La crise de l’huile de table débarque en France

La crise de l’huile de table débarque en France

Épuisée presque partout en France, l’huile de tournesol est confrontée à la pénurie. Et ce, pour cause de guerre en Ukraine, du Ramadan et de son petit prix.

L’huile de tournesol fait défaut dans les rayons des condiments des supermarchés français. En effet, avec 50% du total des exportations mondiales, l’Ukraine occupe la première place. La guerre qui a lieu là-bas complique les échanges commerciaux entre les différents pays et entraîne cette pénurie, et même une augmentation des prix de certains des produits. Un autre élément qui explique aussi cette situation est celui du Ramadan, qui a débuté le 2 avril 2022.

Un grand nombre de recettes requièrent l’utilisation d’huile de tournesol. En effet, le prix plus bas de cette huile par rapport à celui de ses concurrentes la rend très convoitée pour les préparations qui demandent de grandes quantités, notamment la mayonnaise et les frites. Craignant de manquer d’huile, les consommateurs se précipitent pour en stocker, ce qui provoque une pénurie.

Ainsi, la solution envisagée consiste à recourir à l’huile de tournesol fabriquée en France, or cette dernière n’est pas suffisante pour couvrir les besoins. En effet, la France produit 500 000 tonnes d’huile de tournesol chaque année et consomme 800 000 tonnes d’huile végétale. De ce fait, une adaptation s’opère chez les industriels et les restaurateurs qui se servent quotidiennement d’huile de tournesol.

La flambée des prix causée par la pénurie d’huile de tournesol en France

Actuellement, les importations sont paralysées. Cela contribue à la hausse des prix sur un marché mondial des matières premières déjà tendu. « Depuis deux semaines, le prix de l’huile de tournesol avoisine les 2 300 dollars (environ 2 100 €) la tonne contre 1 500 dollars (environ 1 370 €) auparavant », analyse Michel Portier, directeur d’Agritel (société de conseil en stratégies des marchés agricoles).

Cette augmentation des prix préoccupe aussi bien les professionnels que les particuliers. Si bien que certains remplissent leur caddie un peu plus que la normale. Du 21 février au 27 mars 2022, l’huile, la farine ou encore les pâtes ont vu « leurs nombres d’incidents de rupture en grande distribution croître » fait remarquer Nicolas Léger, directeur analytique chez NielsenIQ. Les ruptures de stock ont particulièrement touché les huiles, avec une hausse de 37 %.

Afin de faire face à ces manques, certains distributeurs, qui fournissent les restaurateurs et les professionnels, ont rationné leurs ventes à hauteur de 50 litres maximum. Par ailleurs, l’achat de mayonnaise est aussi limité depuis la fin du mois de mars 2022. De leur côté, les grandes surfaces telles que Lidl appellent leurs clients à se montrer « raisonnables » et à ne pas créer de stocks inutiles.

Sur le moyen terme, et en particulier après l’été, la situation risque de se compliquer, prévient Michel Portier. « L’huile de tournesol pourrait en réalité être le seul bien qui souffre d’une réelle pénurie à cause de la crise » estime t-il, même si les réserves de blé soulèvent également des inquiétudes.