La crise du lait est loin d’être résolue. Plusieurs signes augurent d’ores et déjà d’une pénurie de longue durée, notamment en ce qui concerne le lait UHT ou encore le lait en poudre, plus nutritif que le lait en sachet qui n’est en fait que de «l’eau blanche».
Selon l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), la pénurie du lait risque de rebondir si les opérateurs du secteur, notamment les transformateurs du lait en poudre et les distributeurs, continuent à ne pas respecter la loi.
Contacté hier par nos soins, le porte-parole de l’UGCAA, M. Boulenouar, a estimé que malgré l’amélioration du service de la distribution des sachets de lait pasteurisé, un manque flagrant est enregistré, notamment dans certaines régions, où ce produit indispensable n’est disponible qu’un jour sur deux. Résultat, la demande augmente et les producteurs n’arrivent pas à réaliser la capacité fixée,
à cause, selon eux, du manque de poudre du lait. Dans ce cadre, le porte-parole de l’UGCAA explique que les transformateurs ne respectent pas les normes exigées dans la production du lait en sachet, où au mois 30% en lait cru devraient être ajoutés.
Une question qui a longtemps intrigué la Fédération algérienne des consommateurs et l’a poussée à effectuer des analyses aux laboratoires Afaq, à Oran. Ces analyses ont révélé qu’effectivement, le lait en sachet largement consommé dans le pays n’est que de «l’eau blanche», car la quantité de lait en poudre utilisé est insignifiante par rapport à la quantité d’eau.
Donc ce lait ne répond à aucune norme de qualité et n’a aucune valeur nutritive (pas de calcium, élément important dans la formation des dents).
Cette découverte qui a choqué plus d’un révèle de l’inconscience des opérateurs, mais aussi du vide juridique en matière de rationnement de la poudre de lait que contient un sachet de lait, comme l’a bien précisé le président de la fédération, Zaki Harir.
Vu que les consommateurs algériens ont pris conscience que le lait en sachet n’a aucune valeur nutritionnelle, ils se sont rabattus sur le lait UHT et le lait cru, qui n’est malheureusement pas suffisamment disponible.
Le contrôle des usines doit être rigoureux
Cette situation encourage, par ailleurs, les spéculations et incite les importateurs, tout comme les producteurs d’ailleurs, qui essayent de développer le lait UHT, à imposer leur prix. M. Boulenouar estime, pour sa part, qu’il est temps d’encourager la production du lait cru. A cet effet, l’UGCAA salue les mesures prises par les pouvoirs publics, dans le cadre de la loi de finances 2011. Il ajoute que le contrôle des usines doit être rigoureux et de façon continue
afin d’obliger les producteurs à respecter leurs engagements vis-à-vis des pouvoirs publics et d’arrêter de détourner la poudre destinée à la production du lait en sachet subventionné pour la fabrication de divers produits laitiers plus rentables, comme le yaourt, le fromage ou encore le petit-lait. Les ministères de l’Agriculture et du Commerce sont plus que jamais interpellés, dira Boulenouar,
afin d’instaurer dans les plus brefs délais des normes unifiées en matière de production de lait en sachet. Rappelons dans le même contexte que le feuilleton de la crise du lait perdure depuis trois ans déjà, soit depuis 2007. L’Etat, via l’Office interprofessionnel du lait (Onil), arrive toujours à jouer le rôle de pompier, mais la situation qui perdure exige des mesures adéquates, étudiées et surtout durables.
Par Samira Azzegag