La levée des sanctions liées au programme nucléaire de l’Iran aura une incidence considérable sur le marché mondial du pétrole.
Selon des estimations de la Banque mondiale, le retour complet de l’Iran sur le marché mondial aura pour effet, à terme, d’accroître d’environ un million de barils la production journalière de pétrole, réduisant l’an prochain de 10 dollars le prix du baril, en l’absence d’intervention stratégique des membres de l’Opep et des autres pays producteurs de pétrole.
Dans son bulletin trimestriel d’information économique des services Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), intitulé “Répercussion économique de la levée des sanctions envers l’Iran”, il est indiqué que s’il faudra du temps pour rétablir la production pétrolière en raison du sous-investissement dont souffre le secteur, la majorité des observateurs estiment que les exportations de brut iranien pourront retrouver leur niveau de l’avant-2012 d’ici 8 à 12 mois. La Banque mondiale rappelle que le durcissement des sanctions, en 2012, qui interdisait l’achat et le transport de pétrole brut et de gaz naturel iraniens à destination de l’UE, a profondément touché le secteur pétrolier du pays.
En l’espace d’un an, les exportations iraniennes de pétrole sont tombées de 2,8 millions de barils par jour, en juillet 2011, à moins d’un million de barils par jour, en juillet 2012. “Bien qu’il faudra du temps pour que les exportations pétrolières iraniennes retrouvent leur niveau de l’avant-2012, la réaction immédiate du marché pétrolier pourrait tenir compte des 30 à
40 millions de barils de pétrole brut et de condensat stockés dans le golfe Persique”, écrit la Banque mondiale. L’Iran pourrait immédiatement exporter environ 400 000 à 500 000 barils par jour issus de ces stocks, qui dureraient environ trois mois, et se préparer en quelques mois en vue d’accroître sensiblement ses exportations pétrolières.
Les effets à court terme sur les cours pétroliers resteraient à la baisse, mais moins que ce qui est prévu lorsque les exportations iraniennes retrouveront leur niveau maximum. La Banque mondiale indique que depuis 2014, et grâce à des levées partielles des sanctions, les exportations de pétrole ont légèrement progressé.
Il n’en reste pas moins que les exportations iraniennes n’ont toujours pas retrouvé les niveaux d’avant les sanctions. La Banque mondiale souligne qu’une baisse de 10 dollars du prix du pétrole pourrait peser sur les soldes budgétaires des principaux exportateurs de la région Mena, à hauteur d’environ 5% du PIB en Arabie saoudite et de 10% du PIB en Libye. Cette baisse représente une perte de recettes annuelles d’exportation de 40 milliards de dollars pour l’Arabie saoudite et de 5 milliards de dollars pour la Libye. La Banque mondiale n’a pas indiqué le niveau de la baisse concernant l’Algérie. Mais elle sera certainement très importante.
Dans une étude publiée au début du mois en cours, Mathieu D’Anjou, économiste principal au niveau du groupe financier coopératif Desjardins, estime que les prix du pétrole risquent de demeurer faibles pour plusieurs trimestres. Mathieu D’Anjou, relevant la très forte augmentation de la production saoudienne. “La stratégie très agressive de l’Arabie saoudite n’est certainement pas étrangère au fait que l’Iran, son grand rival régional, tentera à son tour de vendre davantage de pétrole l’an prochain”, a-t-il soutenu. “En prévision du retour du pétrole iranien, l’Arabie saoudite semble vouloir maximiser ses parts de marché, sans se préoccuper de l’effet sur les prix du pétrole”, a-t-il ajouté. Dans ce contexte, prévoit-il, “la production de l’Opep devrait continuer d’augmenter au cours des prochains trimestres pour atteindre environ 33 millions de baril par jour à la fin de 2016. Un tel niveau de production maintiendrait un important surplus sur le marché mondial du pétrole pendant encore plusieurs trimestres”.