Le phénomène des gangs en Algérie, nouvelle forme de délinquance, fait l’objet, pour la première fois, d’une étude analytique réalisée par le bureau d’analyse stratégique et opérationnelle de la DGSN.
Des quartiers se sont transformés, ces derniers temps, en théâtres de batailles rangées entre des gangs. Les délinquants ont créé un climat de terreur et d’insécurité, instaurant même leur loi.
Singularité de ces nouvelles «organisations » criminelles : elles sont équipées de sabres, de couteaux, d’objets contondants, de cocktails Molotov, de fusils-harpons, de fusils de signalement de bateaux, de bombes lacrymogènes et, surtout, de chiens d’attaque, comme les Pitbulls et les Rottweiler.
Conséquence : les affrontements entre bandes rivales sont caractérisés par une violence inouïe. «Chaque gang cherche à sceller pour toujours sa domination et son contrôle des terrains du trafic de stupéfiants», souligne le commissaire de police, Ahcene Oubad, chargé du bureau d’analyse stratégique et opérationnelle au niveau de la direction de la police judiciaire (DPJ).
Plusieurs bagarres violentes ont été enregistrées depuis le mois de Ramadhan à Alger, Tipaza et, dernièrement, à Annaba, à l’est du pays. Dans la capitale, une bagarre entre deux bandes criminelles armées à Belouizdad, a fini par la mort d’un innocent âgé de 14 ans.
Excédée, la population du quartier est sortie dans la rue. Ce qui a poussé les services de la sûreté de wilaya d’Alger à lancer un vrai travail «d’assainissement» dans les quartiers, réputés chauds. Les descentes en force des éléments de la police judiciaire ont ciblé le port d’arme qui a pris des proportions alarmantes. Elles se sont soldées par le démantèlement de plusieurs réseaux criminels et la saisie d’un arsenal d’armes blanches.
LE PHÉNOMÈNE A CONNU UNE HAUSSE DE 100% EN 2011
Les services de police ont enregistré durant l’année 2010, six cas d’affrontements. Les wilayas les plus touchées par ce phénomène en cette période, sont la capitale, Tipasa, Jijel et Tizi Ouzou. Le phénomène s’est même étendu à la wilaya de Béchar au sud-ouest du pays, connue, pourtant, comme étant une région calme.
Selon l’étude de la police, les affrontements entre gangs ont augmenté de 100% durant l’année 2011. Ainsi, un total de 15 cas d’affrontements entre gangs ont été enregistrés dans les wilayas d’Alger, Tipaza, Oran, Constantine, M’sila et Béchar. L’étude analytique de la DPJ a fait également ressortir que les membres de ces bandes criminelles, sont pour la plupart des repris de justice qui veulent occuper le terrain, surtout au niveau des nouveaux quartiers, afin d’imposer leur loi.
«Le refus de cohabitation entre les habitants, est aussi à l’origine de ces affrontements armés», note l’étude. Afin de lutter contre ce phénomène, le haut commandement de la DGSN a procédé à la mise en place «d’un plan d’action spécial» pour faire face à la violence urbaine et aux guerres des gangs dans plusieurs quartiers populaires, précise le commissaire Ahcene Oubad, qui ajoute que «des mesures ont été prises pour que ce nouveau phénomène ne s’étale pas à d’autres quartiers, à l’instar des incidents enregistrés à Belouizdad, dans la capitale et à Annaba».
Concernant l’action de la police pour contrecarrer ce phénomène, le commissaire de police explique que les services de police ont procédé à la mise à jour de la carte criminelle dans les régions touchées afin de prendre des mesures urgentes selon la spécificité de chaque zone. «Il s’agit d’un dispositif qui tend à préserver l’ordre public par l’occupation du terrain, un travail de proximité auprès des jeunes et leur environnement, dans une perspective de prévention au sens large du phénomène des gangs. Ainsi, la DGSN a dégagé deux axes de travail.
En premier lieu, l’organisation de campagnes de sensibilisation en direction des jeunes. «Cette mesure a été efficace», affirme l’officier supérieur. Résultat, «aucun incident n’a été enregistré depuis une année à Birtouta et Diar El Kef (Bab El Oued), qui ont été, à plusieurs reprises, le théâtre d’affrontements entre gangs», note le commissaire.
En second lieu, les services de police ont renforcé leur présence d’une façon permanente par le redéploiement des policiers dans ces quartiers et la multiplication des patrouilles au niveau des quartiers les plus touchés par cette délinquance. «Des descentes sont régulièrement effectuées par les éléments de la police judiciaire ciblant des foyers de la délinquance. Il y a aussi le travail de renseignement pour identifier les meneurs appartenant à un gang», conclut l’officier de police.
Neila B.