La cour de justice de Annaba a prononcé hier des peines de 1 à 3 ans de prison ferme à l’encontre des 9 accusés dans le procès en appel de l’affaire de capture illicite de thon rouge.
Ainsi, l’armateur algérien propriétaire du thonier Djazaïr 2, Maâmar Saâdoune, a écopé d’une peine de 3 ans de prison ferme, alors que les 5 armateurs turcs, le secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques et le directeur central de la pêche ont été condamnés à 2 années de prison ferme.
L’associé de Saâdoune, propriétaire du Chahid Hasni, a été condamné à 1 an de prison ferme. Ces peines sont assorties d’une amende de 8 milliards de centimes que les 9 accusés devront payer au fisc algérien étant entendu que le thonier appartenant à Maâmar Saâdoune, les 2 navires de ravitaillement
et le remorqueur turc utilisés dans le cadre de l’opération de pêche illicite ont fait l’objet d’une saisie définitive.
Il y a lieu de rappeler que le tribunal correctionnel d’Annaba qui a jugé cette affaire en première instance avait condamné les 9 inculpés à une peine égale pour tous de 3 ans de prison ferme.
L’affaire avait éclaté, rappelons-le, il y a maintenant plus d’une année, le 10 juin 2009, lorsque les éléments des gardes-côtes du groupement territorial de Annaba, alertés par la direction centrale de la pêche sur la présence suspecte de navires turcs à hauteur des eaux territoriales algériennes, ont procédé à l’arraisonnement de ceux-ci.
Ainsi, le Certer Ahmet 1, Abdi Baba 3 et un remorqueur qui tractait derrière lui une cage de 40 mètres de large et de 50 mètres de profondeur contenant 210 tonnes de thon rouge vivant, avaient été pris en flagrant délit à 5 milles des côtes annabis, comme précisé sur l’acte d’accusation. Une dénonciation qui a permis de déjouer une véritable opération de blanchiment de capture qui se déroulait entre les thoniers turcs et deux navires algériens, ce jour-là.
Surpris en flagrant délit, les armateurs turcs ont crié à un complot qu’auraient monté contre eux les responsables du MPRH en leur laissant croire qu’ils pouvaient participer à cette fameuse saison de pêche, sans pour autant leur délivrer d’autorisation écrite. Tentant de justifier leur présence à l’intérieur des eaux algériennes,
ils ont encore une fois assuré qu’ils étaient là dans le cadre d’une «opération commerciale sans plus» alors que l’enquête menée par les gardes-côtes a pu prouver qu’ils ont effectivement pêché les 210 tonnes avec leurs moyens propres et qu’ils avaient blanchi leur capture en l’attribuant «sur papier» aux armateurs algériens. Selon les avocats de la défense, les 9 condamnés auraient très mal reçu ce verdict et décidé de se pourvoir en cassation devant la Cour suprême.
Mouna Skander