Écrit par Hichem Laloui
Plus de dix jours après l’ouverture des hostilités entre Saïd Bouhadja, président de l’Assemblée populaire nationale (APN), et les députés de la majorité parlementaire composée des élus du FLN, RND, MPA, TAJ et des Indépendants, rien n’est venu remettre de l’ordre à la Chambre basse du Parlement.
Ce bras de fer engagé par la majorité pour obtenir la capitulation du 3e personnage de l’Etat s’éternise et le concerné semble, de plus en plus, décidé à camper sur sa position et ne pas céder à la «pression».
Ainsi, le flou continue d’entourer cette affaire qui n’a pas livré tous ses secrets. Même les parlementaires engagés dans cette bataille ne savent plus où donner de la tête. Les plus résolus d’entre eux croient, dur comme fer, que Saïd Bouhadja finira par rendre le tablier. Quand ? Les élus du peuple n’y répondent pas ! Le flou est d’autant total à l’hémicycle Zighout-Youcef que certains élus ignorent jusqu’à l’objet de cette fronde contre celui qu’ils ont élu à la majorité en mai 2017. L’échec des tentatives des députés à mettre hors circuit Saïd Bouhadja n’a pas pour autant sonné la fin des hostilités. Ce sont, quelques jours après le déclenchement de l’affaire, les secrétaires généraux des partis de la majorité présidentielle qui se sont mis de la partie pour apporter de l’eau au moulin des députés anti-Bouhadja. Après Djamel Ould Abbès, secrétaire général du FLN, qui a ouvert les hostilités contre le président de l’APN en menaçant même, depuis Béchar, de lui ôter la couverture politique, c’est Ahmed Ouyahia qui a pris le relais au début de cette semaine. La sortie d’Ouyahia est venue après celle d’Amar Ghoul et d’Amara Benyounès.
Le secrétaire général du RND, et également Premier ministre, a appelé le président de l’APN à démissionner en le brocardant sciemment pour plus de pression, sans résultat. Mais rien n’y fait, Saïd Bouhadja est toujours dans son bureau pour gérer les affaires courantes, malgré le blocage et le gel de toutes les activités du Parlement. Parallèlement à la position des uns et des autres, c’est l’avenir immédiat de cette institution qui pose un véritable problème si le bras de fer venait à perdurer encore, d’autant qu’une loi de Finances complémentaire sommeille dans les tiroirs de l’Assemblée et que des activités importantes sont complètement gelées. Qu’adviendra-t-il de l’Assemblée, porte-voix du peuple ? Même si Ahmed Ouyahia a écarté l’option de la dissolution de l’Assemblée, celle-ci pourrait s’imposer si la crise perdure. Ainsi, l’institution ne peut rester en rade de la vie politique nationale malgré la loi qui permet au chef de l’Etat d’agir par ordonnance. Sans nul doute, le Président le fera quand l’urgence l’imposera.
En attendant, même les tentatives de médiations du MSP, de l’ANR et même des indépendants ont été vouées à l’échec, puisqu’elles n’intéressent ni le président de l’APN, puisqu’elles éludent, selon lui, le caractère illégal de la fronde, et encore moins les députés de la majorité qui pensent, tout bonnement, que l’opposition parlementaire ne pourra peser sur la balance du fait qu’elle est minoritaire. Mouaâd Bouchareb, chef du groupe parlementaire du FLN, a déclaré, à ce propos, qu’il «rejette toute médiation» avec le président de l’APN, qualifiant de «mort-nées» les initiatives émanant de certains partis. Devant ce dilemme, Saïd Bouhadja restera-t-il coller à son poste de président quitte à provoquer un long blocage de l’institution ? Ses adversaires resteront-ils sur leur position en persistant à exiger le départ de Saïd Bouhadja ? Difficile d’avancer le moindre pronostic sur une probable évolution des positions des uns ou des autres. Mais tout plaide pour la persistance du conflit et de la confusion à quelques mois seulement d’une consultation électorale importante pour le pays.