La crise du lait n’est pas encore terminée, bien au contraire. Les minimes quantités importées juste avant la fête de l’Aïd El Adha ne suffisent pas à couvrir les besoins exprimés au niveau national.
Si la tension a légèrement baissé au niveau de la capitale et des régions du centre, la crise persiste toujours dans les autres régions du pays où le sachet de lait a tout simplement disparu des étals.
«On a importé une première quantité de 1500 tonnes qu’on a distribuées au centre et à l’est du pays. A Alger, trois laiteries du secteur privé ont obtenu de petits quotas de poudre de lait en plus des unités de production relevant du secteur public qui sont opérationnelles 24h sur 24h.
Mais cela ne durera que quelques jours avant de voir encore le lait en sachet disparaître des étals», affirme Abdelouahab Ziani, président de la fédération agroalimentaire.
Notre interlocuteur relève le déséquilibre en matière de quotas de poudre de lait distribués aux unités qui, selon lui, peut influer négativement sur la production. «A Alger, on a livré la poudre à 26% de matières grasses mais pas celle à 0%, alors qu’on a fait l’inverse pour la région de Annaba. Du coup, ce sont les producteurs privés qui sont une fois encore pénalisés», a-t-il ajouté.
«Trop de mensonges dans la gestion du dossier»
M. Ziani affirme que les discussions ont été interrompues avec l’Onil pour manquement à ses engagements. «Il y a eu trop de mensonges concernant la gestion de la filière, en plus du non-respect des engagements de la part de l’Onil. Dans un passé récent, nous avons tracé un programme de distribution de quotas de poudre pour chaque laiterie.
Nous constatons qu’en plus de la discrimination, l’Onil ne donne pas la poudre aux unités de production et les oblige à payer une poudre qu’ils ne reçoivent pas», a-t-il précisé. Il n’hésite pas à tirer encore sur le conseil interprofessionnel du lait (CIL), qui, selon lui, ne joue pas son rôle.
«C’est censé être un milieu de concertation mais nous avons constaté que nos propositions pour faire avancer la filière ne sont jamais prises en compte», dit-il. Pour lui, l’année 2011 va être «plus difficile».
«Le programme initial prévoit l’importation de 130 millions de tonnes annuellement, mais là, nous ne savons plus ce qui s’est passé. La gestion de la filière a été très défaillante», a-t-il souligné.
A propos de ceux qui accusent les producteurs de détournement de poudre de lait, M. Ziani estime que les services du contrôle sont à pied d’œuvre. «Celui qui détourne la poudre ira en prison et les services de contrôle sont intransigeants sur ça», a-t-il indiqué.
L’Onil ne reçoit pas les producteurs
Désespérés, les producteurs de lait ne voient pas le bout du tunnel. «Il y a d’autres moyens que nous ne maîtrisons pas pour pouvoir avoir cette poudre dans la mesure où il ne s’agit pas d’être enregistré dans le fichier de l’Onil ou encore celui des services de la direction du commerce. Sinon, comment expliquer que toutes les laiteries soient privées de poudre pendant tous ces mois», a-t-il ajouté.
Manque d’approvisionnement en poudre, harcèlement de la banque pour le payement des crédits contractés, des ouvriers au chômage et bien d’autres tracasseries torturent les esprits des producteurs de lait qui ne pensent pas que la crise soit de sitôt jugulée. «Je pense au suicide. Je ne peux plus résister à cette pression quotidienne.
C’est insupportable», nous avoue un autre producteur de l’intérieur du pays. N’ayant pas eu la chance de bénéficier du quota de poudre depuis le mois de septembre alors qu’il a honoré ses engagements financiers, un autre producteur ne sait plus à quel saint se vouer.
Les producteurs tentent depuis dimanche de rencontrer les responsables de l’Onil. «Nous sommes restés de 9 heures à 17 heures pour qu’on nous informe que le DG est absent et qu’il ne reçoit plus. Je suis rentré bredouille», dira-t-il.
Nouria Bourihane