En 2011, 53 579 jeunes ont été arrêtés pour avoir commis leur premier crime, selon des statistiques révélées avant-hier par la police algérienne. Parmi ces milliers de «criminels débutants», 43% sont âgés entre 18 et 25 ans, soit 23 485, et 18 332 entre 26 et 35 ans pour une moyenne de 33%. La petite et moyenne criminalité est en train de gagner du terrain comme c’est le cas à Alger où l’on enregistre le taux le plus élevé dans le pays.
Il est temps d’agir.
La direction générale de la Sûreté nationale tire la sonnette d’alarme. Comment lutter contre la criminalité chez les jeunes ? Quels sont les mécanismes de lutte ? La sensibilisation est-elle le seul moyen salutaire pour faire face au crime et arriver à sauver les jeunes égarés ? Ces questions ont été posées lors d’un débat très intéressant au cours de la conférence organisée avant-hier par la direction générale de la Sûreté nationale à Alger, sous le thème «Prévention de la jeunesse et la lutte contre la criminalité». Après une minute de silence observée suite au décès de l’ex-président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, les participants à la conférence ont été conviés à un important débat autour de la criminalité chez les jeunes Algériens. D’emblée, le directeur de la Police judiciaire de la DGSN, M. Affani, est intervenu durant une trentaine de minutes pour parler de ce phénomène qui touche sérieusement l’Algérie, à l’instar des autres pays en voie de développement ou développés. La preuve est là, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le commissaire Affani, patron de la DPJ relevant de la DGSN, a exposé la situation très inquiétante de l’Algérie. Ainsi, par rapport à l’année 2010, l’année 2011 a enregistré une augmentation en nombre d’affaires traitées et d’arrestations de personnes âgées entre 16 et 35 ans, impliquées dans le crime. En effet, selon le directeur de la Police judiciaire, quelque 46 253 affaires de vol et destruction de biens ont été traitées durant l’année passée, au cours desquelles 20 046 jeunes ont été arrêtés. En 2010, la DGSN avait traité
19 448 affaires de vol et de destruction de biens. On remarque, d’emblée qu’il y a une hausse de 27 805 affaires, soit un taux de plus de 150%. La criminalité gagne du terrain et ne concerne pas que les adultes, aujourd’hui ce sont les mineurs qui s’adonnent au crime, le plus souvent pour la première fois. En 2011, 5 735 mineurs, âgés entre 16 et 18 ans, ont été arrêtés pour des délits, alors que 3 026 autres âgés entre 13 et 15 ans ont été interpellés. Parmi eux, on dénombre 238 filles. Ces jeunes arrêtés pour des délits sont conduits dans des centres de rééducation avec pour objectif de les protéger de la criminalité.
21 000 récidivistes sont retournés en prison en 2011
Si plus de 53 000 jeunes ont été arrêtés en 2011 pour avoir commis leur premier acte criminel, 21 841 repris de justice ou récidivistes ont été arrêtés pour avoir perpétré d’autres crimes. Parmi ces jeunes récidivistes arrêtés, 8 087 sont âgés entre 18 et 25 ans, soit un taux de 37% de repris de justice impliqués dans des affaires de crime, tandis que 8 555 sont âgés entre 26 et 35 ans, rapporte un bilan de la DGSN. Retour à la prison. Malgré leur arrestation dans divers crimes, vols, cambriolages, trafic et consommation de drogue, agressions et atteintes aux biens et aux personnes, dont ils ont été les auteurs, ces plus de 21 000 récidivistes n’ont pas hésité à retremper dans la criminalité. Face à cette situation, la DGSN a redoublé d’efforts pour tenter de réduire le taux de la criminalité dans les milieux urbains. Ainsi, 105 750 opérations ont été exécutées durant l’année 2011, ciblant les milieux urbains (compétence territoriale de la police). Les zones sensibles ont été les plus ciblées par les brigades et autres unités de police, ce qui a permis l’identification de 715 895 personnes et l’arrestation de 22 462 jeunes impliqués dans des vols, agressions et autres délits.
Les trois-quarts des détenus ont moins de 30 ans
Pour sa part, M. Felliouane, directeur général des établissements pénitentiaires relevant du ministère de la Justice, a révélé avant-hier que 75% des prisonniers en Algérie ont moins de 30 ans. Un taux qui donne froid dans le dos. Pis, M. Fellioune a donné un autre détail alarmant : 35% des prisonniers sont des récidivistes, des repris de justice qui ont déjà «fréquenté» les prisons. Devant ces chiffres alarmants, il a rappellé les efforts consentis par son département dans le but de repêcher ces jeunes égarés. Pour cela, le ministère de la Justice a déployé un riche programme afin de permettre aux jeunes prisonniers de se réinsérer dans la société, à commencer par le droit aux études pour ceux qui sont étudiants, et un travail pour ceux qui sont au chômage. Les jeunes pénitenciers auront la chance de reprendre leur vie en main après un séjour en prison. D’ailleurs, M. Fellioune dira dans ce sens que son département est très confiant des résultats qui découleront des mesures prises en faveur des jeunes prisonniers.
Par Sofiane Abi