La crise du ciment plombe les prix

La crise du ciment plombe les prix

Le ciment continue de manquer sur le marché national, son prix grimpe de plus en plus alors que la spéculation n’est pas entièrement stoppée.

Pourtant, la production nationale de ciment devait couvrir totalement les besoins des projets inscrits dans le IIe programme quinquennal.

La production nationale de ciment est même appelée à augmenter à travers, notamment, la réalisation d’une nouvelle usine à Djelfa d’une capacité de 3 millions de tonnes/an à l’horizon 2011, et ce dans le cadre d’un investissement étranger, ainsi que le lancement de deux autres à Relizane et à Béchar par le groupe Sonatrach.

Le secteur public du ciment a atteint la capacité nominale globale installée de 11,5 millions de tonnes et produisant près de 11,6 millions de tonnes. Avec les extensions des capacités de production, le volume total de l’ensemble des cimenteries publiques dépassera les 18 millions de tonnes à partir de 2012.

Or, l’Etat algérien a dû recourir l’année dernière à l’importation d’un million de tonnes de ciment pour contrecarrer la spéculation enregistrée ces derniers mois sur ce marché.

Le boom de la construction – l’Algérie s’est lancée depuis peu dans la réalisation de 2 millions de logements ainsi que les diverses infrastructures de base comme les autoroutes – n’explique pas à lui seul cette tension sur un produit au demeurant encore accessible il y a quelque temps.

En dépit des assurances du ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, selon lesquelles le gouvernement, pour faire face à la «grande spéculation» que connaît le marché national, va recourir à cette ultime solution, d’aucuns s’interrogent pourquoi mettre autant d’argent dans un produit dont la production nationale a doublé en l’espace de quelques années alors que la crise économique battait son plein ?

Temmar a affirmé que «l’Algérie ne connaît pas de problème de production de ciment et que les usines fonctionnement et approvisionnent normalement le marché». L’Etat n’arrive-t-il pas à réguler un marché où la demande n’est pas identique, par exemple, à celle de la pomme de terre et dont le contrôle devient très difficile ?

Un simple contrôle au niveau des différents points de vente de ce produit mènerait nos fins limiers à débusquer le spéculateur du consommateur.

La première mesure décidée a été de plafonner les prix du ciment et les marges des différents intervenants sur le marché national du ciment à travers l’élaboration d’un décret qui a été publié il y a quelque temps au Journal officiel.

Par quel effet le sac de ciment a atteint la somme de 800 DA sur le marché ? Le ministre devrait dépêcher des enquêteurs au niveau de tous les points de vente pour débusquer les spéculateurs qui ont totalement pris en otage ce marché.

Les barons du ciment sont repérables à partir de registres du commerce ou de leur immatriculation fiscale.

Coup de filet à l’est du pays

Une vaste enquête a été déclenchée par la Gendarmerie nationale, depuis près de cinq semaines, sur des actes de commerce abusifs concernant le ciment, à l’est du pays. Cette enquête touche plusieurs wilayas et vise à contrer l’action des spéculateurs qui créent des tensions afin d’amasser des sommes d’argent colossales.

Les investigations ont porté sur les ventes effectuées durant l’année 2009 et ont touché plusieurs entreprises étatiques, selon certaines sources.

Les éléments de la Gendarmerie nationale ont établi une liste de personnes – des entrepreneurs, des producteurs et des opérateurs intervenant dans le secteur – pour vérifier si les quantités censées avoir été commercialisées sont, réellement, parvenues à leurs vrais destinataires. Selon les premiers résultats de l’enquête, une liste de plusieurs personnes a été établie.

Ces dernières ont reçu de considérables quantités et en ont fait usage à but spéculatif. Certains entrepreneurs débusqués continuaient à recevoir des quantités de ciment alors que leurs projets de construction ont été annulés. Le rapport définitif de l’enquête n’a pas encore été établi car les investigations sont toujours en cours et risquent de toucher d’autres intervenants.

Certains opérateurs ont affirmé que ces quantités ne sont jamais arrivées sur le territoire. C’est ce déficit qui est constaté chaque année et les envolées inexplicables des prix qui ont poussé les services de la gendarmerie à enquêter pour identifier les cercles qui sont derrière cette pratique de rétention qui génère les tensions et annihile tous les efforts de production et d’importation de ciment.

Selon des sources, la gendarmerie avait, auparavant, mené une enquête dans le même sens, impliquant des responsables et administrateurs de plusieurs wilayas, à savoir Constantine, Batna, Biskra, El-Oued et Ouargla. Les montants des spéculations ont atteint 60 milliards de centimes. L’enquête a, certes, touché des wilayas de l’Est, mais le scénario est probablement le même partout en Algérie.

Mahmoud Tadjer