La fin des lilliputiens ?

La fin des lilliputiens ?

arton10681-81f22.jpgAvec l’adoption de la fameuse « barre des 4% » par le FLN et ses alliés au parlement, c’est le baiser de la mort pour la quarantaine des petits partis politiques nés dans la foulée du « printemps arabe ». Des partis qui n’ont pas participé aux élections précédentes de 2012 et qui devront se conformer aux nouvelles règles de la loi sur le régime électoral.

Des règles devenues draconiennes, car elles imposent des « pétitions » énormes pour faire valider des candidatures, aussi bien pour les élections législatives que communales : 250 signatures pour un siège à l’APC et 50 pour le siège de député selon la répartition des circonscriptions.

Le FLN a-t-il trahi ses alliés qu’il a rassemblé pourtant dans un Front national dit le « Mur » ? Pourtant, lors des débats dans les coulisses et au sein de la commission, le groupe parlementaire avait promis des amendements plus souples sur cette question, allant jusqu’à annoncer des « arrangements » avec un ou deux partis de l’opposition.

Que s’est-il passé pour que le FLN se rebiffe et déjoue les attentes et les espoirs de ces partis lilliputiens ?

Au sein du vieux parti, on nie tout arrangement et on se refuse à polémiquer sur le fameux article qui fait polémique. Mais dans la mouvance du Front du Mur national (El Djidar el watani), on se sent floué, d’autant que certains leaders qui ambitionnaient d’arracher une popularité, sous le parapluie du FLN, ne cachent plus leurs désappointements, leurs désillusions.

Le volte-face des parlementaires du FLN a créé un choc politique immense chez ces petits « lutins » qui veulent faire de la politique. Et ils sont nombreux, de toutes les sensibilités, de toutes les idéologies.

Certains sont des romantiques, des rêveurs, des idéalistes, d’autres pragmatiques, réalistes. La plupart sont des inconnus, alors qu’un petit nombre est issu de la société civile, des dissidents de grands partis politiques ou des militants iconoclastes. Ils sont surtout des nouveaux retraités, la génération de la retraite anticipée, instruits mais subjectifs.

Démocratiquement parlant, ces Algériens ont le droit d’exercer leurs droits politiques, en se portant candidat à n’importe quelle élection, selon les conditions requises. Tout comme ils ont le droit de créer une association à caractère politique, si les partis existant sur la scène politique ne les satisfont pas sur le plan des idées ou sur le plan organique.

En fait, le seuil des 4% est déjà qualifié par les chefs de ces petits partis anonymes comme un couperet fatal. Abdellah Djaballah dira plus pire, commentant la loi comme un carnage qui va éliminer tout le monde.

D’autres diront qu’il s’agit plutôt d’une « action de nettoyage », pour ne pas dire d’assainissement. Mais, alors quel sera l’avenir du Djidar el watani, ce Front que le SG du FLN, Amar Saidani, a fondé il y a un an quand il dira niet à Ahmed Ouyahia pour une alliance présidentielle fermée.

Un an de coulisses et de consultations ont permis à Saidani de réunir au sein de cette vaste coalition une quarantaine de partis politiques nouvellement agrées, mais dont l’opinion ne connaissait pas même pas le sigle ou le nom de leur chef autoproclamé.

Au sein du FLN, on n’a pas hésité à se montrer satisfait de cette opération politique de « grande envergure », d’autant qu’on a réussi à « faire retourner » la veste à certains et les pousser à quitter le Front des forces du changement que préside Ali Benflis. L’épisode de Naima Salhi est cité comme un exemple et une leçon. Aujourd’hui, la création d’un parti politique est une entreprise plus difficile, voire impossible.

Les nouvelles règles et les conditions d’éligibilité vont réduire le champ politique national à une douzaine de sigles parmi les plus visibles et les plus lisibles. Et les députés du FLN en sont les auteurs et les initiateurs.