La CTRF a pour mission de lutter contre le blanchiment d’argent,Le renseignement financier, rempart contre la corruption ?

La CTRF a pour mission de lutter contre le blanchiment d’argent,Le renseignement financier, rempart contre la corruption ?

La Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) est une autorité publique rattachée au ministère des Finances qui a pour prérogatives de prévenir et de lutter contre le financement du terrorisme ou le blanchiment d’argent. Les missions de la CTRF viennent d’être recadrées par un décret exécutif portant le numéro 13-157, publié au Journal officiel le 28 avril.

Le texte modifiant et complétant celui de 2002 portant création et organisation de la CTRF, précise que la cellule est une autorité administrative indépendante, jouissant de la personnalité morale et de l’autonomie financière placée auprès du ministre chargé des Finances. Ce décret énonce également dans son article 5/bis que «la cellule peut émettre des lignes directrices et des lignes de conduite en relation avec les institutions et organes ayant le pouvoir de régulation, de contrôle et de surveillance dans le cadre de la prévention et la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme». Ainsi, la cellule peut conclure des protocoles d’accords et d’échanges d’informations avec les autorités compétentes telles que définies par la loi de février 2005 relative à la prévention et la lutte contre le blanchiment de capitaux et financement du terrorisme. Le président de la CRTF, Abdenour Hibouche, avait déclaré en mars dernier que le nombre de déclarations de soupçon est passé de 11 en 2005 à 1 083 en 2010, puis à 1 576 en 2011 avant d’atteindre 1 373 en 2012, précisant que ces déclarations de soupçon proviennent des banques. Le premier responsable de la cellule avait également précisé que toutes les professions non financières doivent s’impliquer dans le dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent, à savoir les avocats, les notaires, les commissaires aux comptes, les experts comptables, les commissionnaires en douanes, les agences immobilières, les concessionnaires automobiles, puisque la loi le leur permet. Toujours dans le même registre, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a pour sa part appelé la presse nationale à ne pas confondre entre dénonciation de la corruption et déstabilisation des entreprises nationales comme le groupe Sonatrach. «Je ne permettrai pas qu’on déstabilise les entreprises nationales sous couvert de la dénonciation de la corruption», a affirmé Yousfi au cours d’une rencontre avec la presse nationale. «Dénoncer la corruption, oui. Mener les fautifs en prison, oui. Mais déstabiliser les entreprises, je ne le permettrai pas. Je fais appel à vous pour comprendre (la situation) et éviter l’amalgame», a-t-il confié, ajoutant que certains écrits de la presse nationale sur les affaires de corruption au sein de Sonatrach commençaient réellement à dé-stabiliser le groupe pétrolier et affecter le moral de ses employés. «Nous ne sommes pas des corrompus et je ne permettrai pas de traiter les travailleurs et les cadres de ce secteur comme étant des corrompus», a-t-il rectifié. Yousfi a précisé par ailleurs que «la justice est saisie, il y a des personnes qui ont fauté et qui doivent payer et la justice doit traiter ces affaires avec la sérénité voulue et au rythme qu’elle décide elle-même de sui-vre». Pour autant, il affirme que la corruption est un mal qu’il faut absolument combattre avec toute la rigueur et la détermination nécessaires, sans relâche et sans faiblesse. Rappelons que le parquet d’Alger avait ordonné le 10 février dernier, dans le cadre de l’affaire Sonatrach 2, l’ouverture d’une enquête sur d’éventuels faits de corruption liés à des contrats entre le géant énergétique italien Eni et la Sonatrach, après l’ouverture d’une enquête judiciaire sur ce dossier par le parquet de Milan (Italie). La première affaire dite Sonatrach 1 concerne plusieurs dirigeants du groupe pétrolier dont le P-DG, Mohamed Meziane. La justice algérienne attend les conclusions des commissions rogatoires internationales sur d’éventuelles implications de personnalités algériennes.

Y. Madi