Malgré les pressions de la communauté internationale, Pyongyang menace de tirer entre le 12 et le 16 avril son engin, tout en assurant que cette opération n’a qu’un objectif civil. Celui de placer en orbite un satellite d’observation terrestre.
Alors que Pyongyang assure que le tir de sa fusée n’a qu’un objectif civil, les États-Unis et leurs alliés, notamment sud-coréens et japonais, dénoncent un test déguisé de missile balistique à longue portée qui pourrait être suivi, selon des sources militaires sud-coréennes, par un essai nucléaire. Washington a ainsi annoncé la suspension de son aide alimentaire, estimant que le lancement rendait caduc un accord de février qui prévoyait un moratoire des activités nucléaires nord-coréennes. Sans avoir d’effet sur la détermination du régime de Kim Jong-Un. «Ce lancement a été planifié de longue date, pour le centième anniversaire du président Kim Il-Sung», a rétorqué Jang Myong-Jin, chef du centre spatial. «Nous ne le faisons pas à des fins de provocation».
«Un feu d’artifice coûteux»
Dans un geste sans précédent dans ce pays très fermé, le régime a par ailleurs montré dimanche à des journalistes étrangers sa fusée, dressée sur le pas de tir du centre spatial de Tongchang-ri, dans le nord-ouest du pays, à 50 kilomètres environ de la frontière chinoise. L’engin, haut de trois étages, doit être tiré entre le 12 et le 16 avril, coïncidant ainsi avec les cérémonies d’hommage à Kim Il-Sung, héros de la résistance contre l’occupant japonais décédé en 1994. Son fils, Kim Jong-Il, lui avait alors succédé, et à sa mort en décembre 2011, c’est son petit-fils, Kim Jong-Un, qui est devenu à moins de trente ans le nouveau numéro un nord-coréen.
Si ce dernier a été proclamé «grand successeur», il n’a jusqu’à présent été nommé officiellement qu’à un seul des postes détenus par son père: celui de commandant suprême des forces armées, qui regroupent 1,2 million de soldats. Pour Yun Duk-Min, de la National Diplomatic Academy de Corée du Sud, «le lancement de la fusée est un feu d’artifice coûteux destiné à marquer l’avènement d’un État puissant et prospère» sous le règne de Kim Jong-Un.
Devant l’imminence du lancement, les armées sud-coréenne et nippone ont été mises en alerte et menacent d’abattre le lanceur s’il dévie de sa route. Le premier étage de la fusée doit tomber en mer Jaune, à l’ouest de la péninsule coréenne, et le deuxième étage à l’est des Philippines, en survolant une partie des îles d’Okinawa, au sud du Japon. Le Japon a déployé des missiles sol-air Patriot Advanced Capability-3 (PAC-3) au cœur de Tokyo et deux autres bases similaires ont été préparées dans la région pour protéger la mégapole et ses 35 millions d’habitants. La Chine, principal soutien de la Corée du Nord, a appelé toutes les parties à la «retenue».