Une qualification à l’arrache, un Ronaldo blessé, une profondeur de banc inexistante : le Portugal débarque chez son cousin brésilien dans le flou. Tant mieux. Les Portugais ne sont jamais aussi bons que lorsqu’ils sont sous-estimés.
* Le onze type
Rui Patrício – João Pereira – Pepe – Bruno Alves – Fábio Coentrão – William Carvalho – RaulMeireles (ou Miguel Veloso) – João Moutinho – Cristiano Ronaldo – Hélder Postiga (ou Éder ouHugo Almeida) et Nani. Sélectionneur : Paulo Bento
* Comment ils vont jouer
Comme à chaque fois ils vont surprendre, surtout si aucun de leur cadre ne débute le Mondial blessé ou diminué. Il faut dire qu’on ne sait jamais vraiment quoi penser du Portugal avant le début d’une compétition majeure. La hargne, la présence physique sur les duels et la vitesse du jeu déployées lors d’un Euro ou d’une Coupe du monde par les Lusitaniens contrastent avec la mollesse affichée pendant les éliminatoires ou autres matchs de moindre envergure. Pour le reste, il faut s’attendre à un 4-3-3 classique avec une charnière Pepe-Alves en béton et des ailes redoutables en attaque avec le quatuor Coentrão-Ronaldo-Pereira-Nani. Au milieu, William Carvalho devrait assumer le rôle de sentinelle et faire grimper sa cote avant de quitter le Sporting cet été. Il retrouvera à ses côtés João Moutinho, qui devrait fermer quelques clapets du côté de l’Hexagone et l’un des deux tauliers que sont Meireles et Veloso. Comme d’habitude, Paulo Bento devra évoluer sans pointe. Entre Éder et sa conduite de balle proche du néant, Postiga et Hugo Almeida, le Portugal bricole. À noter que si CR7 loupe le Mondial, les Portugais pourraient bien évoluer en 4-4-2 comme contre la Grèce.
* Portrait-robot
– 66,2% d’abstention
– 0% d’avant-centre
– 15,2% de chômage
– 10% Jorge Mendes
– 5,6% colons
– 3% Sumol
* La stat’
10 – comme le nombre de buts marqués par Cristiano Ronaldo avec le Portugal en 2013-2014. Le tout en six matchs. Béton.
* Trois bonnes raisons de les supporter
– Parce qu’ils vont offrir au Brésil un deuxième Maracanazo en finale sur un but tout pourri de Hélder Postiga à la 87e minute.
– Parce que quitte à ce que la Coupe reste dans la péninsule ibérique, qu’elle quitte l’Espagne, bordel !
– Parce que cette année, la sœur de Ronaldo ne chante pas la chanson officielle de la sélection.
* Trois bonnes raisons de les détester.
– Cristiano Ronaldo, sa gueule, ses abdos, son film et son côté nouveau riche beauf.
– Parce que s’ils gagnent la Coupe du monde, ils feront presque autant de bruit que les Algériens après leur nul face à la Belgique.
– Parce que Raul Meireles est le hipster zéro.
* Ce que Pelé dirait de l’équipe
« Le Portugal ? C’est une équipe de casseurs. En 1966, ils m’avaient taillé en pièces pour pouvoir nous battre et faire croire au monde que l’autre alcoolique était plus fort que moi. Heureusement, Pelé est incassable. Et Pelé pardonne parce qu’il a bon fond et ne souhaite rien de mal à ce pays en voie de développement. »
* Il aurait pu être brésilien, mais il est né à… Povoa do Varzim
Fils d’un ancien footballeur brésilien (Washington Alves), le petit Bruno a grandi à Povoa do Varzim comme Eça de Queirós le poète et Rui Costa le cycliste. Une station balnéaire du Nord du pays où les plus téméraires peuvent apprécier une eau à 16 degrés l’été. Présentée comme une brute épaisse lors de ses débuts à Porto, Alves a mis un peu d’eau dans son Douro depuis. Toujours dur sur l’homme, il fait profiter le Portugal de sa détente NBA (neuf buts en 71 sélections). Le Carlos Mozer portugais.
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* Mais pourquoi Ricardo Quaresma n’est pas venu ?
« La non-convocation de Quaresma n’a rien à voir avec son comportement », affirmait Paulo Bento il y a encore quelques jours. Alors pourquoi le joueur du FC Porto n’a pas été retenu dans les 23 ? Le bougre sort quand même de six mois solides à balancer des caviars de l’extérieur et planter des banderilles pour alimenter son compte Youtube. Quaresma n’a joué que six mois au plus haut niveau, soit, mais que penser de Vieirinha et Nani dans ce cas ? Sans parler de son coéquipier en club Silvestre Varela, ses crochets PES 2 et ses contrôles made in Stade rennais. Décidément, l’absence du « cigano » relève presque du mystère.
* Pourquoi ils vont battre l’Allemagne et perdre contre les States
Une fois n’est pas coutume, le Portugal a été gâté par le sort en héritant de l’un des deux groupes de la mort. En même temps, vu la propension des Lusitaniens à se planter face aux petites équipes, n’est-ce pas un mal pour un bien ? Si, clairement. Car Cristiano Ronaldo et compagnie n’ont envie de gagner que s’ils ont un gros en face d’eux. Un peu comme le caniche de ta voisine qui joue les durs devant le Rotweiller du quartier. Sauf que contrairement au caniche, le Portugal va battre le gros, à savoir l’Allemagne, 3-0 grâce à un triplé de Nani Conceição. La Selecçãoprend le melon et sous-estime les USA malgré les avertissements de José Mourinho qui en connaît un rayon sur ces saloperies d’équipes-pièges. Résultat, le Portugal est mené 3-0 à la mi-temps et s’incline 3-2 malgré un doublé de Postiga qui terminera meilleur buteur de la compétition avec cinq réalisations avant de signer à Bordeaux.
* Coefficient de résistance à la vie en favela (43,8%)
Pepe n’est pas le seul joueur portugais à connaître la violence. D’après le baromètre 2014 de la sécurité, de la protection des données et de la vie privée, les actes de violence ont augmenté de 43,8% au Portugal. Pas de quoi rivaliser avec les statistiques affolantes de la violence dans les favelas brésiliennes, mais peut-être de quoi survivre dans un climat de constante insécurité. Et c’est déjà pas mal.
* Le tube l’été
Parce qu’il faut pas oublier que le Brésil c’était un peu chez eux avant que Pedro Ier décide de déclarer l’indépendance en 1822. Tout ça pour s’émanciper de son père.