Ce nouveau terrorisme qui sévit dans la société algérienne double de férocité pendant le Ramadhan
Le jeune footballeur Mehdi Labraoui du RCK a été emporté par la «Faucheuse» samedi peu avant la rupture du jeûne.
L’asphalte de nos routes change de couleur. Elle devient rouge de sang. Le sang des Algériens qui meurent par milliers sur nos routes en raison des accidents de la circulation.
Ce nouveau terrorisme qui sévit dans la société algérienne double de férocité pendant le Ramadhan, en particulier durant le «dernier quart d’heure» de jeûne précédant l’Iftar.
Ce dernier quart d’heure a été fatal pour le jeune Mehdi Labraoui (20 ans), attaquant du RC Kouba (division amateur de football), qui a été emporté par la «Faucheuse» samedi peu avant la rupture du jeûne. Ce drame est survenu lors d’un accident de la circulation survenu à Ben Aknoun (Alger), a-t-on appris auprès de ses proches cités par l’APS.
En plus de son neveu, sorti pour son bonheur indemne de cet accident tragique, feu Labraoui était accompagné de trois de ses coéquipiers au RCK, en l’occurrence Nabil Lamara (20 ans), Mohamed Larachiche (22 ans), et Slimani (19 ans), qui ont été admis pour des soins au CHU Mohamed-Debaghine (ex-Maillot) à Bab El Oued.
C’est justement ce dernier quart d’heure qui est fatal pour certains automobilistes qui accélèrent et accentuent leur vitesse pour tenter d’arriver à l’heure de la rupture du ftour. Mais devant la vitesse excessive de certains automobilistes, il y a également l’absence de moyens de répression et de contrôle des gendarmes qui ne sont pas assez nombreux pour réguler et contrôler tous les véhicules.
Les accidents de la route anéantissent des milliers de vies humaines, causent des tragédies sociales et engendrent des pertes économiques et financières fort importantes. En Algérie, les statistiques fournies par le ministère des Transports révèlent des chiffres de plus en plus alarmants concernant les accidents de la route. Ainsi, 40.000 accidents se produisent chaque année, entraînant plus de 4000 morts et 60.000 blessés, dont des handicapés à vie selon le Centre national de prévention et de sécurité routières. Ces drames routiers, qui imposent une contrainte majeure pour le développement du pays, ont incité les pouvoirs publics et surtout les autorités visées à reconsidérer le système de sanctions et à intensifier les campagnes d’information et de sensibilisation qui constituent des leviers extrêmement importants dans la lutte contre l’insécurité routière.
Pas plus tard qu’hier matin, une personne a trouvé la mort et huit autres ont été blessées, dont une grièvement, dans un accident de la circulation qui a eu lieu sur la RN 1 reliant Blida à Boufarik, a rapporté la Protection civile de la wilaya. L’accident est survenu près de la station multiservices «Yasmine» de Beni Mered, lorsque deux bus, l’un transportant deux personnes et l’autre une quarantaine de passagers, sont entrés en collision, a précisé la Protection civile. Un bilan de cette dernière fait état du décès de trois personnes et 17 autres blessées dans cinq accidents de la route, depuis le 18 de ce mois, à Blida.
Ailleurs dans le pays, la situation est tout aussi déplorable. Ainsi, sept personnes sont mortes et 72 autres ont été blessées dans pas moins de 37 accidents de la circulation routière. Ces accidents ont été enregistrés tous les vendredis à travers 18 wilayas du pays, a indiqué samedi la Gendarmerie nationale dans un communiqué. Ces accidents ont également causé des dégâts matériels importants à 51 moyens de locomotion qui y sont impliqués, a ajouté la même source.
L’accident le plus grave a été enregistré sur la RN 40 reliant Médéa à Djelfa dans la commune de Boughezoul (wilaya de Médéa) causant trois morts. Les autres accidents mortels ont été enregistrés dans les wilayas de Tiaret, Mascara, Mostaganem et El Oued où l’on déplore un mort dans chacune d’elles. A Aïn Defla, ce sont quatre décès et 76 blessés qui ont été causés dans 45 accidents enregistrés depuis le début du mois de Ramadhan sur le territoire de cette wilaya. Toujours à Aïn Defla, une personne a trouvé la mort et 12 autres ont été blessées dans un accident de la circulation survenu samedi.
Il est triste et tout le moins révoltant que de tels accidents de la circulation, dus généralement à l’excès de vitesse, au non-respect du Code de la route, à l’alcool et pendant le Ramadhan, à l’abstinence et le manque de sommeil, dont un grand nombre peut être évité, continuent à endeuiller les familles algériennes alors que les appels à la prudence sur nos routes sont quasi ininterrompus à travers les médias audiovisuels et écrits. En témoignent, si besoin est, les résultats réalisés par l’Algérie dans le cadre du «Forum de la semaine arabe routière», organisé du 4 au 10 mai dernier, tenu sous le thème «Ma sécurité, Ma responsabilité». La direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) avait effectué, rappelle-t-on, quelque 6 455 activités préventives. Elles comprenaient 5 760 activités de sensibilisation et 131 cours pratiques.
A l’occasion de ce forum, le directeur de la Sécurité publique, le commissaire divisionnaire Aïssa Naïli, a dispensé une conférence portant sur «L’évaluation des activités préventives en matière de sécurité routière». Les agents de la Sûreté nationale sont «prêts» à appliquer la circulaire interministérielle entre les ministères de l’Intérieur et des Collectivités locales et celui des Transports, concernant le système du permis de conduire à points, avait indiqué le même responsable tout en affirmant que les agents de police ont reçu à cet effet une formation adéquate accompagnée d’explications du système.
Est-il nécessaire de rappeler ici le triste «score» mondial que détient notre pays en matière d’accidents routiers? Sans fierté aucune, sachons que l’Algérie est classée au 4e rang mondial des accidents de la route par tête d’habitant. Et tenez-vous bien, elle se catalogue derrière les Etats-Unis, l’Italie et la France, en s’accrochant toutefois à sa première place parmi les pays du Maghreb et les pays arabes.
Quant au rôle des médias en Algérie dans la prévention routière, il est généralement estimé que l’émission télévisuelle Tarik Essalama, constituait un très bon exemple du rôle que peuvent jouer les médias de masse dans la prévention routière. Elle est caractérisée par la continuité dans la diffusion. Le choix de la tranche horaire et la diversité des sujets traités par le recours à des dialogues en direct dans la langue dialectale permettaient de mieux informer le téléspectateur sur la situation réelle. Autre point fort de cette émission, le présentateur, en l’occurrence Mohamed Lazouni, est un formateur spécialisé dans le domaine et un militant infatigable de la sécurité routière. La qualité de cette émission télévisée se démarquait fortement par rapport au reste des médias de masse étudiés.
Selon une étude réalisée en Algérie en 2012, il s’avère que l’absence de stratégie nationale de prévention routière, qui est un élément essentiel dans la lutte contre les accidents de la route, fait défaut en Algérie. Une telle stratégie permettrait de cibler les actions prioritaires, de mobiliser les moyens humains et financiers nécessaires et de redéfinir le rôle des médias de masse en tant qu’acteur principal dans la réussite des campagnes de prévention. L’existence d’un seul établissement responsable de la sensibilisation des automobilistes par les messages radiophoniques et télévisuels (Cnpsr) limite le nombre et la qualité des documents diffusés. Aussi, des associations et autres institutions spécialisées dans la prévention des accidents routiers, doivent s’engager dans ce cadre.