Avec la chute de Morsi, c’est la chaîne de soutien aux «djihadistes» sévissant en Syrie qui perd un maillon. C’est également le prélude de la chute de «l’islamisme politique» et de la confrérie des frères musulmans dans le monde, malgré le soutien dont cette mouvance a bénéficié de la part de certains pays occidentaux.
En appelant les jeunes Egyptiens au «djihad» en Syrie, Morsi a perdu à la fois la confiance de son armée et de son peuple.
Les dizaines de millions d’Egyptiens que Morsi voulait voir se battre en Syrie se sont retournés contre l’auteur de cet appel.
La fermeture par Morsi de l’ambassade syrienne en Egypte a confirmé aux yeux des opposants à cet ex-président, les dérives de ce dernier qui suivait un chemin qui allait à l’encontre des intérêts communs de la Syrie et de l’Egypte.
Morsi a montré davantage d’intérêt à renforcer les effectifs de «djabhat Al Nosra» (front Al Nosra), organisation terroriste affiliée à Al Qaïda, que de lever le blocus sur Ghaza.
En quelque sorte, le même sort a été réservé à Morsi et au «cheikh» saoudien Al-Oreifi qui, presque simultanément, avait appelé, à partir du Caire, les jeunes Egyptiens à faire le «djihad» en Syrie.
L’appel lancé, ce «cheikh» saoudien s’est rendu, tout de suite après, à Londres pour passer des vacances, loin des bruits de la guerre.
Ce dernier a été pris à partie par des jeunes dans la capitale britannique. Morsi, lui, a été désavoué par des dizaines de millions d’Egyptiens.
Un même sort, en quelque sorte, pour deux individus qui ont tout fait pour faire perdurer les souffrances du peuple syrien, victime de mercenaires et de terroristes arrivés de plusieurs pays.
Morsi déchu, les partisans de la poursuite de la guerre en Syrie sont pris de panique, même si les régimes de certains pays, comme le régime saoudien, ont préféré faire dans l’hypocrisie la plus abjecte en exprimant leur soutien au peuple égyptien pour son choix, celui de destituer Morsi.
La «déception» chez les régimes favorables au soutien aux mercenaires et «djihadistes» qui commettent des massacres, en terre syrienne, est telle que des «mises en garde» sont lancées dans le souhait d’éviter «le scénario égyptien».
C’est le cas du régime d’Erdogan au pouvoir «islamiste» en Turquie qui a dénoncé ce qu’il a qualifié de «coup d’Etat militaire», le refus par le peuple égyptien de Morsi comme président.
En Tunisie, pays gouverné, actuellement, par le parti «islamiste» Ennahda, le départ de l’ex-président égyptien Mohamed Morsi est dénoncé avec autant de vigueur.
Le PJD (parti islamiste au pouvoir au Maroc) se joint aux «mécontents» et dénonce, lui également, par le biais de Abdallah Baha, ministre d’Etat (sans portefeuille) et compagnon de route du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, ce qu’il qualifie comme «coup d’Etat contre la légitimité démocratique».
Pourtant, le communiqué officiel du ministère marocain des Affaires étrangères n’a pas été aussi dénonciateur, puisque se contentant d’insister sur «la nécessité de préserver l’unité nationale de ce pays authentique, la sécurité de son peuple, sa stabilité et sa quiétude et de réaliser ses aspirations légitimes dans le cadre des principes de la liberté et de la démocratie».
Le mouvement «Tamarrod» en Tunisie
Le mouvement «Tamarrod» (rebelle) qui a joué un grand rôle dans la destitution de Mohamed Morsi, en Egypte, fait des émules en Tunisie.
Des Tunisiens ont lancé, avant-hier, au lendemain de la chute de Mohamed Morsi, leur propre version du mouvement.
Les animateurs du mouvement «Tamarrod», version tunisienne, réclament, déjà, la dissolution de l’assemblée constitutive tunisienne qui, est-il noté, n’a toujours pas adopté de Constitution.
Le mécontentement est dirigé contre notamment le pouvoir «islamiste» qui gouverne le pays depuis la «révolution du jasmin», premier acte de ce qui est qualifié de «printemps arabe».
Le parti «islamiste» Ennahda et le président tunisien Moncef El Merzouki ont refusé la répétition du «scénario égyptien» contre leur pouvoir, mais encouragés par la «réussite» des Egyptiens à renverser le pouvoir des Frères musulmans en Egypte, des Tunisiens semblent déterminés à «chasser du pouvoir» les «islamistes» tunisiens.
Mounir Abi