La FIFA qualifie Taïder au profit de l’Algérie

La FIFA qualifie Taïder  au profit de l’Algérie

Ça y est, c’est fait ! Saphir Taïder est désormais un joueur algérien, après que la FIFA eut donné son aval pour lui permettre de défendre les couleurs de l’Algérie. La décision a été prise, avant-hier vendredi, au cours d’une réunion. Après avoir examiné le dossier présenté par la Fédération algérienne de football, la commission chargée du dossier a statué au profit de l’Algérie qui était en concurrence avec la Tunisie. La plus haute instance footballistique planétaire a, en effet, saisi la FAF vendredi tard dans la soirée, pour l’informer de la qualification du joueur pour l’Algérie. Pour sa part, la Fédération algérienne de football a publié, hier, l’information de manière officielle à travers son site Internet. Le milieu de terrain de Bologne a été qualifié, 48 heures seulement après le dépôt de son dossier par la FAF.

Le joueur a signé sa lettre d’engagement mardi soir

Selon une source autorisée auprès de la Fédération algérienne de football, le joueur n’avait pas remis sa lettre d’engagement jusqu’à mardi. C’est donc juste après le match Bologne FC-Fiorentina que le joueur a signé la fameuse lettre d’engagement qu’il a remise à un émissaire de la FAF présent au stade de Bologne. Ce jour-là, l’envoyé spécial du Buteur était présent au stade, mais il ignorait la présence d’un émissaire algérien, du moment qu’il était dans la tribune VIP du stade.

Son dossier a été déposé mercredi matin

Sans trop vouloir perdre du temps, la Fédération algérienne de football a pris ses devants en adressant le dossier de qualification de Saphir Taïder à la FIFA, le lendemain de la signature du joueur de sa lettre d’engagement, soit mercredi. La FAF a voulu anticiper les choses, surtout que la Fédération tunisienne de football cherchait par tous les moyens à engager le joueur. Par ailleurs, le joueur a dû attendre jusqu’à la dernière minute, soit mardi soir, pour décider de jouer en faveur de l’Algérie. C’est ainsi que Taïder a choisi l’Algérie pour deux raisons. La première, c’est le fait que la situation en Tunisie est difficile, contrairement à l’Algérie. La deuxième, c’est le fait de connaître plusieurs joueurs de l’EN, entre autres Boudebouz, Ghoulam, Brahimi, Belfodil.

Les papiers du joueur ont été récupérés d’Algérie, de Tunisie et même de France

Pour ce qui est du dossier du joueur, il faut savoir qu’il n’était pas facile de réunir tous les documents nécessaires. Tout d’abord, la FAF avait saisi au début de la semaine son homologue française, pour avoir le document prouvant que le joueur n’avait défendu les couleurs de l’équipe de France qu’avec les jeunes catégories, non pas avec l’équipe A. Par la suite, des documents d’Algérie ont été récupérés du moment que la mère du joueur est d’origine algérienne, enfin de Tunisie d’où est originaire son père. C’est ce que nous a confié une source autorisée auprès de la FAF.

Il pourra jouer face au Bénin

Désormais, Saphir Taïder est sélectionnable, depuis vendredi soir, jour où la FIFA a donné son OK à la FAF. Du coup, l’on se demande si le joueur, sera convoqué le 26 mars prochain, à l’occasion du match Algérie-Bénin. Halilhodzic va-t-il lui faire appel ? Wait and see..

Le Buteur, premier organe de presse à avoir parlé de sa rencontre avec Halilhodzic

L’information concernant l’intérêt que portait la Fédération algérienne de football à Saphir Taïder a été relatée en exclusivité par Le Buteur du 29 novembre 2012, lorsque Vahid Halilhodzic l’avait confiée à l’un de ses proches, puis au mois de février dernier. D’ailleurs, nous avons été les premiers et les seuls à avoir parlé de la rencontre Halilhodzic-Taïder en Italie, le 9 février 2013.

«Fier d’avoir choisi l’Algérie»

Saphir Taïder est un homme de parole. Mardi soir à la fin du match de son équipe Bologne face à la Fiorentina, il nous avait dit : «Vous êtes venu me voir jusqu’ici à Bologne, c’est vraiment un grand honneur pour moi et je vous remercie beaucoup. Mais je ne pourrai pas m’exprimer tout de suite. Mais je vous promets de vous accorder une interview dès que ce sera possible. Vous allez être les premiers à recueillir mes impressions concernant ma décision d’avoir opté pour l’Algérie.» C’est ainsi que le milieu de terrain de Bologne s’est entretenu avec nous, hier en début de soirée, pour nous parler de son choix pour l’Algérie et de ses impressions, après avoir été qualifié par la FIFA. On vous laisse le soin de découvrir l’interview.

Tout d’abord Saphir, félicitations pour votre qualification par la FIFA au profit de l’Algérie. Comment avez-vous accueilli cette bonne nouvelle ?

C’est le président de la Fédération algérienne de football (ndlr, Mohamed Raouraoua) qui m’a appelé pour m’annoncer cette bonne nouvelle. J’étais vraiment content de l’apprendre et je ne vous cache pas que ça m’a fait énormément plaisir.

Quand vous a-t-il appelé ?

Hier dans la soirée (ndlr, vendredi).

La bonne nouvelle est venue du président…

Je l’ai apprise de la part du président. Ce fut aussi une occasion pour moi de discuter avec lui. J’ai constaté que c’est un homme exceptionnel qui peut faire beaucoup de bien pour le football algérien, c’est d’ailleurs ce qu’il est en train de faire en réalité.

Donc, on comprend par là que votre choix a été fait par rapport au discours tenu par le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua…

En effet, le discours du président m’a emballé tout comme celui du sélectionneur national. Le président m’a tenu un discours très séduisant et m’a beaucoup touché. Il est en train de faire beaucoup pour le football algérien. Il y a aussi le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, qui m’a tenu un discours très motivant sur le plan sportif. Avec cette jeune génération de l’Equipe nationale algérienne, je sais qu’on pourra faire beaucoup. Le président et le sélectionneur m’ont beaucoup motivé. Croyez-moi, le choix de l’Algérie a été fait par rapport au volet sportif qui est très intéressant.

Ce choix a été difficile à faire ?

Non, pas du tout. Je suis fier du choix que j’ai fait. Comme vous le savez tous, je suis algérien et aussi tunisien. J’aime mon père comme j’aime ma mère, comme tout le monde d’ailleurs, mais j’ai fait ce choix par rapport au challenge sportif.

La ferveur des supporters algériens y est-elle pour quelque chose ?

Oui, bien sûr. La ferveur des supporters algériens est vraiment particulière. Je ne vous cache et je ne vous dis pas ça parce que je suis algérien, mais les supporters algériens sont les meilleurs au monde. Je n’ai jamais vu un tel engouement des supporters pour leur sélection. C’est quelque chose d’énorme.

Revenons maintenant à votre dernière rencontre avec Vahid Halilhodzic ; que vous a-t-il dit ?

Je connaissais Halilhodzic, même si je n’ai jamais travaillé sous ses ordres. Il a entraîné de grandes équipes par le passé et a réalisé d’excellents résultats. C’est un grand entraîneur. Il m’avait tenu un discours très motivant sur le plan sportif, il m’a aussi expliqué sa manière de travailler et beaucoup de choses. Sans oublier aussi déjà le fait qu’il soit venu jusqu’en Italie pour me rencontrer, cela prouve tout l’intérêt qu’il m’accorde.

Comment se sont déroulés les premiers contacts avec l’équipe d’Algérie ?

Il y a eu des contacts avec M. Tasfaout et le staff technique, c’était avant la CAN. Par la suite, les choses ont évolué. Voilà comment s’est déroulé le premier contact.

On vous a ensuite demandé de remettre votre dossier à la fédération pour être qualifié au profit de l’équipe d’Algérie…

Il y a eu tout d’abord le sélectionneur qui était venu me voir, comme tout le monde le sait, puis on est venu me voir ici en Italie et je leur ai remis les documents nécessaires me permettant d’être qualifié. C’est monsieur Tasfaout qui était venu me voir en Italie pour lui remettre mon dossier, car je ne pouvais pas venir en Algérie.

Halilhodzic vous a-t-il dit si vous serez présent face au Bénin ?

Honnêtement, il ne me l’a pas dit. Désormais, je suis qualifié pour jouer au profit de l’Equipe nationale d’Algérie. C’est dire que je suis à la disposition du sélectionneur national. C’est lui qui décidera de ma convocation ou non.

On comprend bien que si Halilhodzic vous fait appel pour le match contre le Bénin, vous serez là, c’est ça ?

Absolument ! Si Halilhodzic me convoque pour le stage et le match face au Bénin, je serai bien sûr présent avec mon équipe. Désormais, je suis qualifié pour faire partie de l’Equipe nationale algérienne.

On dit que vous avez choisi l’Algérie pour deux raisons : parce qu’il y a des joueurs que vous connaissez très bien, comme Belfodil, Ghoulam, Brahim, Boudebouz et autres…et par rapport à l’insécurité qui règne en ce moment en Tunisie…

Non, ce n’est pas vrai. J’ai choisi l’Algérie par conviction. J’ai été emballé par le projet sportif, avec toutes les infrastructures qu’il y a, avec le staff technique et surtout cette jeune équipe qui peut aller loin. Mon frère Nabil a choisi la Tunisie, moi j’ai choisi l’Algérie. J’ai voulu faire plaisir à ma mère qui est toute contente. Il y a aussi sa famille qui est algérienne et qui très fière de mon choix.

Vous avez sans doute suivi le parcours de l’Algérie durant la CAN ?

Evidemment. Ils ont livré trois matchs de qualité. On se rend compte que du travail a été fait, même si les résultats n’ont pas suivi. Techniquement, l’équipe est très bonne, elle a montré un visage très séduisant. Face à la Tunisie, c’était un match très serré. Ça s’est joué sur un petit détail. Puis face au Togo, lors du deuxième match, l’Algérie avait dominé l’ensemble de la partie, mais la chance nous a tourné le dos ce jour-là. Les Verts auraient pu facilement gagner cette rencontre, s’ils étaient un peu chanceux. Enfin, le troisième match face à la Côte d’Ivoire a été tout simplement fantastique. On pouvait gagner cette rencontre, on avait aussi raté un penalty. Bref, je pense que la participation de l’Algérie à cette dernière CAN aura été positive.

Vous paraissez motivé pour faire une bonne carrière en sélection ?

Oui, bien sûr. J’ai fait le choix de jouer au profit de l’Algérie, pas pour une ou deux sélections. Je veux être en sélection pendant un bon moment inch’Allah.

Optimiste de voir les Verts aller en Coupe du monde 2014 ?

Optimiste, comme beaucoup, mais il va falloir travailler dur. Je suis convaincu que le groupe travaillera pour atteindre cet objectif. Il y a le match du Bénin qui est important et qu’il va falloir gagner pour parler ensuite du prochain match. Il ne faut surtout pas brûler les étapes. Il faudra se concentrer pleinement sur cette rencontre.

Vous avez hâte de jouer un match avec l’EN à Alger…

Oui, nous les joueurs avons la chance de jouer au foot et défendre les couleurs nationales. Je tâcherai de montrer un visage positif sur le terrain.

Votre maman est sans doute la plus heureuse de la planète, non ?

Oui, c’est vrai que ma mère est très contente de mon choix, même ma famille est contente. Mon père aussi est content. De mon côté, je tâcherai de ne pas les décevoir.

Que pouvez-vous dire aux Tunisiens qui étaient ce matin (ndlr, hier) sous le choc en apprenant votre qualification au profit de l’Algérie ?

Je leur dis que j’aime les deux pays. J’ai choisi l’Algérie par rapport au challenge sportif.

Le passeport algérien, vous le possédez depuis quand ?

J’ai le passeport algérien depuis un bon moment.

Un dernier mot pour le peuple algérien qui est content de votre qualification…

Je suis venu en sélection pour apprendre des choses. Ensuite, je leur promets de me donner à fond sur le terrain pour mon pays, de mouiller mon maillot et d’essayer de contribuer aux succès.

Trabelsi : «Je me demande comment l’Algérie a réussi à le qualifier !»

L’ancien sélectionneur de Tunisie, Samy Trabelsi, a déclaré qu’il n’avait rien compris à la qualification de Saphir Taïder au profit de l’Algérie. A ce propos, il a déclaré : «Je me demande comment l’Algérie a pu avoir Taïder et le qualifier très vite, alors que j’avais parlé avec lui et il était d’accord pour jouer au profit de la Tunisie. C’est un bon joueur qui rendra d’énormes services à l’Algérie.»