Détenu depuis fin août à la prison militaire de Blida en instance d’une instruction qui a tardé à s’ouvrir, l’ancien chef du Service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat), le général Abdelkader Aït Ourabi, dit Hassen, sera jugé à Oran. Son avocat, Me Mokrane Aït Larbi, l’a annoncé hier dans un communiqué.
“Le vice-ministre de la Défense a désigné sur la base de l’article 30 du code de justice militaire le tribunal militaire d’Oran comme juridiction compétente pour juger le général Hassen. En application de cette décision, le juge d’instruction du tribunal militaire de Blida s’est dessaisi du dossier au profit du tribunal militaire d’Oran”, a-t-il indiqué.
La désignation d’une juridiction pour instruire les faits reprochés au général Hassen met ainsi fin au moins à l’attente qui a duré près de trois mois, angoissant aussi bien le concerné que sa famille et l’opinion publique. Une situation nourrie autant par les conditions de son arrestation que le rejet du tribunal de Blida de la demande de constitution de son avocat Me Abdelmadjid
Sellini.
En effet, l’arrestation de ce général, le plus décoré de l’armée depuis sa création, est intervenue dans un contexte de tensions au sommet de l’État aggravées par un silence institutionnel accréditant des thèses conspirationnistes de règlement de comptes entre généraux rivaux.
Des limogeages en série d’officiers généraux ont précédé le rattachement de plusieurs structures du puissant Département de renseignement et de sécurité (DRS) à l’état-major de l’ANP dans ce qui s’apparentait à la préparation de terrain en vue de la destitution de l’influent “Toufik”, Mohamed Mediene de son vrai nom. Une opération que la communication officielle a qualifiée de “restructuration” un mois après le limogeage de ce
dernier.
Quant aux faits reprochés au général Hassen, c’était aussi le flou avant que Me Aït Larbi ne prenne sa défense. Les informations qui ont fuité après son incarcération, le 27 août 2015, ont évoqué “la constitution de bandes armées, de fausses déclarations sur le stock d’armes en sa possession, rétention d’informations et mensonges”. Selon les mêmes informations, ces chefs d’inculpation ont été retenus contre lui sur la base des aveux de personnes arrêtées dans le cadre de l’enquête sur la prise d’otages de Tiguentourine. Me Aït Larbi a précisé dans une précédente déclaration qu’il s’agit de “destruction de documents et infractions aux consignes”.
En tout cas, Me Aït Larbi, qui a introduit en vain une demande de liberté provisoire pour son client, a dénoncé dès sa constitution la violation du code de procédure pénale lors de son arrestation. Le dossier médical du général ainsi que son passé fait de 51 ans de service mis en avant comme garanties par l’avocat, n’ont pas été jugés suffisants.