La discipline partisane fait défaut ces derniers temps, Dangereuses fissures à l’APN

La discipline partisane fait défaut ces derniers temps, Dangereuses fissures à l’APN

Les travées de l’APN ont encore une fois, rappelé qu’une alliance tacite est en train de naître et de croître dans l’ombre

Cette défaillance dans la solidarité partisane risque de jouer de très mauvais tours à des projets qui engagent l’avenir de la nation, dont la révision de la Constitution.



Petites fractures deviendront grandes. Le comportement intrigant de certains députés de la majorité parlementaire au sein de l’assemblée n’augure pas de lendemains enchanteurs. La solidarité partisane fait terriblement défaut. Le ministre du Commerce Amara Benyounès l’a vérifié hier à ses dépens, lui qui clamait haut et fort qu’il est ministre de la République et qu’il applique à la lettre le programme du président. Certains députés du FLN, affranchis de leur tutelle, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils joignent leurs voix à celles des députés de l’Alliance verte avec lesquels ils font cause commune surtout quand il s’agit des sujets brûlants. Ainsi hier, des députés islamistes ont reproché à Benyounès l’instruction concernant l’activité de commerce de gros des boissons alcoolisées, tandis que les députés du FLN l’ont violemment attaqué sur son projet de loi concernant l’import-export.

Les travées de l’APN ont encore une fois, rappelé qu’une alliance tacite est en train de naître et de croître dans l’ombre. Cette défaillance dans la solidarité partisane risque de jouer de très mauvais tours à des projets qui engagent l’avenir de la nation. Dans les prochains mois, les députés sont appelés à débattre et donner leur quitus pour la nouvelle Constitution. Faut-il faire confiance à la majorité du FLN? La question mérite d’être posée quand on voit le sort réservé par certains députés de cette même majorité à la révision du Code pénal interdisant la violence contre les femmes, ou encore la loi sur la vente des boissons alcoolisées. Autre source d’inquiétude et pas des moindres qui peut destituer cette majorité: les députés qui se sont désolidarisés de l’actuel secrétaire général du FLN, Amar Saâdani. Ces parlementaires vont-ils obéir aux instructions de vote qui leur seraient données par M. Saâdani au Parlement? Pas si sûr du moment qu’ils ont affiché leur refus de la ligne Saâdani. Une semaine après la fin du Xe congrès, les ardeurs de ces députés ne sont pas encore refroidies et ces derniers ne comptent pas lâcher prise. «Nous n’allons pas faire marche arrière malgré la tenue du Xe congrès», a déclaré, avant-hier, le vice-président de l’APN Mouad Bouchareb.

Le fait est que ces signes de fracture au sein de l’APN ne sont pas isolés. Pis encore, ils montent en cadence à chaque fois qu’un projet vient déranger les certitudes des islamistes et bousculer les lobbys financiers qui ont désormais niché au sein de cette assemblée. On a constaté avec quelle violence a été lynché le ministre du Commerce qui a osé s’attaquer au péché lucratif de l’informel. Car c’est dans l’informel de l’agroalimentaire et de l’insondable marché de la devise que les islamistes font leur beurre.

Ainsi, tour à tour, la ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, le ministre du Commerce Amara Benyounès, le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa et le ministre de la Justice,Tayeb Louh, ont subi les salves de ce lobby qui s’affirme chaque jour plus puissant et menaçant. En réalité les signes de cette fracture ne datent pas d’aujourd’hui pour ceux qui savaient décrypter les fluctuations de cette auguste assemblée. Cela remonte à décembre 2011 à l’occasion de l’adoption de la loi sur les partis politiques. On a assisté en effet, pour la première fois depuis 2004, date de la création de l’Alliance présidentielle, à une véritable fracture au sein de ce conglomérat politique composé par le FLN, le RND et le MSP. Grisé par les révoltes arabes qui ont porté au pouvoir les partis islamistes, en Tunisie, au Maroc et en Egypte, le MPS ne jugeait pas utile de meubler encore cette alliance qui servait d’alibi démocratique. Le pouvoir était à portée de main, il fallait se baisser pour le ramasser. Et puis beaucoup d’encre a coulé. Mais voilà que cette dissension refait son apparition. Insignifiante certes, mais elle doit être colmatée le plus tôt possible avant que les dégâts n’arrivent.