La «contrebande» derrière la propagation de l’épizootie: «La peste des ruminants nous est peut-être parvenue des frontières»

La «contrebande» derrière la propagation de l’épizootie: «La peste des ruminants nous est peut-être parvenue des frontières»

«La maladie épizootique des petits ruminants ne peut être distinguée par nos éleveurs, alors que les services vétérinaires ne peuvent pas faire grand-chose, en l’absence de vaccin» ce qui a contribué, selon Mezroua Belkacem, vice-président de la Fédération nationale des éleveurs (FNE), hier, au Forum du Courrier d’Algérie, avant d’affirmer que c’est «la première fois en Algérie, contrairement à la grippe aphteuse, qui a atteint notre cheptel bovin en 2014. »

Expliquant par la même occasion que : «les vétérinaires ont eu des connaissances théoriques de cette maladie mortelle» et aucun d’eux n’a traité un cas similaire, affirmant que «c’est la première fois que nos éleveurs et les vétérinaires sont confrontés à ce genre de maladie.» Ce qui a rendu, poursuit-il, la tâche «plus difficile pour contenir et endiguer l’épidémie» aux conséquences gravissimes sur le cheptel.

Interrogé sur les causes principales à l’origine des pertes considérables de ruminants chez les éleveurs, Mezroua Belkacem a avoué que «le marché informel de bétail a contribué fortement à la propagation du virus et très rapidement». Aussi, pour le vice-président de la FNE, «les échanges de bétail à travers la contrebande sur nos frontières». Déclarant que «je suis persuadé que des éleveurs commencent à s’intéresser à l’élevage de race de chèvres, qui n’existait pas auparavant, chez nous» et je vous dirais, poursuit-il que «ce genre de race provient de Syrie, se vend à des prix faramineux, après être arrivé en Algérie, via nos frontières avec la Tunisie et la Libye, après avoir traversé l’Égypte».

Ce qui l’amène à ne pas écarter la possibilité de la contamination de nos ruminants, via les réseaux de cette contrebande. Tout en disant que : «les services du ministère de l’Agriculture ont pris des mesures d’urgence avec la décision de la fermeture des marchés de bétail» il rappelle qu’il a été notamment question de «l’interdiction de tout déplacement du cheptel.» a-t-il précisé. Enchaînant, il dira que «le déplacement des éleveurs entre les Hauts-plateaux et les plaines» lors des saisons propres à cette activité, serait à l’origine, a-t-il estimé «à la contamination», avant d’affirmer que ce virus «n’était pas apparu dans les plaines, contrairement aux régions des Hauts-plateaux.»

Notre interlocuteur a signalé que : «même les mouwaline (éleveurs: ndlr) ont une part de responsabilité» puisque, explique-t-il, «le virus n’a pas été annoncé dès son apparition, en août 2018», a affirmé l’invité. Ces «éleveurs préféraient garder le silence, au lieu de tirer la sonnette d’alarme lorsque ils ont vu les ruminants mourir» sans manquer de dire plus loin, que l’absence de réaction, à temps, de ces éleveurs «trouvait peut-être son origine dans l’ignorance.» a lancé notre interlocuteur.

Med. Wali

MEZROUA DÉPLORE LE RETARD «INEXPLIQUÉ » DE L’ARRIVÉE DE VACCINS CONTRE LA PESTE OVINE ET DÉCLARE : La fermeture des marchés de bétail est une mesure préventive

Lors de son intervention au Forum du quotidien «Le Courrier D’Algérie», le S.G de la Fédération nationale des éleveurs (FNE), Mezroua Belkacem a estimé que la mesure mise en œuvre par le ministère de l’Agriculture concernant la fermeture des marchés de bétail à travers le pays est une mesure préventive de lutte contre la peste ovine et la fièvre aphteuse bovine. Dans ce sillage, il a précisé que cette mesure a été prise pour éviter la propagation du virus de ces deux maladies.

Évoquant les moyens de transmission de la peste des petits ruminants qui touche principalement les ovins, le même responsable considère, d’autre part, que l’épidémie s’est introduite en Algérie à travers les déplacements des éleveurs à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il a en outre précisé que parmi les facteurs qui ont influencé la transmission et l’apparition de la peste des petits ruminants (PPR), la non déclaration des éleveurs de l’infection de leurs bétails : «Ce qui accentue les pertes résultant de cette épidémie», a-t-il indiqué.

Tout en soutenant également que : «la filière «ovins» est mise en danger par la peste des petits ruminants d’autant plus que les vaccins contre cette maladie ne sont pas encore arrivés.» À ce propos, il a affirmé que certains éleveurs s’inquiètent de la propagation de l’épidémie, le fait que leurs bêtes ne sont pas encore vaccinées. Plus que cela il a déploré le retard «inexpliqué» de l’arrivée de ces vaccins contre la peste ovine. Toutefois, il a souligné que ce retard a mis les éleveurs dans le désarroi.

Répondant aux questions qui lui ont été posées, lors du Forum, la même source a notamment rappelé la stratégie de contrôle de la peste des petits ruminants qui doit reposer, selon lui, sur des campagnes de sensibilisation sur cette maladie au profit des éleveurs du bétail pour leur fournir tous les conseils afin d’éviter les risques de propagation de l’épidémie. Et il n’a pas manqué de relever, au cours de son intervention, le rôle des médias dans la sensibilisation sur la maladie.

Le conférencier est revenu ensuite sur les foyers de peste ovine et de la maladie de la fièvre bovine, affirmant, dans ce sens, que 20 wilayas ont été touchées par les deux épidémies s’ajoutant à cela à d’autres maladies touchant le cheptel telle que la gale ovine,… Parallèlement à cela, le S.G de la Fédération nationale des éleveurs (FNE), Mezroua Belkacem a souligné, dans le même ordre d’idées, que c’est la première fois que la peste des petits ruminants a été officiellement reconnue et déclarée en Algérie. Mehdi Isikioune