La DGSN prend en charge l’assainissement du marché informel Démissionnez, M. Benbada !

La DGSN prend en charge l’assainissement du marché informel Démissionnez, M. Benbada !
la-dgsn-prend-en-charge-lassainissement-du-marche-informel-demissionnez-m-benbada.jpg

De vastes opérations coup-de-poing sont menées par les forces de l’ordre depuis hier pour nettoyer les espaces publics des centaines de marchands informels et autres vendeurs à la sauvette. Des «cibles» que les éléments de la Sûreté nationale n’ont pas ratées. Le laisser-aller constaté durant le mois sacré de ramadhan a montré l’incompétence des services du ministère du Commerce et, à leur tête, le ministre à qui échoient le rôle et la responsabilité de réglementer le marché. Une fois encore, la politique de l’autruche est mise en avant pour solutionner un problème qui risque de mettre de l’huile sur le feu.

Les principales ruelles du quartier populaire de Belouizdad ont été restituées à leur usage original, à la faveur d’une vaste opération coup-depoing entreprise hier, tôt le matin, par les forces de l’ordre.

Les marchands informels qui squattaient les trottoirs de ce quartier populaire ont été expulsés des lieux par les services de sécurité. Les vendeurs à la sauvette ciblés par cette opération d’assainissement de l’espace public ont tenté de protester, avant de laisser les policiers accomplir leur mission.

La sûreté de wilaya d’Alger a lancé, hier, une vaste opération de lutte contre le commerce informel. Ainsi, un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé dans les ruelles du quartier populaire de Belouizdad, où est implanté le plus important site du commerce informel, en l’occurrence le marché dit «Thnach ».

Plusieurs éléments des brigades antiémeute ont été mobilisés pour les besoins de cette opération, enclenchée vers trois heures du matin, «sous la supervision du chef de daïra en personne », a indiqué une source sécuritaire. Plus d’une centaine de marchands ambulants avaient squatté depuis plusieurs années les rues et les trottoirs de ce quartier commercial, suscitant la colère des riverains et des gérants des commerces, y compris les grossistes et les locataires du marché couvert et de la grande surface.

Les vendeurs à la sauvette étalaient sur des charrettes ou à même le sol toutes sortes de produits alimentaires, lingerie, layettes, jouets, articles scolaires et autres gadgets d’importation. Certains commerçants informels s’adonnaient même à la vente de volaille sur pied, a-ton observé durant le ramadhan passé.

La majorité des ruelles du quartier populaire de Belouizdad, longtemps squattées par des marchands occasionnels en tous genres, a été «libérée» de ses indus occupants qui ont transformé, depuis belle lurette, ce quartier en un véritable bazar à ciel ouvert.

Leur présence, une menace pour les habitants La présence de ces vendeurs non déclarés dans ce quartier commercial a constitué également une menace pour la sécurité des habitants, qui n’ont eu de cesse de dénoncer la persistance d’une telle situation.

La plupart des habitants de ce quartier populaire ont applaudi cette opération. «C’est une très bonne initiative. On souffre depuis des années à cause des commerçants informels», a déclaré un habitant du quartier qui a suivi le déroulement de l’opération depuis le début. Et d’ajouter : «On ne pouvait même pas circuler dans les ruelles à cause de ces marchants informels.

Les milliers de femmes, habituées à passer la journée à flâner entre les étals du marché informel, sont partagées. «Dieu merci, on nous a débarrassé de cette anarchie !», s’est écriée une dame âgée, tandis qu’une autre affirmé regretter que ce soient «toujours les pauvres qui payent pour les riches. C’était le marché des pauvres ! Où allons-nous maintenant trouver des produits pas chers ?»

Un jeune n’en croyait pas ses yeux. «Mon Dieu ! Ils ont transformé le quartier en désert ! Je n’ai jamais vu ça depuis ma naissance». Les commerçants informels menacent de revenir aujourd’hui Les vendeurs, en petits groupes, étaient debout, à travers toutes les ruelles et les trottoirs du quartier. Même si aucune tension n’était visible et que chacun se tenait tranquillement dans son coin, les commentaires allaient bon train.

«Qu’on nous donne au moins du travail. On nous interdit de vendre, mais qu’allons-nous faire ? Voler ? Mendier ?», se lamentait un père de famille vivant du marché informel : «C’est le seul travail que j’ai trouvé.» Un jeune, remonté et persuadé qu’il réoccupera le trottoir, ne mâchait pas ses mots : «On nous dit : vous êtes des trabendistes.

Pourquoi ceux qui activent dans le centre commercial seraient-ils en règle ? Ils n’ont ni registre du commerce, ni factures, ni ne payent d’impôts. Ils revendent les produits ramenés de Chine et de Turquie dans des cabas.» Ce dernier a affirmé que «demain (NDLR, aujourd’hui), je reprendrai ma place», une décision soutenue par les autres vendeurs. Notons, enfin, qu’il y a eu deux interpellations et plus d’une centaine de commerces illicites démolie.

Les personnes interpellées ont été sommées de se soumettre à la réglementation, faute de quoi elles se retrouveraient derrière les barreaux, a-t-on appris auprès de quelques marchants ambulants. Alger comme dans d’autres villes du pays, les grands quartiers et les grandes artères sont occupés par des vendeurs «non autorisés» qui proposent à la vente tous types d’articles, y compris ceux périssables et dont la provenance n’est pas toujours précisée.

L’insécurité n’est pas le grand absent de ces lieux transformés en tout, sauf en marchés organisés. Des bagarres avec utilisation d’armes blanches ont souvent été enregistrées. Le problème ne concerne pas seulement Alger mais il est bien national, comme l’est le problème du chômage et celui de la baisse du pouvoir d’achat pour une large frange de la population.

Pour rappel, le ministère du Commerce avait annoncé, fin mars 2011, avoir recensé quelque 765 sites de commerce informel à travers le pays et dans lesquels activent plus de 75 000 commerçants occasionnels. La situation est loin de s’être améliorée depuis. Les pertes financières de l’Etat du fait de la formidable prolifération du commerce informel étaient estimées en 2011 à plus de 10 milliards d’euros par an, est-il noté.

Ce qui est loin d’être démenti par le ministre du Commerce qui avait avancé en 2011 des chiffres qui indiquent que les transactions sans factures durant les trois dernières années sont estimées à 155 milliards de dinars, soit un peu plus d’un milliard d’euros.

En mars 2011, M. Benbada avait, lors d’un colloque sur le commerce informel organisé par le Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (CARE), affirmé que la moitié du chiffre d’affaires des opérateurs économiques algériens provient de l’économie informelle.

Mohammed Zerrouki