Une grave crise alimentaire frappe le nord du Mali entre les mains des islamistes
Dans une déclaration à la presse, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a révélé la présence de 30.000 réfugiés maliens dans le Sud algérien.
Près de 19 millions de bouches affamées nous guettent. Les terroristes islamistes, des contrebandiers ou des trafiquants de drogues ne sont pas les seuls à constituer une menace à nos frontières Sud. A cette équation déjà suffisamment compliquée, il faut rajouter le paramètre de la famine.
Une grave crise alimentaire frappe le nord du Mali entre les mains des islamistes. Selon des statistiques fournies par différentes ONG qui agissent difficilement dans cette région, il y a 250.000
Maliens qui ont fui cette famine vers les pays voisins, notamment l’Algérie. Il y a une semaine, une délégation du Croissant-Rouge algérien s’est rendue à Gao, nord du Mali, en vue de coordonner les actions à même de fixer les populations sur place. Etant le seul pays stable et riche dans cette région, l’Algérie est mise sous pression. Les chiffres officiels n’avancent aucune statistique sur le nombre de réfugiés en Algérie. Dans une déclaration à la presse, il y a quelques mois, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a révélé la présence de 30.000 réfugiés maliens dans le Sud algérien. Ces milliers de réfugiés sont pris en charge aux frontière Sud par les services du Croissant-Rouge algérien, de la Protection civile et de l’ANP. C’est dire que la situation est particulièrement grave dans cette région du Sahel. Selon l’Unicef, près d’un million d’enfants vivent une situation de malnutrition et se trouvent de ce fait en danger de mort. Face à cette catastrophe, l’ONU a lancé, en juin dernier, un appel aux pays les plus riches du monde afin de trouver 1.6 milliard de dollars pour lutter contre la famine. «La crise alimentaire au Sahel a été exacerbée par le conflit au Mali», qui a mis «un fardeau supplémentaire sur les communautés locales» peinant elles-mêmes «à trouver de quoi se nourrir et nourrir leurs enfants», confirme Malek Triki, porte-parole du PAM en Afrique de l’Ouest. En effet, cette zone aride est approvisionnée par quelques convois de vivres affrétés par le Haut Conseil islamique du Mali et des ONG, ainsi que par des marchandises de contrebande venues de pays voisins comme l’Algérie et le Niger, vendues hors taxe sur les marchés des trois grandes villes du Nord: Gao, Kidal et Tombouctou. «Le problème se situe au niveau de la distribution de l’aide. Les islamistes, maîtres de la région, sont incontournables. Le risque est qu’ils fassent de la distribution des vivres une arme redoutable» en la réservant à ceux qui les soutiennent. L’organisation Médecins sans Frontières (MSF) a indiqué que cette instabilité politique et sécuritaire «complique l’accès des acteurs humanitaires». L’occupation du Nord par les islamistes est aggravée par une sécheresse sans précédent qui affecte la plupart des pays du Sahel, dont le Mali, et une situation sanitaire inquiétante qui accroît les risques d’épidémie, en particulier le choléra. C’est la troisième grande crise alimentaire qui frappe la région en sept ans. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les criquets pèlerins font leur apparition à la faveur des premières pluies et menacent ce qui reste des plantations et des pâturages. «Nous avons partagé nos maigres réserves avec les réfugiés maliens, nos stocks se sont très vite épuisés. Nous étions obligés de fuir le village pour la ville», raconte à l’AFP, un paysan de Bani-Bangou, commune nigérienne frontalière du Mali et abritant un important camp de réfugiés maliens. Si les bonnes volontés des associations humanitaires s’échinent à porter secours aux populations, ce n’est pas le cas pour les cheptels dans une région où le bétail constitue une ressource très importante. Dans les régions de Gao, Kidal et Tessalit, une grande majorité de familles vivent de l’élevage.