La fiche du supporter japonais

La fiche du supporter japonais

Trois questions à Yasuko Hidari, patriote japonaise jusqu’à la moelle, au point de suivre assidûment la Japan League :

Les éliminatoires vus du Japon, ça donne quoi ?
Disons que de manière générale, tous les Japonais étaient très optimistes quant à la qualification pour la Coupe du monde au Brésil. D’ailleurs, je faisais partie de cette majorité. On est plutôt bien dans la zone Asie. Mais on a quand même déchanté en mars contre la Jordanie. On perd 2-1 à l’extérieur, alors qu’on pensait qu’on était supérieurs. On a compris qu’il ne fallait pas prendre les adversaires de haut. À ce moment-là, j’ai commencé à douter. Le foot influe pas mal sur mon humeur et je me souviens que je n’étais pas bien. Surtout qu’avant ça, on avait déjà perdu contre la Corée du Nord et l’Ouzbékistan. Mais on s’est relevé. J’ai commencé à me sentir à nouveau mieux quand Honda est tombé dans la surface le 4 juin 2013. Il transforme à la 91e, match nul, et on se qualifie. C’était fou. Là, j’étais vraiment bien.
Regarder la Japan League toute l’année, ce n’est pas trop dur ?
Héhé. Non, pas pour moi. Je suis supportrice de Jubilo Iwata, et je préfère regarder la Japan League à l’équipe nationale. Je suis une vraie supportrice. J’ai même suivi Jubilo quand ils sont descendus en Japan League 2 l’année dernière. Mais je suis en minorité, bien sûr. Tous les Japonais regardent les championnats européens où jouent leurs idoles. C’est le problème du foot japonais. Les Japonais s’en foutent du championnat local. Le seul moment où ils s’intéressent au Japon, c’est pour la Coupe du monde parce que leurs idoles sont toutes réunies en une seule équipe. En juillet, ce sera déjà terminé. Peut-être même un peu avant.
D’ailleurs, tu les vois comment pour ce Mondial ?

Franchement, je n’y crois pas. C’est trop pour le Japon. Non, vraiment, la Coupe du monde, c’est plus qu’un rêve pour eux. Et pour nous surtout.

La fiche technique

* Le portrait-robot

52,3 % Les Choristes – Dans le stade, une seule chanson reprise à l’unisson par tous les supporters qui passe en boucle pendant 90 minutes.

37 % Honda – Le nom à tout faire : voitures, Street Fighter, joueur du Milan AC…

7 % Schtroumpf – Toujours en bande, toujours souriant, toujours chantant.

2 % Daft Punk – Mis à part eux et les Nippons, plus personne ne porte de visière.

1,70 % RATP – Principal soutien de la chemise à manches courtes.

* L’hymne non officiel

Quand Passi rencontre Calogero au Japon, ça donne un nouveau genre musical appelé Pop Rap. Seul différence notable, MC Gaku et Sakurai Kazutoshi ne louent pas les bienfaits de l’iode, mais ceux du ballon rond.

* Le matériel du parfait supporter

Le bandeau blanc (Hachimaki) avec un gros point rouge sur l’intégralité du front, drapeau nippon dans la main gauche, l’appareil photo jetable dans la poche, le réflex autour du cou et la GoPro dans la main droite.

* L’apéro type

À peine sortis du bus touristique, le rendez-vous est pris 3 heures avant le coup d’envoi juste devant le stade. Là où il n’y a ni ombre, ni endroit pour s’asseoir, ni quoi que ce soit d’intéressant à faire mis à part attendre. Heureusement, il reste un fond de saké pour les plus impatients car il n’est pas question d’entrer dans le stade tant que tout le monde ne rallie pas le point de rendez-vous. Bien évidemment, tout le monde s’est entendu au préalable sur la tenue (haut bleu, bas blanc), tout le monde connaît sur le bout des doigts les chansons, et tout le monde a mangé avant de venir afin de ne pas perdre de temps.

* L’image qu’ils vont laisser aux Brésiliens

Respectueux, droits, francs, honnêtes, loyaux, fidèles, vertueux, raisonnables, intègres, décents, polis, irréprochables, souriants et tout le champ lexical de la perfection. Ils visitent, consomment et règlent. Les convives idéaux.

* La galaxie du supporter

Pas de Chinois présents au Brésil, mais par contre il y a les Russes. Ils devront faire avec. Mais comme toujours la rancœur est délaissée au profit de la cordialité et de la sobriété. Depuis peu, une légère rivalité s’installe avec le faux asiatique, l’Australie. Mais encore une fois, rien de spectaculaire, c’est une concurrence entièrement fairplay. En fait, le Japonais n’a pas vraiment d’ennemis. Pas trop d’amis non plus. Un rapprochement est donc à prévoir avec le Suisse.

* La trace de bronzage

Jamais. Jamais au grand jamais, un Japonais n’oublie sa crème solaire. Indice de protection maximal atteint par le Japon. La seule nationalité à rentrer plus blanche qu’elle n’est arrivée.