La corporation des musiciens algériens dénonce : « Des centaines de musiciens n’ont pas été payés… »

La corporation des musiciens algériens dénonce : « Des centaines de musiciens n’ont pas été payés… »

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«Nous sommes devant une escroquerie étatique organisée…», affirme-t-on…

Il y a quelques jours, un scandale lié au monde de la musique éclata sur les réseaux sociaux. Tout a commencé par le statut de cette jeune femme, Nisrine Ghenim, artiste interprète de musique arabo-andalouse qui certifia sur Facebook «ne pas avoir perçu la somme de 80.000DA prévue suite à ma prestation de la soirée d’ouverture du Festival international de musique andalouse et musiques anciennes 2017, par M. Aïssa Rahmaoui, commissaire de ce festival qui occupe un poste au niveau du ministère de la Culture, et qui ne répond pas aux SMS et derniers appels concernant cette rémunération».

Des voix s’élèvent

Un message qui fera mouche, puisqu’il sera relayé par de nombreux artistes et musiciens. D’autres voix n’ont pas tardé à répondre à l’appel de cet artiste qui invitera «tous les artistes concernés par cette arnaque à sortir du silence; réclamer le dû de leurs efforts, et se battre pour notre dignité et crédibilité artistique». Aussi, elle rajoutera: «Ce monsieur ne veut pas payer Yasmine Ammari pour un spectacle donné l’été 2018 à l’opéra d’Alger». Quelques jours plus tard, le CMA, alias la corporation des musiciens algériens dénonce dans un communiqué le fait que «M. Aïssa Rahmaoui du ministère de la Culture et de l’opéra d’Alger, commissaire du Festival international de la musique andalouse et les musiques anciennes, fuit ses responsabilités et décale chaque jour les RDV au lendemain pour éviter de payer les musiciens qui ont participé aux éditions de 2016, 2017 et 2018 du festival sous-catégories.» et d’affirmer: «Nous sommes devant une escroquerie étatique organisée, notons que les étrangers ont été payés en euros et en cash.» Aux dernières nouvelles, l’on apprend aussi que le comptable de l’opéra d’Alger a pris en compte l’affaire de Yasmine Ammari qui date de juillet 2018 et lui «promet un virement», tout en ajoutant que «M. Aïssa Rahmaoui, n’était pas présent à l’opéra d’Alger pour rencontrer les membres de la CMA et payer les musiciens des éditions 2017 et 2018 du Festival andalous et musiques anciennes.»

Amateurisme

Aussi, le CMA révèle que ce sont «plus d’une centaine de musiciens algériens qui n’ont pas été payés depuis 3 ans», alors que répète-t-il, «les étrangers qui ont participé aux festivals ont été payés en euros/cash…». Aux dernières nouvelles, M. Abdelmoumen Haoua qui occupe une place au niveau du comité d’organisation du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes, a fait savoir dans un communiqué qu ‘il s’excusait d’abord du retard accusé dans le payement des artistes. Désagrément qu’il imputera «essentiellement à des considérations administratives et procédurales…» et s’engage à l’adresse des artistes lésés «à honorer vos prestations avant la fin du mois d’avril».

Au-delà de ce micmac anarchique qui ne dit pas son nom et la triste situation de ces artistes et condition de leur travail en Algérie, il y a lieu ici de souligner l’urgence de la réorganisation du secteur de la musique qui relève du domaine du spectacle et qui semble être frappé d’un amateurisme affligeant. Au vu de ces graves données, la nouvelle ministre de la Culture devrait peut-être se pencher beaucoup plus sur ces affaires-là et notamment celle de la libération des ciné-clubs et se poser la question sur la légalité de diffusion de la série Game of thrones à la salle Cosmos, avant d’aller se balader sur les ruines romaines de Tipasa…