La démission de Kuweidir Muftah, président de la Fédération libyenne de football, n’a pas été la conséquence d’une saute d’humeur ou la manifestation d’un ras-le-bol. Selon des sources bien informées, il s’agit tout simplement d’un chantage, la seule manœuvre qu’il a trouvée afin d’amener les autorités libyennes à se soumettre à ses exigences. En effet, la fédération traverse actuellement une crise financière aiguë qui a amené Kuweidir à réfléchir à un moyen de pression à même de lui permettre d’encaisser l’argent de l’un de ses sponsors principaux, l’opérateur de téléphonie mobile Libyana, indispensable pour organiser le grand tournoi international qu’il a programmé pour le Ramadhan. En effet, ce sponsor n’a versé, jusqu’à présent, qu’une seule tranche représentant le quart de sa contribution, ce qui est insuffisant pour couvrir les frais d’organisation du tournoi.
La fédération n’a pas de siège, en dépit de ses requêtes
Autre motif du mécontentement du président de la Fédération libyenne de football : l’inexistence d’un siège propre à son instance. Quand on sait que les travaux de l’assemblée générale élective de la fédération auront lieu dans moins d’un mois et qu’il y a une double confrontation importante qui attend la sélection libyenne contre l’Algérie en éliminatoires pour la CAN-2013, il est clair que son geste est loin d’être innocent. Cela fait des mois que Kuweidir envoie des requêtes au ministère libyen des Sports pour bénéficier d’un local décent pour ses activités, mais il n’y a eu aucune réponse, ce qui dénote du climat de tension qui règne entre la fédération et les autorités libyennes.
Un comité constitué pour gérer les affaires courantes
Sitôt que Kuweidir a annoncé sa démission, un comité de gestion provisoire, composé de six membres et présidé par Abdallah Aïssa, a été constitué afin de gérer les affaires courantes de la Fédération libyenne de football. Ce comité a des prérogatives limitées aux seules procédures administratives et un mandat provisoire jusqu’à la tenue de l’assemblée générale élective, prévue à la mi-août. Ce comité est en train, en parallèle, de mener des contacts avec Kuweidir afin d’essayer de le convaincre de revenir sur sa décision et de patienter jusqu’aux travaux de l’assemblée générale élective afin de ne pas provoquer une situation de crise au sein de l’instance fédérale, préjudiciable à la préparation de la sélection nationale libyenne.
Le Maroc, le Bénin, le Soudan et le Yémen invités pour le tournoi du Ramadhan
Concernant le tournoi que la Fédération libyenne de football compte organiser durant le mois de Ramadhan à Tripoli, et qui est sous la menace d’une annulation à cause du non-paiement, par Libyana, de la deuxième tranche du montant de sa participation, on apprend que Kuweidir Muftah a adressé des invitations à quatre sélections nationales : le Maroc, le Soudan, le Yémen et le Bénin, cette dernière étant l’un des adversaires de l’Algérie en éliminatoires pour le Mondial-2014. La Libye, elle, projette de prendre part à ce tournoi avec trois sélections : la A, la U23 et la U20 (celle-là même qui a battu son homologue algérienne 4-0 avant-hier en match de classement du Championnat arabe des U20).
Le tournoi du Ramadhan menacé d’annulation
Ce qui est certain, c’est que l’Algérie pourrait être le principal bénéficiaire de la crise qu’est en train de vivre la Fédération libyenne de football. En effet, le tournoi du Ramadhan, sur lequel compte beaucoup la sélection libyenne afin d’avoir du temps de jeu dans les jambes dans la perspective d’affronter les Verts, risque d’être tout simplement annulé, ce qui mettrait les deux sélections antagonistes sur un pied d’égalité en matière de manque de compétition avant leur double confrontation en septembre et octobre.
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Boudejaja (membre de la DEN libyenne) : «Kuweidir a démissionné pour une question d’argent»
Membre de la Direction des équipes nationales de la Fédération libyenne de football, Hocine Boudejaja est dans le désarroi. Il mesure la gravité de la situation suite à la démission annoncée par son président, Kuweidir Muftah et les fâcheuses conséquences qu’elle pourrait avoir sur les sélections libyennes. Il nous en parle.
On parle de vous comme probable gestionnaire de la Fédération libyenne de football après la démission de Kuweidir Muftah. Qu’en est-il au juste ?
Ces informations sont fausses. La raison en est simple : j’appartiens à la Direction des équipes nationales et je ne fais pas partie du comité désigné récemment pour gérer les affaires courantes de la fédération. Si j’avais été membre de ce comité, la chose aurait pu se faire, mais ce n’est pas le cas. Je suis en train de travailler le plus normalement du monde au sein de la DEN.
Est-ce vrai que la démission de Kuweidir était préméditée ?
La Fédération libyenne de football souffre de graves problèmes, financiers en premier lieu. C’est ce qui a amené son président à démissionner. La fédération n’a pas reçu la totalité de ce que lui doit l’opérateur de téléphonie mobile Libyana. De plus, la fédération n’a pas de siège pour ses activités.
Sont-ce les raisons qui ont poussé Kuweidir à démissionner ?
Oui. Il nous faudra travailler tous ensemble en Libye afin de trouver une issue à cette crise. Personnellement, je demande au ministère libyen de la Jeunesse et des Sports d’aider la fédération en ce moment difficile, surtout que la sélection libyenne va bientôt disputer une double confrontation en éliminatoires pour la CAN-2013 et celle des U20 se prépare à affronter la Tunisie en éliminatoires du Championnat d’Afrique de la catégorie qui aura lieu en Algérie l’année prochaine. Il faut aider la fédération afin que ces sélections ne soient pas pénalisées.
Avez-vous réussi à convaincre Kuweidir de renoncer à sa démission ?
Jusqu’au moment où je vous parle, pas encore. Nous essayons de le convaincre de continuer au moins jusqu’aux élections qui auront lieu après les jeux Olympiques de Londres.
Ne pensez-vous pas que le comité provisoire peut faire l’affaire ?
Le comité n’est pas mandaté pour prendre des décisions. Il s’occupe juste de gérer les affaires administratives. Il n’a pas le pouvoir et les prérogatives d’un président élu.
Est-ce à dire que la gestion au sein de la fédération est aléatoire ?
C’est trop fort de dire ça. Disons que la fédération vit dans le flou. Son avenir est également flou. C’est pour ça que Kuweidir doit poursuivre le travail qu’il a entamé.
Avez-vous désigné la date du début du tournoi du Ramadhan ?
Non, pas encore. Comme je viens de vous le dire, les choses ne sont pas claires. Nous ne savons même pas si ce tournoi est maintenu ou non. Jusqu’à cet instant, nous n’avons aucune décision officielle.
Entretien réalisé par
Billel G.