La culture comme levier de résistance

La culture comme levier de résistance

Dans toutes les villes d’Algérie, beaucoup de citoyens, notamment les jeunes, ont investi l’espace public pour y déployer leurs talents en même temps que leur ras-le-bol. Et chacun s’y est adonné à cœur joie en s’exprimant par son corps, sa plume, son dessin, son slogan, sa musique, son poème…

En cette période cruciale que vit l’Algérie, pour ne pas dire un tournant décisif pour l’avenir de ses citoyens, il nous paraît capital de parler culture comme secteur important et vecteur nécessaire pour une transition efficace, et de réfléchir à sa démocratisation.

La culture étant une constituante essentielle du développement global d’une société, aller vers une démocratie culturelle – peut-être que certains préfèrent parler de développement culturel- ne peut se faire si nous n’avons pas une véritable politique culturelle qui aurait pour objectif, comme le stipule l’Unesco “la mise en œuvre de l’ensemble des moyens capables de développer les possibilités d’expression et d’assurer la liberté de celle-ci. Il s’agit de reconnaître à l’homme le droit d’être auteur de modes de vie et de pratiques sociales qui aient signification. Il y a en conséquence lieu de ménager les conditions de la créativité où qu’elles se situent, de reconnaître la diversité culturelle en garantissant l’existence et le développement des milieux les plus faibles…”.

Sur le terrain, au quotidien et dans toutes les villes d’Algérie, beaucoup de citoyens, et notamment les jeunes, ont investi l’espace public pour y déployer leurs talents en même temps que leur ras-le-bol.

Et chacun s’y est adonné à cœur joie en s’exprimant par son corps, par sa plume, par son dessin, par son slogan, par sa musique, par son poème… Une manière de dire qu’ils sont là et que des actions concrètes s’imposent sur le terrain. De ces talents explosés sortiront sans nul doute des noms qui feront date. Mais le souci actuel est de rendre justice à la culture en permettant au citoyen lambda d’y avoir accès en procédant à une nécessaire “décentralisation” et à une réelle ouverture au “pluralisme” culturel qui permettrait à tout citoyen d’en être aussi acteur s’il le veut et pas seulement un spectateur à qui on imposerait quelque chose dans laquelle il ne se reconnaît pas, ou pour laquelle on ne lui a pas fourni l’éducation, les moyens ou la formation nécessaires pour l’accepter, ou au moins accepter d’y goûter.  En ce sens, la culture devrait être intégrée à la vie quotidienne du citoyen par le renforcement de l’éducation et la sensibilisation aux arts et aux métiers de l’art en facilitant leur accès et surtout en faisant participer le citoyen à la vie culturelle et artistique comme cela se passe actuellement où nous avons droit à des spectacles de rues, à des performances musicales, déclamation de poésie, ou autres prouesses artistiques en tous genres dans un cadre convivial et serein malgré la tension. Ainsi, la culture devient comme le stipule encore une fois l’Unesco : “Une façon de se comporter avec soi-même, ses semblables, la nature ; elle n’est pas seulement un domaine qu’il convient de démocratiser, mais elle est devenue une démocratie à mettre en marche.” Alors, marchons tous vers cette démocratie culturelle qui va nous rassembler.

Samira Bendris-Oulebsir