La façon “injuste” dont la CPI traite l’Afrique est “inacceptable” selon l’Ethiopie

La façon “injuste” dont la CPI traite l’Afrique est “inacceptable” selon l’Ethiopie

Le ministre éthiopien des Affaires étrangères a estimé vendredi “totalement inacceptable” le “traitement injuste” réservé par la Cour pénale internationale à l’Afrique, en ouverture d’une réunion exceptionnelle des dirigeants de l’Union africaine sur la CPI.

“Loin de promouvoir la justice et la réconciliation (…) la CPI s’est transformée en instrument politique”, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, dont le pays préside l’UA, réunie à Addis Abeba à la demande du Kenya pour étudier un éventuel retrait collectif du traité fondateur de la Cour, qui, depuis ses débuts en 2002, n’a inculpé et jugé que des Africains.

En mai, dans la foulée de la victoire à la présidentielle kényane d’Uhuru Kenyatta et de son colistier William Ruto, poursuivis par la CPI pour crimes contre l’humanité, les 54 membres de l’Union africaine avaient quasi unanimement fait bloc derrière Nairobi pour dénoncer un acharnement du tribunal de La Haye contre le Kenya et l’Afrique en général.

L’UA avait demandé sans succès le renvoi au Kenya des poursuites intentées par la CPI contre la tête de l’exécutif de ce pays, le Premier ministre éthiopien et président en exercice de l’UA, Hailemariam Desalegn, évoquant même une “chasse raciale” de la part de la CPI.

La Cour a entamé le procès du vice-président Ruto le 10 septembre et refusé de reporter celui du président Kenyatta, prévu à partir du 12 novembre.

Les deux hommes sont poursuivis pour leur rôle présumé dans les violences politico-ethniques qui avaient suivi la précédente présidentielle kényane de fin 2007, durant lesquelles plus de 1.000 personnes étaient mortes.

“La relation entre l’Afrique et la CPI (…) n’est pas seulement une source de préoccupation pour le Kenya mais pour le continent dans son ensemble”, a ajouté le chef de la diplomatie éthiopienne vendredi. “Notre rassemblement aujourd’hui ici témoigne clairement de notre détermination à aborder collectivement, de front, le sujet, et de trouver une solution”.

Les ministres des Affaires étrangères de l’UA sont réunis vendredi, avant un sommet de leurs chefs d’Etat et de gouvernement samedi.

L’union africaine accuse la CPI de racisme

Pour rappel, le président de l’Union africaine (UA) a accusé à Addis Abeba la Cour pénale internationale (CPI) de mener “une sorte de chasse raciale” contre les Africains, à l’issue d’un sommet de l’organisation.

“La CPI doit bien voir qu’elle ne devrait pas pourchasser des Africains”, a déclaré le premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, président en exercice de l’UA. Il a assuré que les dirigeants africains ne comprennent pas les poursuites contre le président kényan Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto, inculpés depuis janvier 2012 de crimes contre l’humanité par la CPI. Ces derniers sont poursuivis pour leur rôle présumé dans l’organisation des terribles violences ayant suivi le précédent scrutin présidentiel de décembre 2007 au Kenya, durant lequel ils appartenaient à deux camps différents.

De son côté, la CPI a rejeté ces accusations de racisme et annoncé qu’elle ignorerait l’appel de l’UA au transfert des procès des deux principaux dirigeants kényans dans leur pays.(Avec Agences)