Les travailleurs de la cimenterie Lafarge, qui sont à leur 57ème jour de grève de la faim, ont reçu hier la visite d’un huissier de justice, les assignant d’enlever leur tente devant l’usine sise à Oggaz dans la wilaya de Mascara. Chose qui n’a pas découragé les grévistes pour aller jusqu’au bout, ils sont déterminés à arracher leurs droits coûte que coûte.
Pour se faire, les travailleurs de Lafarge ont pris attache avec le chef de cabinet du secrétaire général de l’Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, pour lui remettre les jugements des employés accusés d’agression à l’arme blanche contre des cadres de la dite entreprise ; ainsi que les lettres de licenciement adressées à chacun d’eux, il y a quelques jours.
La réponse sur leur sort ne sera connue que dans une semaine ou dix jours, d’après le chef de cabinet de Sidi Saïd, nous confirme au téléphone, le représentant des grévistes, Aziz Semmache. Une ultime initiative qui survient après l’échec de la médiation qu’a entrepris le secrétaire général de l’Ugta, avec le Directeur Général de la cimenterie Lafarge.A rappeler que les grévistes ne sont pas à leur première opération de décampement.
Lors du sit-in organisé la semaine dernière, devant le siège de la société, sis à Bab- Ezzouar, les agents de sécurité du centre commercial de Bab- Ezzouar, ont tenté de les faire décamper, prétextant la propriété comme étant privée. Un motif peu convainquant pour les travailleurs de Lafarge, puisqu’ils n’ont quitté l’endroit que mercredi dernier, avec la pression des forces de l’ordre, nous déclare notre interlocuteur. Les 15 grévistes de la faim se sont scindés en deux groupes, dans la perspective de faire pression sur les responsables. Un groupe de sept travailleurs est resté devant l’usine à Mascara, les huit autres se sont déplacés à la capitale pour se faire entendre. Mais en vain.
Bien au contraire, puisque après l’opération de décampement engagée à Alger, vient celle de Oggaz. Les grévistes se retrouvent à l’air libre depuis hier, sans accompagnement médical, alors que leur état de santé se dégrade de jour en jour. Le médecin de la société ne passe plus, et l’infirmier espace ses visites davantage, selon M. Semmache. Il ne se passe pas un jour sans que l’on évacue trois ou quatre personnes vers l’hôpital, affirme-t-il encore. La plupart souffre d’hypotension, d’hypoglycémie, de douleurs à l’estomac ; et certains se plaignent de difficultés respiratoires.
Toujours est-il, les grévistes sont déterminés à poursuivre leur grève de la faim jusqu’à la concrétisation de leurs revendications. Ils demandent à être réintégrés, que leur salaires soient virés à compter du mois de novembre et que les charges retenues contre eux soient annulées, notamment pour intimidation, menace et usage d’armes blanches. Les raisons pour lesquelles ils ont été suspendus, selon un communiqué émanant de la Direction de Lafarge. Des accusations que réfutent catégoriquement les grévistes de la faim, d’où leur engagement à décrocher leurs droits, quitte à sacrifier leur vie.
K. S.