C’est le paysage politique qui sera totalement redessiné à la faveur de cette élection qui annonce des retournements de situation inédits.
Le mois sacré du Ramadhan ne dicte pas seulement les habitudes alimentaires, les horaires de travail et les dates des examens. Il impose aussi son agenda politique. Selon des sources gouvernementales, les prochaines élections législatives auront lieu le 27 avril prochain, soit 20 jours d’avance par rapport à celles de 2012 qui se sont déroulées le 17 mai. C’est parce que le Ramadhan de cette année aura lieu à la mi-mai, les autorités ont préféré décaler ce rendez-vous électoral.
On ne vote pas le ventre creux. «Non, c’est parce que la fraude électorale relève du péché capital durant le Ramadhan», ironise un confrère. «Et puis, on ne peut pas imaginer une opération électorale sans le fameux rituel des sandwichs au poulet. Il y a des fonctionnaires de partis qui bavent rien qu’à évoquer un rendez-vous électoral, c’est pavlovien», appuie le même confrère avant de trancher «et vous voulez organiser des élections durant le Ramadhan?».
Ceci pour la forme, dans le fond, la périodicité du scrutin est respectée et c’est l’essentiel dans un processus démocratique en construction. Si l’on tient compte de la loi organique portant régime électoral, elle stipule dans son article 25 que la convocation du corps électoral a lieu dans les trois mois qui précèdent la date des élections. En d’autres termes, cette convocation se fera à la fin du mois de janvier 2017, c’est-à-dire dans moins de deux mois.
Le tableau de bord étant fixé, il faut s’attendre à ce que les partis accélèrent la cadence par un redéploiement plus présent sur le terrain.
Le premier écueil à dépasser est celui de la loi électorale qui exige des partis politiques un seuil de 4% de votes en leur faveur lors des dernières élections législatives et locales.
Une véritable barrière politique à franchir si les prétendants veulent prendre part aux échéances électorales à venir. A l’évidence, pour le FLN et le RND, cet écueil n’existe pas. Ils partent de ce fait avec une légère avance sur les autres formations politiques. En attendant les textes d’application de cette loi qui demeure floue aux yeux de l’opposition, le FLN et le RND vont se li-vrer une guerre sans dentelle.
Nos sources indiquent que le gouvernement sera formé par le parti qui aura la majorité parlementaire. C’est en réalité tout le paysage politique qui sera totalement redessiné à la faveur de cette élection qui annonce des retournements de situation inédits. Il n’est pas exclu en effet, de voir des alliances que vont contracter les partis dits d’opposition avec le RND particulièrement.
Le but étant de diminuer «l’hégémonisme» du FLN sur les institutions élues dont il a actuellement la majorité. Cela étant, la tâche ne sera pas aisée, aussi bien pour l’Assemblée qui sera issue de cette élection que pour le gouvernement qui en découlera. De l’avis de la quasi-totalité des responsables politiques, des observateurs et des spécialistes, la situation financière et économique du pays sera extrêmement difficile avec ce que cela suppose comme mécontentements et perturbations sociaux. Certes, l’Algérie ne sera pas un amas de ruines au lendemain de cette élection, mais les défis sont grands.
Le nouveau gouvernement qui sera issu de la majorité parlementaire devra affronter une crise exceptionnelle avec la chute des cours des hydrocarbures. Comment convaincre les population habituées à une relative opulence de serrer la ceinture? Comment et qui osera des réformes douloureuses à court terme, mais porteuses d’espoir à moyen terme?
Quand de hauts responsables de l’Etat qu’on croyait innombrables dans leur optimisme s’épanchent en confidences nocturnes que «la situation du pays est désespérée», il va falloir alors identifier les hommes qui doivent gérer la situation avant de recenser les priorités. Les potentialités humaines qualifiées existent pour peu qu’on les sollicite, mais avec sincérité, cette intelligentsia silencieuse.