Une production de drogue à une échelle industrielle
Le trafic de stupéfiants qui a pris racine à sa frontière Ouest menace directement l’Algérie et oeuvre à la déstabilisation des pays maghrébins et ceux de la région du Sahel.
Cette arme de destruction massive représente un business pour les uns. Une manne financière qui sert à alimenter les caisses des groupes terroristes pour les autres. Le nerf de la guerre pour mener à bien leur sinistre projet: déstabiliser les pays maghrébins, en l’occurrence l’Algérie et ceux de la région du Sahel. Le fléau a pris des proportions au point de préoccuper… des experts algériens. «Le fléau des stupéfiants qui cible les peuples de la région maghrébine et du Sahel africain s’avère plus dangereux que par le passé en raison de la situation de crise et d’instabilité que connaît la région», a fait remarquer le spécialiste des affaires de sécurité, Omar Benjana. Pourquoi?
A cause de l’ «alliance des barons du trafic de drogues produites dans le Royaume du Maroc avec les groupes terroristes», a souligné M.Benjana qui s’exprimait dans le cadre d’une conférence qu’il avait animée lors des travaux de l’université d’été des cadres du Polisario qui s’est tenue à Boumerdès (une quarantaine de km à l’est d’Alger).
«Les groupes terroristes soutiennent les barons de la drogue, ce qui accroît le danger pour les pays de la région, notamment l’Algérie qui a de longues frontières avec tous les pays de la région», a précisé le conférencier cité par une dépêche de l’APS datée du 24 août 2013.
«Le contrôle par la mafia de la drogue des milieux de décision au Royaume du Maroc empêche la lutte contre la culture du cannabis au Maroc estimée à 3,1% du produit national brut (PNB) et qui rapporte au pays 12 milliards de dollars par an», a-t-il ajouté, tout en déplorant l’impuissance du pouvoir marocain à endiguer ce fléau malgré tous les rapports qui l’ont épinglé en matière de lutte contre les trafics de stupéfiants. Black-listé par les Américains en ce qui concerne le trafic de cannabis et de cocaïne, le Royaume a été de nouveau épinglé par l’Office des Nations unies pour la drogue et le crime.
Le Maroc demeure le «principal producteur et fournisseur mondial de haschich (résine de cannabis), dont la production est destinée principalement aux marchés européen, et africain», indiquait le Rapport mondial 2013 sur les drogues présenté le 28 juin devant la Commission des stupéfiants de l’ONU à l’occasion de la Journée internationale contre le trafic et l’abus de drogues par Youri Fedotov, directeur de l’Onudc. «La corruption de la police et le laxisme tacite dans l’application des lois contre ce fléau demeurent un problème au Maroc», dénonce, de son côté, un document du département d’Etat américain publié le 12 mars 2013. «La plupart des grandes expéditions de haschich marocain à destination de l’Europe sont transportées par bateaux à moteur et par d’autres petites embarcations…compte tenu de sa situation géographique et de ses infrastructures de transport, le Maroc sert de zone de transbordement pour la cocaïne en provenance d’Amérique latine qui est introduite clandestinement par l’Afrique de l’Ouest pour l’acheminer vers l’Europe», indiquent les enquêteurs US.
«La culture du cannabis procure des revenus à 800.000 personnes, et représente 3,1% du PIB agricole du Maroc», poursuit le rapport des enquêteurs américains. Un constat qui a conforté la position de l’Algérie qui a conditionné l’ouverture de sa frontière avec le Maroc à la coopération effective de ce pays pour arrêter les flux de trafics, notamment de drogues.
«Les efforts attendus en matière de coopération et de lutte contre les trafics de drogue n’ont pas été au rendez-vous comme nous l’avions espéré et les quantités de poison déversées sur l’Algérie ont atteint désormais des proportions inquiétantes», avait fait constater Amar Belani, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères…
Le Maroc qui est plus que jamais interpellé sur ce type de trafic est désormais dans le viseur de la communauté internationale.