La grogne des étudiants en LMD, contenue en sourdine dans la plupart des universités du pays, a fini par sortir des murs des facultés pour prendre l’allure de manifestations publiques. Ce qui s’est passé lundi à Delly Brahim en est un échantillon.
Des centaines d’étudiants ont pris de court les services de sécurité en envahissant les rues de cette charmante ville universitaire sur les hauteurs d’Alger. (photo d’archives)
Leurs slogans scandés ou écrits sur des pancartes est un procès en règle du système LMD et des responsables de l’enseignement supérieur. Et pour éteindre le feu, Abdelmalek Sellal a annoncé mercredi depuis Ain Témouchent qu’un décret sera promulgué cette semaine pour régler le problème. « Ce décret permettra aux diplômés du système LMD de mieux s’intégrer dans le milieu du travail « a-t-il dit, lors de sa traditionnelle rencontre avec les représentants de la société civile.
« Nous avons beaucoup investi dans l’université. Une opportunité s’offre à nous pour se mettre au diapason des changements induits par les nouvelles technologies », fait-il encore valoir. Le Premier ministre, dont le souci premier est de calmer les esprits, pour éviter l’assombrissement de l’horizon de la présidentielle, se trompe lourdement. Pour la simple raison qu’il propose une réponse bureaucratique à un problème de fond que pose le système LMD En Algérie.
Car ce n’est pas par la magie d’une équivalence administrative entre l’ancienne licence et la licence LMD que les étudiants vont trouver plus facilement le travail. C’est le contenu même de cette formation au rabais, dans le cadre du LMD qui est remise en cause. Les entreprises refusent de recruter les étudiants à cause de leur formation jugée insuffisantes par rapport au contenu pédagogique de l’ancienne licence d’une durée de quatre ans.
Actuellement, les entreprises donnent la préférence au recrutement pour les étudiants issus des écoles privées, qui ont une maîtrise des langues étrangères, notamment le français et l’anglais et un bagage en phase avec les nouvelles technologies, le marketing, le management, entrepreneuriat. Tout le contraire de ce qui est enseigné dans les universités d’Etat avec des programmes pédagogiques obsolètes.
Et dire qu’à l’origine, le système LMD visait justement, selon l’objectif de ses initiateurs à créer des passerelles entre l’université et le monde du travail. Mais, après bientôt vingt ans d’application, c’est l’échec patent. Une mise à plat de ce système s’impose plus que jamais. Et ce n’est certainement pas avec un décret sur l’équivalence que le problème trouvera sa solution. C’est comme vouloir guérir un cancer avec un comprimé d’’aspirine.