La crise au sein des partis politiques vue par trois universitaires

La crise au sein des partis politiques vue par trois universitaires

Trois universitaires Abdellali Rezagui, Ahmed Adhimi et Mohand Berkouk, interrogés par l’APS ont tenté de diagnostiquer les crises internes qui ont secoué la quasi-totalité des partis politiques qui ont participé aux législatives.

Pour Abdellali Rezagui, ces dissensions s’expliquent par le fait que des candidats malheureux aux dernières législatives tentent de récupérer les fonds versés pour se placer têtes de liste, ajoutant que ces différends liés à l’argent concernaient uniquement les « petits partis ».

S’agissant des grands partis, en l’occurrence, le FLN, le RND, le MSP et le FFS, c’est l’échéance présidentielle de 2014 qui est en cause, selon cet universitaire. Les désaccords au sein des « grands » partis politiques sont suscités par cette impossibilité de se rassembler autour d’un nom pour la prochaine présidentielle s’engouffrant ainsi dans des différends déclarés tous azimuts pour « barrer la route devant d’anciennes figures jugées vieilles pour ce poste ».

L’enseignant Rezzagui, parlant singulièrement du cas du FLN explique que le clivage au sein de cette formation politique était « important car lié au candidat de la prochaine présidentielle » le qualifiant de « grave » en raison des « risques qu’il fait planer sur le pays ».

L’enjeu de la présidentielle de 2014

D’autre part, la « contestation » dans les rangs du Rassemblement national démocratique (RND) est née, elle, du « rejet par les décideurs de la candidature du premier responsable du parti à la prochaine présidentielle ». Chose qui a, de son point de vue, attisé la discorde entre ses militants dont certains tentent d’ »accaparer le parti pour apporter leur soutien à une aile FLN ».

De son côté, Ahmed Adhimi a souligné que tout un chacun est conscient de l’existence de « petits » partis dont la mission consiste à marchander avec le processus politique lors d’échéances électorales. Ces derniers procèdent « au vu et au su de tous à la vente des premières places sur les listes électorales sans que cette question ne soit tranchée par la justice » a-t-il poursuivi.

Ces partis n’ont aucun programme politique et ont été incapables de présenter des candidats lors des élections législatives, a-t-il déclaré avant de dire que certains d’entre eux « ont même demandé à des enseignants en sciences politiques de leur élaborer des programmes politiques ».

Concernant le FLN, il impute les remous vécus par ce parti à « un insoutenable mécontentement né de la sélection de noms pour les listes électorales, au non-respect du programme politique et à la fin de mandats pour certains dirigeants politiques.

Entre les « grands » et les « petits » partis

Par ailleurs, la tension désormais manifeste à l’intérieur du Mouvement de la société pour la paix (MSP) est due au fait que « la direction du parti ait opté pour la participation au pouvoir malgré les maigres résultats obtenus par l’Algérie verte lors des dernières législatives », mettant en péril le devenir de la formation, a-t-il ajouté.

Selon Adhimi, le relâchement de la discipline au RND a été favorisé quant à lui, par « les instructions données à certains militants pour empêcher le premier responsable de la formation de se présenter à la prochaine élection présidentielle ».*

L’enseignant à l’université Mohand Barkouk a expliqué pour sa part, les dissensions au sein de partis par le « manque de communication politique ». Les désaccords se sont amplifiés, a-t-il dit, par le mécontentement croissant parmi les militants autour des listes électorales et « non en raison des programmes électoraux ou de l’absence de consensus autour des stratégies du parti ».

Les mouvements de redressement ne servent pas l’ancrage du processus démocratique au sein des partis

L’objectif pour le parti, poursuit-il, ne réside ni dans la candidature aux élections ni dans l’accession aux postes mais dans « la conviction politique et la volonté de contribuer efficacement à la consécration démocratique ». Si la candidature est un droit constitutionnel, « il reste cependant lié au cadre règlementaire des partis ».

Les mouvements de redressement devenus coutume à l’intérieur des formations politiques « ne servent ni la stabilité ni l’ancrage du processus démocratique en leur sein », a conclu Mohand Berkouk pour qui cette agitation inter-partisane a empêché les partis d’être « un cadre de mobilisation et de formation politiques et de proposer des alternatives aux plans politique, économique et culturel »