La corruption, une constante politique

La corruption, une constante politique

Le gouvernement a empêché l’Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC) de participer à la prochaine session de la Conférence des États parties à la Convention des Nations unies contre la corruption (Cnucc).

Le pouvoir dont on connaît l’engagement verbal pour l’éradication de ce fléau a peut-être estimé que cette présence d’une association citoyenne militant pour la transparence gênerait les efforts qu’il déploie lui-même dans la lutte contre le fléau de la corruption. La lutte contre la corruption, oui, mais sa lutte ! Une lutte à huis clos. Les signes de cette “lutte” maison ne manquent pas : la discrétion sur le contenu des rapports établis par les instances d’État d’observation et d’investigation, les restrictions à la publicité des rapports de la Cour des comptes, etc. Il suffit de considérer l’entrain avec lequel est instruit le dossier Sonatrach 2 pour se convaincre de l’impatience de l’État à établir les responsabilités dans ce genre d’affaires ! Il suffit de se rappeler la manière dont on a fait disparaître le corps du délit pour faire s’évaporer le délit dans l’affaire BRC…. Il suffit d’observer la persévérance avec laquelle le pouvoir laisse filer les commentaires autour de l’affaire du PNDRA… pour se convaincre de la réalité du souci de la lutte contre la corruption.

C’est d’ailleurs souvent la “fuite” médiatique plutôt que la règle de transparence qui porte ces scandales à la connaissance du public. Pour, souvent, voir le scandale se diluer dans un procès d’enterrement, être tué dans l’œuf ou abandonné à l’érosion amnésiante du temps. Le pouvoir traite la corruption, quand elle concerne des dignitaires, comme une question politique. Une question politique intime. Dont le peuple ne doit surtout pas se mêler…. Ni la société civile ni la justice ne doivent donc s’en emparer.

La loi sur les associations, qui se résume à un chapelet de lignes rouges que le pouvoir pourra déplacer au gré de son confort autoritaire, a institué l’exclusion de la société de toute intrusion dans la gestion politique des affaires publiques. Interdit de s’organiser pour ne pas importuner le monopole politique, le citoyen est converti en spectateur des abus de gouvernance. Le pouvoir est allé jusqu’à créer ses propres “ONG”. Ce qui nous permet d’apprécier des performances de contorsion sémantique comme celles que réussit maître Ksentini dénonçant      “la démocratie de façade” et appelant à “une justice indépendante” pour mieux plaider le soutien au régime qui sévit depuis seize ans.

Empruntons donc à l’avocat officiel des droits de l’Homme ce propos pour conclure : “Lorsque la justice est instrumentalisée, les choses sont faussées nécessairement et définitivement et de manière irréversible.” Il a raison Ksentini : il n’y a pas de lutte contre la corruption sans État de droit.

M. H.