La démocratie etant devenue une revendication intrinsèque du Monde arabe,Obama revoit sa copie

La démocratie etant devenue une revendication intrinsèque du Monde arabe,Obama revoit sa copie

Le président américain Barack Obama s’est adressé jeudi, une seconde fois, aux peuples de « l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient » après qu’il l’eut fait une première fois au Caire le 4 juin 2009, soit 4 mois après sa prise de fonction à la Maison Blanche.

A priori, c’est le bouleversement de l’échiquier sociopolitique de la région qui motive la décision du président des Etats-Unis. Mais cette fois-ci Obama s’est bien gardé de faire le déplacement du Moyen-Orient, préférant prononcer son discours à partir de Washington, plus précisément du département d’Etat. Certainement il faut y lire un geste de retenue par rapport à un terrain glissant, étant entendu que les peuples auxquels il veut s’adresser, sont en révolution permanente et dont l’onde de choc continue encore à se propager.



Aussi Obama a dû s’apercevoir qu’au moment où il faisait ce discours du Caire, il avait à ses côtés un certain Hosni Moubarak, devenu entre-temps un des symboles même de la dictature et de l’oppression dans la région. Il fallait donc gommer ce discours hélas souillé par la présence d’un président déchu. Un discours pourtant présenté alors comme annonçant un changement majeur de la vision américaine envers le monde musulman. Le discours de jeudi se veut bel et bien comme la traduction de la volonté d’Obama de réviser sa copie après qu’il eut tiré le constat que les peuples, soupçonnés hier, de soumission et d’inertie sont devenus les acteurs du changement et les véritables bâtisseurs de la démocratie. Il prend aussi la mesure de la disparition de Ben Laden, et du coup, du terrorisme comme moyen de rétablir la justice humaine dans ces contrées réputées réfractaires au respect des droits de l’Homme. Il faut donc noter ce fait : Moubarak disparaît en même temps que le chef d’Al-Qaida. L’administration américaine se rend désormais compte que la démocratie est devenue une revendication intrinsèque des sociétés du Maghreb et du monde musulman alors qu’elle croyait auparavant que cette idée ne pouvait s’ancrer dans ces régions que par une imposition de l’extérieur, idée, on se souvient qui avait donné naissance au projet du GMO (Grand Moyen-Orient) qui visait à remodeler la région avec le soutien des Etats-Unis.

Si cette fois Obama va jusqu’à reconnaître le droit à l’existence d’un État palestinien dans les lignes de 1967, c’est qu’il sait que tôt ou tard, avec le nouveau rapport de force qui ne manquera pas d’émerger de l’irruption des peuples de la région sur la scène politique, c’est la cause palestinienne qui a tout à y gagner. Il sait que les blocages que connaît l’affaire palestinienne découlent en grande partie des dirigeants arabes illégitimes arc-boutés à des pouvoirs soutenus par l’étranger. Leur chute successive signifiant l’accélération du dénouement du conflit israélo-arabe dans une direction qui octroie davantage de droits aux Palestiniens.

Au demeurant Obama dans son discours de jeudi s’est paré des habits de justicier en parodiant, mais à rebours, le chef de l’Etat libyen El-Gueddafi qui avait menacé d’écraser « zenga, zenga » (rue par rue) ses concitoyens traités de rats. « Place après place, ville après ville, pays après pays, les citoyens se sont dressés pour revendiquer leurs droits fondamentaux » a déclaré le président des Etats-Unis. Obama s’affiche résolument aux côtés des humbles qu’il veut traiter avec le plus grand respect. Mieux Obama trouve des ressemblances entre l’acte désespéré de Mohammed Bouazizi, marchand ambulant qui a déclenché la révolution tunisienne et le mouvement de protestation de Boston contre le payement des taxes au roi, ou le mouvement des droits civiques dirigée par la Noire Rosa Parks.

Certes Obama ne prononce pas le nom de notre pays ni celui de notre voisin de l’Ouest mais le constat de carence est sans appel « dans trop de pays, le pouvoir est concentré entre les mains d’une petite minorité. Dans trop de pays, un citoyen comme ce jeune marchand n’a nulle part où se tourner – aucun système judiciaire honnête pour présenter son cas ; aucun média indépendant pour faire entendre sa voix ; aucun parti politique crédible pour représenter ses points de vue ; aucune élection libre et juste pour lui permettre de choisir son dirigeant ». Les Etats-Unis avertissent, les dirigeant se doivent de se plier à la volonté de leur peuple, dans le cas contraire, la déferlante finira par les emporter.

Par : LARBI GRAÏNE