Ce qui a été rapporté il y a deux jours vient de se confirmer. La Fédération libyenne de football a saisi officiellement la Confédération africaine de football pour lui demander de programmer la rencontre Libye-Algérie sur le sol libyen. C’est ce qu’a écrit hier la presse libyenne. Cela confirme les dires du président Kuweidir Muftah, qui a déclaré sur ces mêmes colonnes : «Nous allons demander à la CAF de programmer notre match face à l’Algérie à Tripoli.» La Fédération algérienne de football, qui aurait sans doute eu écho de cette requête présentée par son homologue libyenne pour jouer le match en Libye, elle devrait réagir elle aussi. En effet, il ne faut pas s’étonner si l’instance dirigée par Mohamed Raouraoua saisisse à son tour la CAF pour lui demander la délocalisation de la rencontre pour des raisons strictement sécuritaires vers un autre pays, comme elle l’avait fait face au Mali. Et elle a eu gain de cause. Cette fois-ci, ce sera plus facile, puisque le monde entier est en train d’observer ce qui se passe en Libye avec toutes ces armes qui circulent de main en main.
Les villes de Benghazi et Misrata retenues…
Selon la presse libyenne, la fédération locale n’a pas beaucoup insisté sur Tripoli. Dans cette demande adressée à la CAF, la FLF a mis l’accent sur le changement sécuritaire qui va avoir lieu avec la tenue des élections pour la constitution d’un comité national qui va gérer le pays et désigner un nouveau Premier ministre. La Libye a fait savoir à l’instance dirigeante du football africain que d’ici le début du mois de septembre, le calme va revenir. Par ailleurs, la presse locale a annoncé qu’outre la capitale Tripoli, les villes de Benghazi et Misrata sont, elles aussi, retenues pour abriter le match.
… le Maroc en cas d’échec
Toujours concernant la domiciliation du match, la presse libyenne rapporte que dans le cas où la Confédération africaine de football refuserait de programmer ce derby maghrébin en Libye, la fédération locale opterait pour le Maroc afin de recevoir l’Algérie. On évoque ainsi la situation difficile en Egypte qui a forcé les Pharaons de recevoir chez eux sans la présence du public, une proposition qui n’arrange guère les affaires des Libyens. Idem pour la Tunisie. Comme nous l’avions indiqué lors de notre précédente édition, les autorités tunisiennes ont de fortes chances d’y refuser du fait que la situation est aussi tendue.
La FLF veut sensibiliser les supporters
Par ailleurs, la Fédération libyenne compte sensibiliser les supporters libyens pour bien accueillir l’Algérie au cas où la CAF déciderait de programmer la rencontre en Libye. Selon la presse locale, l’instance dirigée par Kuweidir Muftah compte les sensibiliser pour ne pas mélanger le sport et la politique, surtout en cette période.
Le président de la FLF et un membre de la Commission des équipes nationales
C’est de la guerre psychologique !
L’information faisant état de la correspondance de la Fédération libyenne de football à la CAF nous a été confirmée par Hocine Boudjadja, membre de la Commission des équipes nationales. Il a déclaré à nos confrères arabophones d’El Heddaf ce qui suit : «Officiellement, je ne peux rien vous dire, seulement j’ai eu écho tout à l’heure (hier, ndlr) qu’une demande officielle a été adressée par la Fédération libyenne à destination de la CAF pour lui demander officiellement de jouer sur le sol libyen. Selon toute vraisemblance, ce sera Triopli, Benghazi ou même Misrata. Le plus important pour nous est d’évoluer devant nos fans. Si on joue en Egypte, on va nous imposer le huis clos, en Tunisie, on va nous limiter le nombre des supporters. Donc, tout ça ne nous arrange pas. C’est pour cela qu’on veut jouer dans une ville libyenne. Jusqu’à présent, c’est la FIFA qui nous a obligés de jouer hors de nos bases et c’était le Cameroun. Mais maintenant, nous avons saisi la CAF pour avoir son avis et j’espère qu’elle acceptera notre demande. Entre les peuples algérien et libyen, il n’y a jamais eu de problème. Enfin, si cette demande est refusée, je pense que le Maroc est le mieux indiqué pour abriter cette rencontre.» De son côté, le président de la fédération, Kuweidir Muftah, nous a infirmé cette information, alors qu’elle émanait de nombreux médias libyens et non pas algériens : «Non, je vous confirme que nous n’avons pas saisi la CAF. On compte le faire incessamment.» Toute cette histoire relève de la guerre psychologique. Les Libyens veulent entretenir le secret dans cette affaire dans le dessein d’exercer une certaine pression sur la CAF pour qu’elle domicilie le match en Libye, évitant par la même la réaction des autorités footballistiques algériennes, qui seront beaucoup plus influents qu’eux. Si cette information a été rapportée par presse libyenne et confirmée par un membre de la Commission des équipes nationales, c’est qu’il n’y a pas de fumée sans feu.
La sélection libyenne dès aujourd’hui à Tripoli
Après avoir pris part à la Coupe arabe des nations 2012, en Arabie Saoudite, la sélection nationale libyenne est rentrée en vacances jusqu’au mois d’août prochain, où elle prendra part à un miniregroupement de quelques jours pour préparer le match de l’Algérie. La sélection libyenne, drivée par Erbishi, sera par ailleurs de retour en Libye ce matin, lors des premières heures de ce lundi. Elle sera accueillie par le président de la fédération, Kuweïdir Muftah.
Les Libyens indifférents au match de septembre !
La population libyenne est complètement indifférente vis-à-vis de l’actualité de la sélection nationale. Bien qu’elle ait atteint la finale de la Coupe arabe des nations en Arabie Saoudite, la sélection libyenne n’a pas été suivie par un large public. Cela est dû beaucoup plus à la situation difficile sur le plan social et politique. La majorité des Libyens ne prêtent ainsi pas attention à ce qui se passe dans le monde du football, sachant surtout que le championnat local est interrompu depuis des mois, et ce, depuis l’entame de la guerre en Libye. Cette situation paraît tout à fait logique que plus de trois-quarts de la population libyenne ne sont pas en sécurité et ne trouvent même pas le moyen de se nourrir. Mais avec le déroulement du tirage au sort du troisième et dernier tour des éliminatoires de la 29e édition de la Coupe d’Afrique des nations 2013, prévu sur le sol sud-africain, on croyait que le peuple libyen allait s’intéresser beaucoup plus au football, puisque le tirage au sort a donné un certain Libye-Algérie, dont le match aller aura lieu en Libye ou sur terrain neutre, tandis que le retour se tiendra en Algérie. Les relations froides actuellement entre les deux pays – après que les rebelles libyens eurent accusé les autorités algériennes, sans fournir la moindre preuve, de soutenir le régime de l’ancien président, Mouammar Al Kadhafi – ont déclenché une certaine hostilité envers l’Algérie, surtout après l’accueil d’une partie de la famille de l’ancien leader libyen pour des raisons strictement humanitaires. Malgré ces données, la situation n’a pas changé. Tous les Libyens restent indifférents à cette rencontre qui aura lieu entre les 7 et 9 septembre. En bref, il faut attendre quelques semaines pour voir si l’indifférence des Libyens va se transformer en engouement, ou non.
Leur seule préoccupation actuellement : les élections historiques
En dépit des excellents résultats réalisés par la sélection libyenne durant la Coupe arabe des nations, qui s’est déroulée dernièrement en Arabie Saoudite, les Libyens ne pensent plus au football. Les Chevaliers de la Méditerrané, comme on les appelle depuis la chute du régime de Mouammar Al Kadhafi, ont réalisé un exploit en arrivant jusqu’à la finale de ce tournoi. Ils ont même pu rivaliser avec un des plus grands ténors du Maghreb, à savoir le Maroc, en s’inclinant lors des tirs au but. Mais en ce moment, les Libyens sont presque, dans la quasi-totalité, occupés par le déroulement des premières élections libres du pays. Un moment historique que beaucoup veulent savourer.
A l’est du pays, la situation est très tendue sur le plan sécuritaire
Actuellement, la situation est très tendue en Libye. Nul ne peut dire le contraire du fait que les premières élections locales ont connu des turbulences, notamment à l’est du pays, où on a affiché le soutien incontesté à l’ancien leader libyen. Pour ce qui est de Tripoli et Benghazi, la situation est très inquiétante. Ces derniers jours, elle a même débordé d’une manière dangereuse.
La domiciliation du match à Tripoli est de plus en plus écartée
Alors que la Fédération libyenne de football songe à recevoir l’Algérie à Tripoli ou Benghazi, comme l’a déclaré sur ces mêmes colonnes le président de la fédération locale, Kuweïdir Muftah «nous allons demander à la Confédération africaine de football de recevoir l’Algérie sur le sol libyen. On veut jouer notre match à Tripoli, car la situation est calme», la situation est de plus en plus tendue. D’ailleurs, les élections ont été perturbées par des émeutes à l’est du pays. De ce fait, la domiciliation de la rencontre sur le sol libyen paraît de plus en plus impossible. L’instance dirigeante du football africain ne peut jouer avec le feu et s’aventurer à domicilier la rencontre en Libye vu le contexte particulier de cette affiche, notamment sur le plan politique. Du coup, cette possibilité est vraiment à écarter, à moins d’une surprise de dernière minute.