La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a décidé de maintenir son mouvement de protestation, alors que l’échec de la marche à laquelle elle a appelée samedi n’a pas été consommé.
Réunie hier à la Maison des syndicats à Alger, au lendemain de la marche empêchée, pour évaluer la marche du samedi dernier, la CNCD a décidé d’observer chaque samedi des rassemblements à travers tout le territoire national. Pour ce samedi, la CNCD prévoit une marche populaire à Alger, de la place du 1er Mai à la place des Martyrs, une décision prise après plusieurs heures de débats.
Les intervenants se sont accordés à dire que la marche de samedi «était une réussite», tout en reconnaissant les quelques lacunes d’ordre organisationnel notamment. «Cela a été une manifestation pacifique, ceux qui veulent semer le chaos ont échoué. Les citoyens ont brisé le mur de la peur. On a libéré la parole et on doit la capitaliser», dira d’emblée Khalil Moumen, représentant de la Laddh. «La peur a changé de camp», renchérit le représentant de SOS disparus. «Une réussite totale. La marche a été pacifique en dépit de la provocation», lance encore le représentant des journalistes. «Le bilan est mitigé», dira pour sa part la représentante de l’Observatoire nationale de la défense des droits des femmes.
«C’est un succès indéniable, mais il faut parler des insuffisances. Il y a un problème d’organisation, nous n’avons ni mégaphone ni mot d’ordre», déplore le porte-parole de la CCDR. «On n’a pas tracé notre but», dira le président de l’Association de la défense des droits des enfants. «Il n’y avait pas une bonne organisation. Le travail du terrain n’a pas été fait», poursuit le représentant du Snapap. «La marche n’a pas été une réussite», reconnaît de son côté la porte- parole de l’association Machaal Echahid de Jijel. Bref, tout le monde reconnaît, à demi- mot, l’échec de la manifestation de samedi. Mohamed Badaoui, syndicaliste, membre militant de l’association des libertés syndicale a dénoncé pour sa part «la confusion» dans l’aspect organisationnel de la CNDC. Le syndicaliste accuse implicitement le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et la Laddh de tentative de récupération du mouvement en s’exprimant à la presse au nom de leur organisation. Une accusation qui n’a pas été du goût des partisans du RCD qui ont menacé de se retirer de la Coordination. Ainsi, les intervenants ont été unanimes sur le manque d’organisation de la Coordination, une lacune qui a été derrière le peu d’engouement des Algériens pour cette manifestation. Les intervenants qui n’ont pas digéré leur débâcle s’accusent mutuellement. La tension monte. Maître Bouchachi, président de Laddh, tente de redresser la situation.
«La marche est une réussite. On ne peut pas continuer s’il n’y a pas d’union. Notre discours doit être uni. Nous devons soutenir toute action qui vise le changement en Algérie», a-t-il soutenu. À Ali Yahia Abdenour de prendre la parole. «La révolution est dans la rue. On doit être responsable. Le temps de zaimisme est terminé», dira le maître, qui a refusé la proposition d’être le porte-parole et la figure emblématique de la CNCD. «Il n’y a pas de porte- parole», dira-t-il. Pour parer au problème d’ordre organisationnel, la CNCD a décidé de mettre en place une cellule de communication.
Les confrères de l’ENTV invités… puis exclus
Visiblement agacés par la couverture médiatique de la marche qui leur a été accordée par la Télévision algérienne, les membres de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie ont tenté de chasser de la salle le journaliste de l’ENTV. «ENTV barra, ENTV barra», crient les participants à la réunion d’évaluation de la CNCD. Un comportement qui a suscité l’indignation d’autres journalistes présents. En signe de solidarité avec leur camarade de l’ENTV, beaucoup de journalistes, de la presse écrite notamment, ont décidé de quitter la salle de réunion. Pourtant, le journaliste en question affirme qu’il est venu couvrir la réunion suite à une invitation adressée à la télévision. Ce que les membres de la CNCD confirment d’ailleurs.
Hocine L.