-delà de l’aspect financier et politique ; l’aspect organique du groupe en est sérieusement affecté et les cadres gravitant autour du ministre devraient se retrouver dans une position d’inéligibilité dans les responsabilités que déterminera le probable changement qu’apportera M. Cherouati.
Pour autant, faut-il que la nomination de la nouvelle direction soit définitive et avec en main “une carte blanche” pour une sorte de “débaptisation” pour remettre de l’ordre dans la boîte avec en sus un transfert du contrôle hors et loin des murs du bâtiment du Val d’Hydra.
Ce qui suppose l’annulation du texte réglementaire de 2008 et son remplacement par un autre.
Le nouveau locataire du Djenane El-Malik est d’ailleurs crédité d’une proximité avec le premier ministre, ce qui donne plus de validité à l’hypothèse du changement de vision dans la gestion de Sonatrach avec l’abandon de la stratégie Khelil dont le système pyramidal est touché à partir de son sommet par la “marée noire” qui risque de s’étaler à tout son environnement.
La question qui se posera est celle de savoir la marge de manœuvre de la nouvelle équipe et ses capacités à contenir cette marée afin d’éviter d’autres effets.
Djilali Benyoub