La fédération des consommateurs parle de dysfonctionnements, Les raisons de la flambée des prix du mouton

La fédération des consommateurs parle de dysfonctionnements, Les raisons de la flambée des prix du mouton

Les prix varient, selon la taille du mouton, entre 26 et 48 000 DA, alors que le bélier, le préféré des Algériens pour le sacrifice de l’Aïd, est cédé à 56 000 DA et plus.

C’est un véritable pavé dans la mare que vient de jeter la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) en abordant un sujet d’actualité, à savoir les raisons de la hausse des prix des ovins et, tout particulièrement, le mouton de l’Aïd dont le peuple algérien, à l’instar des pays musulmans, s’apprête à fêter le sacrifice dans quelques semaines.

Ali Djenidi, membre de cette fédération, représentant la wilaya de Djelfa, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dire que “les mécanismes de régulation au niveau des marchés aux bestiaux sont inexistants”, étayant cela par le fait que le malheur des consommateurs de viande rouge est présent en toute saison. “Quand le ciel est généreux et que l’herbe est grasse et haute, observe-t-il, l’éleveur n’est pas inquiet au plan de l’aliment grâce à une grande disponibilité. Il préfère garder ses troupeaux, ce qui fait grimper les prix. Lorsque la sécheresse est de la partie, l’éleveur fait répercuter les dépenses élevées dues à l’achat des aliments. Dans les deux cas, c’est le consommateur qui en pâtit.” À titre indicatif, le membre de la FAC a relevé les prix constatés, lundi dernier, aux points de vente de Djelfa.

Les prix varient, selon la taille du mouton, entre 26 et 48 000 DA, alors que le bélier, le préféré des Algériens pour le sacrifice de l’Aïd, est cédé à 56 000 DA et plus. Des prix qui ne sont pas à la portée des bourses modestes. La viande rouge, elle, reste également inabordable : 1 200 DA/kg au consommateur et 1 000 DA au marché de gros au pays du mouton ! Alors qui est derrière ces prix prohibitifs ? Les éleveurs ? Pas seulement, explique le conférencier, qui défendra bec et ongles cette idée.

“Les éleveurs sont eux-mêmes des consommateurs, dira-t-il, il faudrait que les décideurs prennent en considération leurs problèmes. À commencer par le problème de l’aliment de base qu’est l’orge, dont l’OAIC définit le prix à 1 550 DA le quintal. Le problème réside dans le quota arrêté par l’OAIC qui est de 1/2 kg par tête et par jour, alors qu’en réalité, les éleveurs déclarent ne recevoir qu’un kilo par tête et par an. À partir de là, on constate, en effet, un dysfonctionnement important dans la distribution de cet aliment à l’OAIC et de la CCLS. Cette situation est décriée à travers plusieurs wilayas du pays”, affirme notre interlocuteur, qui y voit un des facteurs majeurs dans la hausse des prix.

Sa proposition va dans le sens d’une prise objective en charge par l’office en question. “À Djelfa, dira-t-il, il existe 5 000 éleveurs. Si l’OAIC ou la Chambre d’agriculture prend en charge un millier d’entre eux avec des conditions convenables, le marché du mouton sera stabilisé au bout d’une courte période.” Poursuivant ses révélations, l’intervenant fera remarquer que “le certificat de déplacement des ovins établi par le vétérinaire se fait par ce dernier sur de simples déclarations de l’éleveur. Pourquoi créer un handicap au marché et aux éleveurs si le vétérinaire n’examine pas les bêtes ?”, s’interroge-t-il.

En d’autres termes, l’instruction du ministère de l’Agriculture dans ce sens n’est pas plus qu’un simple papier. Sur un autre registre, le représentant de la FAC évoque le problème de la facture pro forma, considérée, elle aussi, comme un des facteurs favorisant la hausse des prix en question. Les prix d’achat inscrits sur la facture ne sont pas ceux payés réellement par l’acheteur.

Un autre problème expliquant cette hausse est lié au mouvement de contrebande aux frontières de l’Est. Les villes frontalières de Tébessa, telles que Chréa et Bir El-Ater, constituent une véritable saignée pour le cheptel algérien, a déclaré le conférencier.

Ce dernier confie, en fait, que “le mouton algérien, et tout particulièrement les races de Djelfa, de Biskra et d’El-Bayadh, est un label et une marque d’origine contrôlée, mais qui part en Tunisie pour prendre ensuite d’autres destinations où il subit des expériences pour l’amélioration de la race. Il est honteux de constater cela. Toutefois, la responsabilité n’est pas du seul ressort des unités de sécurité, mais de tout le monde. En premier lieu, les citoyens qui doivent se nourrir d’un peu plus de conscience patriotique”.