Paris redoute plus que tout les sables mouvants du Sahel. Une raison de plus de désirer entrer dans les bonnes grâces d’Alger, une puissance régionale sans laquelle rien de sérieux ni de durable ne saurait être envisagé.
Qui l’eut cru ? Le gentil et très sociable président français, François Hollande, serait entré dans une colère noire envers certains de ses ministres.
Le Journal « Le Canard Enchaîné », dont les révélations font très souvent mouche, et qui se prend bien peu de claques sur le bec, révèle ainsi dans son édition d’hier qu’Hollande aurait vertement tancé son chef de la diplomatie après qu’il ait eu la sulfureuse gentille maladresse de « remercier les autorités algériennes pour avoir (prétendument) permis aux chasseurs français de traverser son espace aérien avant de s’en aller mener leurs raids au Mali ».
Il a été révélé par la suite, comme annoncé en exclusivité par le magazine «Jeune Afrique», que les rafales français ne sont jamais passés par l’espace aérien algérien, mais par celui de nos voisins marocains.

Ces derniers, au reste, ne se sont gênés pour le confirmer et pour soutenir l’offensive militaire française menée au Mali, trop heureux qu’ils étaient de fourrer leur nez dans les affaires du Sahel, alors que les pays du champ que sont l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie se sont toujours tenus à l’écart pour le bien de tous.
Bref, pour revenir à la croustillante révélation faite par le journal «Le Canard Enchaîné», le président français se serait exclamé en ces termes : «vous n’êtes pas des experts militaires, alors vous n’avez pas à donner de détails militaires ». ce qui veut dire en termes un peu plus clairs, «vous feriez mieux de la fermer ».
Fabius, chef de la diplomatie, ayant même occupé le poste de Premier ministre, n’est pas censé ignorer que ce genre de sujets ultra-sensibles ne doivent absolument pas être abordés à la légère, et encore moins faire l’objet de déclarations publiques aléatoires erronées, voire carrément mensongères.
Alger, qui avait également réagi à la sortie de Fabius par la voix de notre Premier ministre, Abdelmalek Sellal lors d’une conférence de presse animée dans le courant de la semaine passée, s’était gardé de gêner Paris en démentant ses propos, se contentant juste de répliquer que si cela était vraiment le cas il ne s’agit nullement d’une violation de notre espace aérien ni d’une quelconque humiliation, puisqu’il est simplement question de se plier à une résolution adoptée en bonne et due forme par le Conseil de sécurité de l’ONU. Seul un État-voyou aurait pu s’y opposer.
Or, non seulement l’Algérie a toujours mis un soin méticuleux à respecter à la lettre le droit international, ainsi que l’ensemble des conventions ratifiées par elle, mais en plus il est de notoriété publique qu’elle se trouve nettement à l’avantgarde en matière de lutte contre le terrorisme, quelle qu’en soit la forme, l’origine ou les buts.
Wassim Benrabah