Après les habitants des deux sites précaires de Beaufraisier à Bouzaréah et Djnan Hassan à Bab-El-Oued, qui occupent depuis quelques jours la rue pour exiger la priorité dans l’opération relogement, hier c’était au tour de ceux de Baraki et de Bordj El Bahri, à l’est de la capitale, de déclencher l’émeute. La Direction du logement de la wilaya d’Alger explique que la priorité répond à un plan de réaménagement du tissu urbain qui n’exclut aucun ayant droit.
Selon la Direction du logement de la wilaya d’Alger, le plan de réaménagement du tissu urbain dans la capitale concerne d’abord en matière de priorité les sites vulnérables qui sont menacés par des glissements de terrain ou quelque autre danger, les sites qui entravent l’évolution des grands projets structurants dans la ville (tramway, métro, routes, les deux facultés de droit et de médecine, constructions de logements). Il reste, enfin, ceux qui entrent tout simplement dans le cadre de la résorption de l’habitat précaire et qui seront pris en charge en dernier. Réagissant aux émeutes déclenchées par les habitants de plusieurs sites précaires de la capitale qui exigent la priorité dans le relogement, le directeur du logement de la wilaya d’Alger, Mohamed Smaïl, dira qu’il est impossible de satisfaire en même temps les 50 000 familles recensées en 2007 issues des 700 sites concernés par l’opération d’éradication de l’habitat précaire. «Tous les ayants droit sont programmés et aucun site précaire ne restera après cette opération. C’est pour cela que les protestataires doivent comprendre qu’ils ne sont point lésés et qu’ils seront bientôt tous relogés mais seulement, ils doivent patienter. Notre programme répond à une certaine logique de réaménagement du tissu urbain dans la capitale qui exige de nous des priorités », a-t-il soutenu.
Mauvaise communication ou opacité ?
Toutefois, si certains habitants de sites précaires de la capitale continuent d’investir la rue, c’est qu’il existe un manque de communication totale au niveau des circonscriptions administratives, ce qui, faut-t-il le signaler, encourage les rumeurs les plus affolantes. Cela engendre bien entendu une certaine opacité autour de l’opération. D’ailleurs, hier, les habitants du bidonville de Oued Ouchayeh, qui pensaient être programmés pour cette opération et qui ont préparé leurs bagages, ont appris avec déception qu’ils ne faisiaient pas partie de cette opération. Pourtant, ils avaient bien reçu la visite de responsables qui leur ont demandé de se préparer pour aujourd’hui mercredi. Des projecteurs ont même été installés lundi soir sur le site pour faciliter le déroulement de l’opération. Les émeutiers de Beaufraisier, de Djnan El Hassan, de Baraki et ceux de Bordj El Bahri ne savent toujours pas qu’ils sont programmés dans la prochaine opération prévue vers la fin de l’année en cours ou au plus tard au début 2012. Ces derniers, interrogés sur les lieux où ont eu lieu les émeutes, disent craindre d’être carrément exclus du relogement. Lors de la tournée de dimanche avec le directeur de la wilaya d’Alger dans la capitale, les sites en cours de construction qui seront bientôt livrés attestent qu’il y a de la place pour tout le monde et qu’aucun ayant droit ne sera exclu. Interrogé, Mohamed Smaïl dira à ce propos que ce n’est pas par crainte que les mécontents investissent la rue que l’information n’est pas communiquée à temps mais c’est que les habitants de l’ensemble de ces sites ne sont pas toujours bien organisés en comités de quartier et n’ont pas de représentants avec qui il est possible de collaborer. Ce dernier ne nie pas, par ailleurs, que le manque d’efficacité au niveau des circonscriptions administratives a sa part de responsabilité dans tout ce qui arrive.
M. M.