C’est la cacophonie au sein du FLN. La crise est bien là, en dépit des déclarations optimistes et des intentions à peine voilées. Avec le dernier épisode du BP contre Belayat, le parti présidé par Bouteflika, mais sans SG depuis le 31 janvier 2013, vit des heures sombres.
Il se retrouve aujourd’hui avec, non plus deux ou trois tendances, mais plusieurs sensibilités prêtes à tout exploser le moment venu. Dans les milieux du parti, on estime que la crise risque de durer encore assez longtemps, du moment que les désaccords vont ouvrir de nouveaux fronts ou aller vers des batailles insoupçonnées.
C’est ainsi qu’on ressent déjà au sein des instances et appareils du FLN des fissures et des inimitiés qui s’entrecroisent avec les intérêts étroits et les ego politiques, d’autant que la présidentielle d’avril prochain aiguise les appétits, accentue les humeurs et forcent les gens à passer aux apéritifs idéologiques.
Tout le monde pense que si un ou deux anciens SG du FLN déposent leurs candidatures, c’est l’éclatement du vieux parti, qui va reproduire le même schéma qu’il a connu en 2003 et 2004. Pour certains, le FLN affaibli est disloqué, non pas à cause du retrait de confiance à Belkhadem, mais bien avant, avec l’émergence d’un mouvement de redressement regroupant des dizaines parmi les meilleurs et les plus aguerris cadres du parti.

Une première crise dite organique et idéologique qui a surgi lors du Congrès de 2009, avant qu’elle ne soit rattrapée par l’autre fronde des membres du Comité central, lors de la confection des listes de candidats pour les législatives de 2012. Des crises qui sédimentent sur les bases fragiles du parti, en le mettant pratiquement hors course des scènes politiques et des débats importants qui agitent la société.
Certains cadres craignent que cette situation ne finisse par détruire tout l’héritage du parti, d’autant qu’on constate que le FLN a perdu l’un de ses traits caractéristiques, la discipline des rangs et le respect des statuts et du règlement intérieur.
A tous les niveaux, on voit bien que cette discipline n’existe plus et que chaque responsable, qu’il soit membre du Bureau politique ou du Comité central, parle, développe ses opinions, anime des forums et des conférences de presse, en son nom personnel, allant jusqu’à critiquer ses pairs dans les structures, leurs déclarations ou agissements.
Chacun semble vivre une liberté organique, loin de la tradition du FLN. Et, justement en retrouvant cette liberté que des cadres risquent de ne plus revenir à la discipline du parti.
On voit bien que certains responsables changent rapidement de veste et de couleur, comme ce membre du BP, qui hier farouche défenseur de Belkhadem, se rebiffe dès le 1er février 2013 et se joint à ses détracteurs. Il défendra bec et ongles le coordinateur Belayat, avant qu’il ne lui assène le coup fatal en plein Ramadhan, sentant la fin des pouvoirs de l’intérimaire.
C’est sans doute ces tableaux et ces cercles vicieux qui mettent en danger le vieux parti, dont la crise pourrait bien le court-circuiter pour annihiler toute sa force de mobilisation et sa capacité à donner des burnous aux futurs présidents choisis et élus par la suite. D’ailleurs, les plus pessimistes estiment que d’»ores et déjà le FLN est déjà out des prochains débats sur la présidentielle.
H. R.