La femme rurale et les TIC, une connexion réussie
Une des choses les plus importantes que l’ordinateur ait apporté dans la vie des femmes rurales est l’indépendance.
De nos jours, la technologie est un outil efficace pour améliorer le bien-être des êtres humains, notamment les femmes. En effet, les nouvelles TIC, qui ont envahi incroyablement notre vie quotidienne, représentent un outil pour combattre la discrimination envers les femmes, notamment celles qui vivent en milieu rural et souffrent davantage. Ainsi, la résolution 58/146 de 2004 de l’Assemblée générale des Nations unies a reconnu la nécessité de donner un plus grand accès aux technologies de l’information et de la communication aux femmes rurales. Appelant à considérer l’accès aux nouvelles TIC, une infrastructure de base au même titre que les routes, les chemins de fer et les réseaux d’alimentation en eau et en électricité, l’ONU a aussi identifié les TIC comme un moyen rapide d’aider les femmes, quelle que soit leur position, à occuper des postes de direction dans leurs communautés et réduire les inégalités.
J’existe vraiment
Ainsi, visant à promouvoir la moitié la plus vulnérable de la population, à savoir les femmes rurales, l’Union internationale des télécommunications (UIT), pour sa part, a retenu pour thème de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information pour l’an 2012, «Les femmes et les jeunes filles dans le secteur des TIC». Certes, la connaissance des nouvelles technologies, qui réduit le fossé numérique, permet aux femmes particulièrement rurales de se sentir plus importantes et compétentes. «Grâce à l’utilisation des TIC que j’ai appris à l’université, je sens que j’existe vraiment et j’ai ma propre place même si dans le monde virtuel», nous a confié Mme Fatiha, jeune diplômée en sciences économiques et femme au foyer dotée d’une connexion à Internet, issue d’une région privée même des moyens de transport traditionnels. Dans ce sens, étant donné que le développement des compétences des ressources humaines constitue un élément important, des cours d’apprentissage pour aider les femmes rurales à concevoir leur cercle informationnel à leur guise ainsi qu’à créer des réseaux communautaires sont désormais disponibles gratuitement au niveau des centres de formation. Les participantes du programme d’apprentissage deviendront instructrices afin de former d’autres femmes. «Aujourd’hui, j’apprends aux femmes comment se servir des TIC», indique Mme Sabrina, enseignante à l’école de formation professionnelle. Et d’ajouter: «Les formateurs doivent procéder à la vulgarisation de la terminologie et les concepts pour assurer une bonne assimilation par ces femmes et de concevoir un contenu vraiment spécial tant que le but n’est pas de former des cadres ou des diplômées mais beaucoup plus d’initier les femmes rurales à utiliser l’ordinateur eux-mêmes et de se servir des TIC.» Il suffit d’apprendre aux femmes à ne pas avoir peur des nouvelles technologies et à les utiliser et les exploiter de la manière la plus bénéfique pour elles conformément à leurs centres d’intérêt. «Je n’ai jamais eu l’occasion de me servir d’un PC! Au début, j’avais peur d’endommager l’ordinateur juste en le touchant (tu connais la mentalité) ce qui fait que je n’ai même pas osé l’approcher. Maintenant, Dieu merci, avec l’encouragement de mes enfants, je le manipule très bien. De même, je l’exploite dans mes recherches», témoigne Mme Houria, femme au foyer. Certes, une des choses les plus importantes que l’ordinateur ait apporté dans la vie des femmes rurales est l’indépendance et la confiance en leurs capacités et leur avenir. «Je me sens mieux désormais en découvrant que je suis capable d’apprendre, c’est génial», affirme Mme Salma, artisane.
Une opportunité
De plus, les TIC permettent aux femmes de rechercher un emploi afin d’éradiquer le chômage, d’avoir accès à l’éducation à travers des formations gratuites en ligne et de même commercialiser virtuellement leurs produits ce qui augmente leurs rendements. «Je suis diplômée en sciences vétérinaires. En sortant de l’université en 2006, c’est le chômage qui m’attendait. Je me trouvais incapable de rester les bras croisés surtout que j’habite dans une région montagneuse. A force de volonté, je me suis lancée dans l’apiculture», témoigne Amina apicultrice dans la wilaya de Blida. Avant d’ajouter: «Avec l’aide de mon frère informaticien, j’ai appris à utiliser les TIC et les exploiter pour mes recherches ainsi que pour commercialiser mes divers produits bio. Maintenant, je n’arrive pas à répondre à toutes mes commandes.»
Dans ce cadre, l’Algérie a lancé son premier projet ambitieux, à savoir, le Cyber Rif à l’ensemble du territoire national en 2011. Ce dernier vise à introduire l’Internet dans les zones rurales ce qui permettra aux populations de ces régions isolées de s’initier et apprécier les possibilités offertes par les TIC et le numérique. Donc, c’est une opportunité á ne pas rater pour celles qui n’ont pas eu la chance d’aller á l’école. Désormais, c’est rattrapable puisqu’elles pourront améliorer leurs capacités pour lire et écrire grâce aux nouvelles technologies. De plus, cette tâche sera facile dans le cadre d’une vie associative entre les femmes rurales intéressées aux TIC et les femmes activant dans le domaine des TIC, soit 34% de l’ensemble du personnel des TIC en Algérie selon les récentes statistiques. C’est dire l’importance d’une initiative pour les femmes et avec les femmes. L’objectif est de renforcer la participation de la femme dans les TIC. C’est vrai que ce n’est pas évident tant que selon les dernières statistiques de l’ONU plus de 50% de la population mondiale vit dans les zones rurales alors que plus de 87% souffrent de la pauvreté.
Cependant, c’est à l’Etat de garantir l’universalité d’accès aux TIC à toutes les catégories de la population y compris les plus pauvres. Ainsi qu’à aider ces femmes rurales à se former en suivant des programmes de formation en informatique pour évoluer vers une société de l’information. Il n’échappe à personne le fait que la femme rurale est la gardienne de la culture et le patrimoine tangible et non tangible. C’est le cas de Mme Benyounès de Ath Hichem, tisserande et femme au foyer pratiquant la broderie berbère, depuis longtemps. «J’ai participé à plusieurs manifestations à travers l’Algérie.
A chaque occasion, les visiteurs et d’autres professionnels voulaient qu’on reste en contact et moi je n’avais même pas un e-mail. C’est pour cela que je me trouvais obligée d’apprendre l’informatique et de m’en servir. Et voilà, maintenant, je compte développer mon propre site à ma propre manière à l’aide d’une amie bien sûr». Contrairement aux médias classiques, à savoir la TV et la radio, qui pouvaient viser des publics très spécialisés, les TIC en général constituent un outil de masse en vue de la diversité des contenus sur la Toile. Là, on peut effectuer une comparaison entre les systèmes d’exploitation (OS) open source et ceux close source. Où l’utilisateur a la possibilité de choisir son propre contenu et son application, selon ses propres besoins, voire les concevoir lui-même. Cela a l’air d’être très compliqué mais, en réalité, ce n’est pas la mer à boire, ce n’est qu’une terminologie du domaine. Chaque communauté utilise et s’informe du contenu qui l’intéresse. Ce qui permet à chacune de retrouver ce qui répond directement à sa propre recherche en fonction des caractéristiques de son identité. D’où la possibilité, voire l’opportunité de créer des réseaux communautaires ou régionaux spécialisés dans un domaine. Ce qui leur fournit la réalité proche et lointaine du monde dans lequel elle vit et aussi de communiquer librement leurs principales préoccupations. La société moderne est qualifiée d’être, par excellence, une société de l’information grâce à l’émergence des TIC.
Naviguer
Ce qui fait qu’au jour d’aujourd’hui, c’est impossible de réaliser un développement socio-économique sans la maîtrise des nouvelles technologies par toutes les catégories de la société.
La femme est devenue une chaîne importante et elle a plus de chance d’y participer. Pour une meilleure mutation des efforts déployés et des gigantesques budgets consacrés, il est nécessaire de résorber la fracture numérique et faire face à l’analphabétisme numérique chez la femme rurale qui représente plus de 50% de la population mondiale afin de construire une société de l’information et une économie fondée sur la connaissance. En fait, l’accès de la femme rurale aux outils de l’information et de la connaissance via le développement des communautés réservées, féminines, permet l’échange des expériences et des idées. Alors, c’est une vraie opportunité pour les start-ups et porteuses de projets de se lancer dans le monde virtuel à travers l’utilisation de l’outil informatique et l’introduction d’Internet ce qui leur permet de naviguer à leur guise.