Sois vigile, remercie l’Etat de t’avoir fait garde communal, éreintes-toi à la tâche et tais toi. Gare à toi si tu proteste, si tu revendique tes droits socioprofessionels. Sinon le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Dahou Ould Kablia, est là pour te rappeler à l’odre. Au besoin te sanctionner.
Lundi 04 avril, alors que les gardes communaux observaient depuis la veille un sit-in à la place des martyrs Alger, Dahou Ould Kablia n’a pas hésité à dégainer la menace : « Nous allons les exclure du corps. Toutes les autorités militaires et civiles sont décidées à considérer les actes menés par les gardes communaux comme des actes d’indiscipline dans un corps de sécurité. »
Sus aux séditieux !
La menace ne souffre aucune ambiguïté. C’est un renvoi pur et simple que les gardes communaux risquent s’ils persistent dans leur mouvement de protestation. Au besoin, le code pénal serait convoqué pour légaliser l’acte qui suivra la menace.
Ahurissant ! Les gardes communaux sont sommés, après plus de quinze ans de loyaux services, au péril de leurs vies, de choisir entre ramasser leurs besaces et rejoindre leurs campements ou subir les foudres de l’autorité.
Pourtant, ces gardes communaux ne revendiquent pas la lune. Ils demandent juste que l’Etat reconsidère leur situation socioprofessionnelle, comme elle l’a fait pour les policiers qui, eux, ont bénéficié d’une augmentation salariale conséquente et avec effet rétroactif.
En accordant aux uns ce qu’elles refusent aux autres, les autorités ne sont-elles pas en train d’instaurer un système de deux collèges au sein des corps constitués, comme aux pires années de l’indigénat?
Après plusieurs années passées à ratisser les maquis, à participer activement à la lutte contre le terrorisme, souvent aux premières loges, les gardes communaux se retrouvent ballottés entre une intégration des rangs de l’ANP et une affectation pour des taches de gardiennage.
De cela, ils ne veulent pas. Ce qu’ils réclament c’est une reconnaissance en tant que corps de sécurité avec les droits y afférents.
Mais plutôt que d’accéder à leurs doléances, le ministère de l’Intérieur brandit l’article 112 du code pénal.
Comble de l’ingratitude, c’est au moment où des émirs terroristes bénéficient de la clémence et des largesses de la République que les gardes communaux récoltent mépris et menaces.
L’émir de l’ex-GSPC, Hassan Hattab, lui peut couler des jours douillets sous la protection de l’Etat. Une protection qui le soustrait même à la justice qui depuis des années instruit des procès dans lesquels il est cité.
Le cas Hattab, s’il est singulier, n’illustre pas moins la mansuétude de l’Etat à l’égard des terroristes et autres repentis du « djihad ».
Amnistiés, les terroristes et leurs chefs sont non seulement à l’abri de poursuites judiciaires, mais certains s’activent à fructifier l’argent des maquis sans qu’ils soient le moindre du monde inquiétés.
Les gardes communaux, dont 36 000 ont donné leurs vies pour que vive la république, sont sommés de subir la précarité sans rechigner. Sinon, ils iraient grossir les rangs des chômeurs.
C’est à l’aune des menaces du ministre de l’Intérieur que l’on mesure l’ingratitude de la République à l’égard de ses serviteurs.