La corruption présente à toutes les échelles de l’Etat

La corruption présente à toutes les échelles de l’Etat

La semaine a été marquée par un débat sur la corruption et la gestion des marchés publics à la faveur de la décision du gouvernement de confier le suivi et le contrôle des projets de grande envergure à la Caisse nationale d’équipements pour le développement (Cned) et la limitation de l’intervention des bureaux d’études étrangers en Algérie.

Ces décisions ont été prises suite à des constats qui ont alarmé l’Etat algérien. D’abord, le montant de l’importation des services a atteint 11 milliards de dollars en 2008 contre 7 milliards de dollars en 2007, marquant une évolution du simple au double. Le gouvernement a constaté, par ailleurs, une augmentation substantielle des dépenses publiques, notamment celles liées au programme d’investissements publics (PIP).

La réévaluation des coûts des nombreux projets en chantier dont l’estimation initiale est souvent différente de celle inhérente à leur réalisation effective -s’avère être un gouffre qui engloutit les deniers publics- sans modération. Près de 31 projets importants répartis sur le territoire national connaissent des retards et des surcoûts. En réalité, cette situation risque de perdurer.

Les mesures décidées dernièrement pourraient être inefficaces en l’absence de « redevabilité » qui est un indicateur de bonne gouvernance.

Du président d’une petite assemblée populaire communale (APC) en passant par le directeur de wilaya au directeur central dans un département ministériel, l’on se retrouve souvent avec des responsables qui n’ont aucune notion de management.

Dans ce domaine, la formation enregistre un déficit criard. On demande souvent à ces cadres de gérer des dossiers dont les enjeux dépassent leurs compétences et qualifications. Ces responsables ne sont pas tenus, en outre, de rendre des comptes.

L’obligation de résultat et des contrats de performances avec des objectifs prédéfinis sont plus qu’indispensables pour pousser ces donneurs d’ordre, plus précisément les maîtres d’ouvrages, à être plus stricts dans le suivi et le contrôle des projets. L’absence de « redevabilité » est malheureusement entretenue. Y compris aux plus hautes sphères de l’Etat.

Elle se traduit notamment par le report aux calendes grecques de la présentation de la Loi de règlement budgétaire qui doit accompagner chaque nouvelle Loi de finances à l’Assemblée populaire nationale (APN) afin de donner le bilan des cadrages budgétaires des années antérieures.

Occuper un poste de responsabilité en Algérie -est devenu pour l’imaginaire collectif des Algériens- un moyen rapide de s’enrichir et de bénéficier d’avantages ; sans pour autant avoir des obligations.

C’est en partie pour cette raison que les projets de développement économique et social n’aboutissent pas. L’Etat engage souvent des enveloppes faramineuses pour ces aspects. Mais le résultat est peu visible par le commun des citoyens. Dans une conjoncture d’opulence financière, ces dysfonctionnements ne sont pas palpables.

Dès que les revenus de l’Etat commencent à s’amenuiser pour une raison ou une autre (la baisse des cours pétroliers dans le cas de l’Algérie), on prend conscience qu’on ne maîtrise par les dépenses publiques.

C’est sans doute pour remédier à cette situation que des décrets, qui stipulent que toutes les études de maturation des projets soient validées par la CNED avant le lancement des projets, et la soumission de toute réévaluation des projets au delà de 15% à l’aval du Conseil des ministres, ont été promulgués. L’Etat tente ainsi de mettre un terme à la gabegie qui a été érigée en mode de gestion des projets.

Yasmine Idjer