Une vue de la prison de Serkadji
La justice a levé le voile sur le lieu de détention d’El Para.
Abderazak El Para, de son vrai nom Amari Saïfi, également surnommé Abou Haydara, «se trouve à la maison d’arrêt de Sarkadji», a affirmé hier Belkacem Zeghmati, procureur général près la cour d’Alger, qui s’exprimait en marge de l’installation officielle du nouveau président de la cour d’Alger, Brahimi Slimane en remplacement de Hamdane Abdelkader, et en présence de la présidente du Conseil d’Etat, Fella Henni, chargée par le ministre de la Justice garde des Sceaux, «de présider cette cérémonie d’installation».
Ainsi, Hassan Hattab est sous le régime de la résidence surveillée tandis que son acolyte, El Para sous mandat de dépôt, en détention préventive, à la prison de Serkadji. Ce dernier, pour rappel, a été plusieurs fois condamné par contumace. Dans le cas d’El Para, tous les jugements seront automatiquement annulés et une autre procédure judiciaire sera engagée par le parquet. Or, à la question de savoir si les affaires impliquant El Para seront programmées lors de la prochaine session, le procureur général, s’est contenté d’indiquer que «cela dépendra du rôle».
Une réponse vague car, le rôle n’est que la liste des affaires programmées par le parquet. Dès lors, l’hésitation du procureur sur le jugement d’El Para, enfin entre les mains de la justice, n’est pas pour éclaircir les choses. Auparavant, à chacun des procès dans lesquels Hassan Hattab et El Para étaient cités, ils étaient absents. El Para a toujours été jugé par contumace, donc, considéré comme étant en fuite.
Il a fallu attendre la levée de l’état d’urgence et l’entrée en vigueur de l’ordonnance portant amendement du Code de procédure pénale, pour voir El Para, et Hassan Hattab présentés à la justice, au même titre que trois autres chefs terroristes, dont Athmane Touati, dit Abou El Abbas, l’officier exégète et membre fondateur du Gspc. Ce sont les premiers terroristes sur lesquels les nouvelles dispositions du Code de procédure pénale sont appliquées. Celles-ci prévoient dès l’inculpation, soit le mandat de dépôt et donc l’incarcération, soit l’assignation à résidence, décidée par le juge d’instruction territorialement compétent, et sous son contrôle pour une période de trois mois, renouvelable trois fois au maximum.
Les procédures judiciaires engagées dans le cadre de cette affaire ont débuté avant qu’El Para ne soit remis aux autorités algériennes. Ce dernier est impliqué dans plusieurs attentats et embuscades terroristes contre l’ANP et les services de sécurité ainsi que des enlèvements de touristes étrangers contre le versement de rançons et l’envoi depuis Kidal des lots d’armes aux maquis du Nord.
43 militaires furent assassinés dans une embuscade tendue par le groupe d’El Para près de Batna en janvier 2003. Entre février et mars de la même année, plusieurs groupes de touristes ont fait l’objet d’enlèvement dans le sud de l’Algérie par le groupe d’El Para. 14 touristes sont libérés contre une rançon de 4,6 millions d’euros d’après la télévision publique allemande ARD. On aura attendu longtemps pour que la situation se clarifie. Cependant, le flou persiste encore. El Para avait été remis par les services libyens aux autorités algériennes en 2005, après son arrestation par les rebelles tchadiens en 2004.