Le constat est accablant : le trafic de psychotropes et de résine de cannabis détruit des milliers de jeunes, de familles et des centaines d’élèves à l’intérieur des établissements scolaires.
Hier, lors d’un séminaire organisé par la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) à
Alger, les experts en la matière ont tiré, encore une fois, la sonnette d’alarme, pour tenter de sensibiliser les acteurs majeurs censés endiguer ce fléau qui gangrène la société algérienne.
L’heure est grave au vu des dégâts causés par ces produits aussi toxiques que mortels. L’oisiveté, qui ronge les populations, pousse davantage les jeunes à se disputer les territoires pour commercialiser et consommer ces poisons qui viennent de l’autre côté de nos frontières. Les chiffres sont effarants et les interventions sont, on ne peut plus, synonymes d’interpellations des pouvoirs publics, des familles, des écoles, des mosquées, des cités et des trafiquants de tous genres.
Au moins trois délinquants sur dix se droguent. Pis encore, au moins un drogué sur deux est prêt à commettre l’irréparable devant l’impasse qu’il vit au quotidien dans les situations de désespérance, de chômage et/ou de décrochage scolaire. Sous l’intitulé “La drogue et la violence en milieu des jeunes”, cette rencontre a eu le mérite de révéler les graves défaillances en matière de lutte contre les dangers qui guettent les jeunes. Le chef de sûreté de wilaya d’Alger, Noureddine Berachedi, a relevé que “ce fléau provoque des dégâts énormes chaque année dans le milieu des jeunes”.
Il indiquera que ses services ont enregistré, en 2014 à Alger, 4 359 affaires liées à la drogue, avec l’arrestation de plus de 5 400 personnes, dont 10% sont âgés de moins de 18 ans. En termes de saisie, 83 441 comprimés de psychotropes ont été récupérés sur des jeunes dealers et consommateurs. Les Cellules d’écoute et de l’action préventive (Ceap) de la DGSN peinent à contenir le flux de victimes en voie de sevrage. D’ailleurs, on relèvera que ces cellules ont accueilli, en 2014, plus de 260 jeunes toxicomanes et ont orienté 142 victimes vers les centres de désintoxication. D’où l’appel de la DGSN à la société civile pour une action participative et responsable afin de juguler ce fléau. Les chiffres de l’année 2014 sont révélateurs à travers les 48 wilayas et ont complètement chamboulé la courbe analytique. En effet, avec 135 tonnes de drogue et 800 000 comprimés de psychotropes saisis en 2014, les services de sécurité ont interpellé plus de 12 000 jeunes et moins jeunes, entre dealers et consommateurs. La population des mis en cause reste dominée par les personnes de sexe masculin (98,90%), âgées entre 18 et 40 ans (89,35%), ayant un niveau d’instruction moyen (60,36%) et sans profession (38,45%), sans compter les mineurs impliqués dans ces affaires criminelles. Résultat : ce trafic a sensiblement influé sur les sujets consommateurs qui recourent à la violence. Pour preuve, les experts ont relevé une hausse sensible des atteintes contre les personnes en milieu urbain, essentiellement dominées par les CBV (coups et blessures volontaires) avec plus de 12 000 cas, les homicides volontaires, la violence sur ascendants, les cambriolages de domiciles, la violence dans les stades et les agressions sur la voie publique. La tendance concerne également les atteintes contre la famille avec près de 2 000 cas chaque année. Signalons que la drogue est un facteur majeur qui contribue au phénomène de la violence dans les stades, avec 142 incidents, 151 véhicules saccagés, 600 blessés, 314 arrestations, dont 47 mineurs, en plus de la mort d’homme.
F. B.